Cinq ans après l’avoir quittée, Eric Zemmour va retrouver l’antenne de CNews, qui a succédé à iTélé, lundi 14 octobre. Le polémiste participera à une nouvelle émission de débat de la chaîne d’informations, comme l’a confirmé le groupe Canal+ jeudi 10 octobre. « Face à l’info » est programmée de 19 heures à 20 heures du lundi au jeudi.
Eric Zemmour débattra de l’actualité pendant trente minutes au côté des journalistes Eric Revel, Eric de Riedmatten et Marc Menant, sur le plateau de Christine Kelly, ex-membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel. La deuxième partie de l’émission sera consacrée à un duel opposant M. Zemmour à un contradicteur.
Visiblement, la chaîne a du mal à recruter des participants, alors que la polémique née du discours tenu par l’essayiste lors de la convention de la droite, le 28 septembre, est encore fraîche. « J’ai souvent débattu avec Eric Zemmour mais j’ai considéré qu’après ce discours de guerre civile, ce n’était plus possible », indique le directeur de la rédaction de Libération, Laurent Joffrin, démarché par CNews. A ce stade, la nouvelle star de l’antenne elle-même ne sait pas à qui elle fera face.
Jeudi 10 octobre, la rédaction de la chaîne a exprimé son inquiétude et a fait savoir au directeur de l’information délégué, Thomas Bauder, qu’elle attendait des garanties quant à ce retour. « Nous n’offrons pas une tribune sans filtre ni même un créneau d’expression libre », a assuré en fin de journée à l’AFP Gérald-Brice Viret, directeur général des antennes du groupe Canal+. « Nous avons obtenu des garanties de la part de M. Zemmour, notamment sur le fait qu’il n’est pas là avec un calendrier politique. S’il est candidat, Serge Nedjar [patron de la chaîne] aura à tout moment la possibilité de le suspendre de l’antenne », indique-t-il.
Le mal-être est prégnant dans la rédaction de CNews, qui demande plus de moyens depuis 2016, année d’une grève sans précédent qui a entraîné de très nombreux départs. « La rédaction craint pour la crédibilité de la chaîne », explique Sébastien Cochelin, chef-monteur au groupe Canal+ et délégué syndical CFDT.
Serge Nedjar souhaite faire revenir l’essayiste depuis juin, afin de faire remonter l’audience qui était de 0,7 % en septembre, contre 0,9 % pour LCI et 2 % pour BFM-TV, selon Médiamétrie.
Même si M. Zemmour assurait de bonnes audiences, cela pourrait être un coup d’épée dans l’eau pour CNews. Gros annonceurs du petit écran, Ferrero, la MAIF, Groupama et Monabanq assurent avoir retiré leurs campagnes des émissions auxquelles participe M. Zemmour. « Il n’est pas ici question de censure, d’atteinte à la liberté d’expression, encore moins de chantage ou de politique mais bien d’alignement entre nos discours et nos actes », précise la MAIF.