Au lendemain de l'annonce du retrait des troupes américaines de Syrie, et alors que le président envisagerait une réduction du contingent présent en Afghanistan, le chef du Pentagone a remis sa démission, invoquant une divergence de points de vue.
Depuis plusieurs mois, les relations entre le président américain Donald Trump et son secrétaire à la Défense Jim Mattis s'étaient tendues, à mesure que la vision des deux hommes sur la stratégie de la Maison-Blanche s'éloignait. L'annonce le 20 décembre de la démission – effective en février – du chef du Pentagone n'est donc qu'une demi-surprise.
Pour la justifier, Jim Mattis insiste dans son courrier adressé au chef d'Etat sur la nécessité pour les Etats-Unis de «traiter les alliés avec respect». «Alors que les Etats-Unis demeurent la nation indispensable du monde libre, nous ne pouvons pas protéger nos intérêts ni jouer efficacement ce rôle sans maintenir de solides alliances», écrit-il.
Ce faisant, il marque son désaccord avec un président qui a, au cours des derniers mois, pris pour cible un à un les dirigeants des principales puissances occidentales. «Parce que vous avez le droit d'avoir un secrétaire à la Défense dont les points de vue sont mieux alignés sur les vôtres sur ces sujets, entre autres, je pense qu'il est juste que je me retire de mes fonctions», conclut Jim Mattis.
Divergences majeures sur la Syrie... et l'Afghanistan?
S'il n'y fait aucune référence directe, difficile pourtant de ne pas en voir en toile de fond la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines de Syrie, annoncée la veille. Un virage stratégique qui a semé un profond trouble dans les chancelleries occidentales, et qui s'inscrit comme le point culminant des divergences entre le Pentagone et le président sur la question.
Promesse de campagne d'un Donald Trump qui ne veut plus que les Etats-Unis soient le gendarme du Moyen-orient, le désengagement américain de la région s'était jusqu'à présent heurté à de fortes résistances au sein de son administration, en particulier en provenance du Pentagone.
Mais le chef d'Etat semble cette fois-ci bien décidé à aller au bout de son idée, quoi qu'il en coûte. Selon l'agence de presse Reuters, il aurait même sérieusement envisagé une réduction considérable du contingent américain en Afghanistan, lors d'une réunion à laquelle participait Jim Mattis, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo et le conseiller présidentiel à la Sécurité nationale John Bolton, le 19 décembre. «Que faisons-nous là-bas ? Nous y sommes depuis tant d'années», aurait-il déclaré, laissant présager de ses intentions.
Une prise de position forte, qui s'oppose frontalement à l'avis de ses plus proches conseillers, rapporte la chaîne d'information ABC. Il y a un peu plus d'un an, en août 2017, le chef du Pentagone avait en effet acté l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, où les Etats-Unis sont engagés depuis 17 ans.
Quelques heures après cette réunion, l'ancien commandant des Marines Jim «Mad dog» Mattis, a donc remis sa démission au président, citant des divergences de points de vue.
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