En naviguant sur la toile, je suis arrivé sur l’assertion selon laquelle la loi oblige chaque école à avoir un plan d’action pour prévenir et combattre l’intimidation et la violence. Ce plan doit entre autres indiquer comment prévenir l’intimidation, dénoncer les cas d’intimidation, assurer la confidentialité des plaintes et des renseignements, agir lorsqu’un cas est signalé par un élève, un professeur, un ami et soutenir les élèves qui vivent une situation d’intimidation, en tant que victime ou témoin. Le plan de lutte contre la violence et l’intimidation doit aussi prévoir des conséquences pour les élèves qui posent ce type de gestes, des sanctions qui peuvent aller des retenues aux lettres d’excuses à la suspension, voire à l’expulsion de l’école.
Mais que se cache-t-il sous ce pavé de bonnes intentions? Quelle est la réalité eu égard à la violence et l’intimidation à l’école? À ce sujet, les statistiques sont alarmantes: parmi les élèves de 4e , 5e et 6e année du primaire, 44 % disent avoir été victimes au moins une fois au cours de l'année scolaire d'insultes, 29 % de menaces, et 20 % de violence physique. Chez les élèves du secondaire, 50% d’entre eux déclarent avoir été la cible d’insultes, 31% de menaces, 33% de vols et 16% de violence physique. Au Canada, 7,4 % des adolescents âgés de 14 à 15 ans ont sérieusement pensé à se suicider et 3,3 % ont tenté de passer à l’acte selon une étude parue dans le Canadian Medical Association Journal en 2014.
Un phénomène pernicieux
La violence à l’école, notamment l’intimidation et le harcèlement, est devenue un phénomène pernicieux auquel bon nombre de victimes sont confrontées quotidiennement. Nous assistons à un afflux d’insultes qui s’adressent souvent à des particularités physiques ou psychologiques et qui envahissent le cerveau de la victime de pensées négatives, pouvant même parfois susciter chez elle des pensées suicidaires, voire une tentative de suicide. De surcroît, depuis quelques années, nous sommes témoins de phénomènes d’une violence inouïe autant à l’intérieur qu’à l’extérieur des murs de l’école qui revêtent des allures de combats de gladiateurs monstrueux, voire sanguinaires.
Pas besoin d’être devin pour affirmer que la violence engendre la violence. Tant et aussi longtemps que ce comportement hargneux s’infiltrera perfidement dans les mœurs de la société, nous assisterons à l’émergence croissante de ce fléau qui gangrène le milieu scolaire en particulier et la société civile en général.
Or l’école qui, en théorie, devrait être un «milieu de vie» où s’épanouissent les jeunes, se retrouve bien malgré elle plongée dans le prolongement de la famille et de la société de consommation excessive de violence physique et psychologique sous le couvercle du harcèlement.
Influence des médias sociaux
Chez les jeunes, il ne fait aucun doute dans mon esprit que la dépendance aux médias sociaux, axés en grande partie sur la violence perverse et destructrice autour d’un personnage invincible faisant foi de héros, s’est ancrée pernicieusement au plus profond de leur inconscient. La violence dans les médias sociaux, auxquels sont dépendants la grande majorité des jeunes, est omniprésente. De facto, le respect envers autrui est devenu une valeur désuète et, par ricochet, le civisme a pris la même direction. Dans cette optique, les parents, en tant que premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, sont imputables du temps alloué aux médias sociaux et, par conséquent, dans l’obligation de limiter le temps d’exposition de leur(s) enfant(s) aux médias sociaux. De leur côté, les dirigeants d’école se doivent d’être cohérents avec leur plan d’action pour prévenir et combattre l’intimidation et la violence, et faire preuve de rigueur envers les élèves violents à défaut de quoi le chaos de violence s’infiltrera dans leur école de façon systémique.
Toutefois, une lueur d’espoir se pointe à l’horizon, à savoir l’arrivée sur les bancs d’école du cours Culture et citoyenneté québécoise qui abordera, entre autres, un volet sur l’utilisation des médias sociaux, une initiative que je salue avec enthousiasme dans l’espoir d’assister à un éveil de la notion de respect qui manque lamentablement à notre société dite «moderne».
Henri Marineau, ex-directeur d’école au secondaire, Québec
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