Estomaqué!
Le 15 novembre 2014, le rapport 307 du BAPE, intitulé Les enjeux liés à l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste dans le shale d'Utica des basses-terres du Saint-Laurent, a été rendu public. Ce document expose essentiellement ce que les groupes de citoyens expriment depuis cinq ans. À la page 397, la conclusion est limpide: «... la commission d'enquête est d'avis qu'il n'est pas démontré que l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste dans les basses-terres du Saint-Laurent avec la technique de fracturation hydraulique serait avantageuse pour le Québec.» [1] Parmi la minorité de personnes qui ne sont pas d'accord, se trouve M. Raymond Savoie, pdg de Gastem, qui se dit «estomaqué». [2]
Dans la région maskoutaine, nous connaissons bien M. Savoie, puisque sa compagnie possède les claims pour les puits de Saint-Louis, Saint-Thomas, Saint-Barnabé-Sud et La Présentation. En septembre 2010, ses confrères de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) avaient organisé trois conférences pour «informer» la population; c'était plutôt pour proclamer la conquête triomphante du Québec par la fracturation hydraulique. Le 28 septembre, à Saint-Hyacinthe, la confrontation avec les conquis est devenue houleuse; M. Savoie a sans doute été «estomaqué» de réaliser que les citoyens proclamaient, à leur façon, le slogan libéral «maîtres chez nous».
En 2007, Gastem et son partenaire, Canadian Forest Oil, ont débarqué à Saint-Louis; ils ont fait leurs travaux en plein milieu du village. Au début, les citoyens croyaient même que le terrassement préliminaire était pour un développement domiciliaire. L'année suivante, c'était le deuxième forage et la fracturation. Pendant 93 jours, les Saint-Louisiens ont subi le bruit, les poussières et les odeurs des opérations de Gastem qui se déroulaient à une centaine de mètres de leurs patios. Et aujourd'hui, M. Savoie est «estomaqué» que cette approche de bully soit décriée!
Il y a plusieurs façons pour Gastem de montrer son non-respect des Québécois. Son site Internet [3] est entièrement en anglais. Pourtant, c'est Robert Bourassa qui a déclaré que le français était notre langue officielle. Et cet ancien membre de son cabinet est «estomaqué» parce que les Québécois refusent son speak white implicite!
Et puis, les activités des sous-traitants de compagnies gazières n'ont pas toujours été exemplaires. En mai 2010, un énorme glissement de terrain a enseveli quatre personnes à Saint-Jude. [4] La firme Séismotion a demandé de faire un «programme de recherche sismique», mais jamais au grand jamais il n'a été question de dynamitage. [5] Pourtant, à peine deux mois après la tragédie, ces messieurs faisaient sauter des charges explosives dans un boisé à environ 1 km du glissement de terrain. Ce dynamitage a-t-il mis en péril la santé et la sécurité des habitants de Saint-Jude? En tout cas, les citoyens n'ont pas apprécié sentir la terre trembler sous leurs pieds une autre fois. En agissant de la sorte, M. Savoie peut-il être «estomaqué» que son industrie soit perçue comme un envahisseur?
L'industrie gazière a débarqué au Québec comme un conquistador venu s'accaparer les ressources du pays sans égard pour la population. La poursuite de 1,5 million de dollars de Gastem contre la mini- municipalité de Ristigouche-Sud-Est est un autre exemple d'un comportement inacceptable.
En agissant comme des conquérants du 16e siècle, les gazières ont heurté de front le gros bon sens. La population dit «non» à l'idée des profits pour l'industrie alors qu'elle héritera uniquement des coûts et des dégâts; le BAPE confirme cette notion. La conclusion des audiences donne un «traitement
équitable» de la réalité scientifique, économique et sociale. Alors M. Savoie, pourquoi en être «estomaqué»?
Gérard Montpetit
La Présentation, Qc Le 22 décembre 2014
[1] http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/rapports/publications/bape307.pdf
[2] https://www.rvhq.ca/multimedia/audio/2014-12-15_radio-canada_radio-journal-17h00.mp3 [3] www.gastem.ca
[4] Pour toute information à ce sujet, veuillez communiquer avec la municipalité de Saint-Jude. [5] Pour toute information à ce sujet, veuillez communiquer avec la municipalité de Saint-Jude.
À la recherche du gaz de schiste
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1 commentaire
L'engagé Répondre
23 décembre 2014Et toc!
Un excellent texte!