L'expérience de travail sera au cœur de cette nouvelle réforme du Programme de l'expérience québécoise (PEQ), selon les informations obtenues par Radio-Canada.
À l'automne passé, une première version, présentée par le ministre de l'Immigration Simon Jolin-Barrette, avait été vivement critiquée par les milieux des affaires et éducatifs.
Seuls certains domaines de formation et de travail, inscrits sur une liste qui comprenait de nombreuses incohérences, donnaient alors accès au PEQ, ce qui a provoqué la colère des universités, des cégeps et de représentants du patronat.
À ce jour, le PEQ permet à tous les travailleurs étrangers temporaires et étudiants internationaux diplômés déjà présents dans la province de postuler à ce programme, sans critère de formation ou de domaine de travail. Une connaissance du français est néanmoins indispensable.
Ce programme est très populaire et le nombre de personnes qui en bénéficient est en constante augmentation depuis sa création en 2010. L'an passé, près de 15 000 étudiants et travailleurs étrangers ont par exemple été sélectionnés par le PEQ. Aucun quota, aucune limitation n'existent à ce jour.
Resserrement des critères d'accès
Québec compte désormais restreindre l'accès au PEQ, comme cela avait déjà été mis de l'avant dans un document de consultation publié en février. Dans ce dernier, il est mentionné que la popularité sans cesse croissante du PEQ
a pour effet de réduire
les demandes provenant des autres catégories des travailleurs qualifiés.
Il faut plus que jamais favoriser la venue de travailleuses et de travailleurs dont le profil correspond davantage aux besoins du marché du travail
, est-il écrit.
Pour y parvenir, le gouvernement va demander aux étudiants internationaux d'avoir une expérience de travail dans leur domaine avant de pouvoir postuler au PEQ.
Celle-ci, selon nos informations, pourrait varier de un à deux ans. Deux années d'expérience seraient par exemple nécessaires pour les diplômés d'études professionnelles (DEP). Un an d'expérience serait exigé pour ceux ayant fréquenté une université.
Concernant les travailleurs temporaires, une année d'expérience de travail est actuellement réclamée. Une durée supérieure serait désormais demandée. Celle-ci pourrait grimper jusqu'à trois ans.
Des exclusions et une clause de droits acquis
Tous les travailleurs n'auraient cependant pas accès au PEQ, selon ce qui a été présenté ces dernières semaines par l'équipe du ministre Simon Jolin-Barrette à des représentants du milieu des affaires.
Des exclusions seraient ainsi en vigueur pour les domaines d'emploi les moins qualifiés, soit ceux appartenant aux classes C et D de la Classification nationale des professions. On parle par exemple de barmans, de manutentionnaires, de caissiers ou de travailleurs agricoles.
À l'heure actuelle, d'ailleurs, l'expérience de travail dans les professions de niveau D n'est pas admissible dans le cadre des demandes d'immigration permanente, à travers le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ), visant la catégorie économique.
Selon plusieurs sources, une clause de droits acquis serait également annoncée par Québec. Ainsi, les étudiants et les travailleurs étrangers déjà au Québec ne seront pas visés directement par cette réforme.
Une réforme en analyse
, selon Legault
Le cabinet de Simon Jolin-Barrette n'a pas souhaité confirmer ni infirmer ces différentes informations. Cette réforme sera déposée sous peu
, affirme Marc-André Gosselin, porte-parole du ministre.
Nous avons toujours été clairs sur notre volonté de réformer le système d'immigration pour répondre aux besoins du Québec et du marché du travail
, souligne-t-il, tout en précisant que des consultations
ont eu lieu à ce sujet.
De son côté, le premier ministre Legault a évoqué mardi, en conférence de presse, une réforme qui est encore en analyse
.
Le dossier n'est pas encore arrivé au Conseil des ministres. Il y a plusieurs scénarios qui sont regardés. C'est certain qu'on veut des étudiants étrangers
, a-t-il précisé.