Pédagogie

Enseigner le français : un défi passionnant

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Tribune libre

Ne plus « prêcher dans le désert »


De nos jours, les enseignants sont confrontés à toutes sortes de situations qu’exige la société moderne. Bien sûr, comme toujours, ils doivent s’assurer que les contenus du programme sont bien assimilés et ce, tout en favorisant un climat propice à l’apprentissage. Par ailleurs, les grands changements sociaux des dernières décennies, tels l’éclatement des familles, les nouvelles approches pédagogiques ou les plus récentes technologies de l’information, ont suscité, chez les jeunes, toute une panoplie de comportements méconnus auparavant. Et comme si ce n’était pas suffisant, toutes ces nouvelles réalités ont eu pour effet, entre autres, de créer toute une génération de jeunes dont on arrive difficilement à capter l’attention, l’enseignement du français n’y échappant pas.


Voilà pourquoi tout au cours de mes années d’enseignement en français au secondaire, j’ai été amené à modifier plusieurs de mes stratégies pédagogiques, particulièrement lorsque j’ai constaté, avec le temps, que je «prêchais de plus en plus fréquemment dans le désert», tout en étant conscient que toute forme d’apprentissage nécessitait tout au moins un minimum d’attention et de concentration.


Importance du « pourquoi » comme bougie d’allumage


Mes expériences en ce sens m’ont conduit à développer des stratégies orientées sur la «compréhension» des phénomènes liés à la langue et à la «pertinence» des notions enseignées. C’est ainsi que le «pourquoi» est devenu petit à petit la pierre angulaire de ma démarche auprès de mes élèves et, progressivement, j’ai senti que leur attention s’éveillait dans la mesure où ils comprenaient les raisons qui justifiaient tel phénomène linguistique et son à-propos dans leur vie courante. En effet aucun jeune, même de nos jours, ne peut nier l’importance d’être clair dans sa façon de communiquer avec son voisin. Alors pourquoi ne pas le doter des outils qui lui permettront d’atteindre cette clarté dans sa communication?


À cet effet, si l’enfant ou l’adolescent a la chance d’avoir à ses côtés, un père ou une mère qui lui fait remarquer toute la beauté du vol ou du chant de l’oiseau, il aura tôt fait de s’en émerveiller. De même, si l’élève a la chance de côtoyer un professeur qui lui fait comprendre toutes les subtilités de sa langue, entre autres les rapports que les mots exercent entre eux, il aura tôt fait d’en découvrir toute la dynamique qui anime sa langue maternelle mais surtout, toute l’importance de nuancer son message, et ainsi de le rendre plus clair et précis aux oreilles de son interlocuteur.


Le français, au-delà d’une discipline scolaire


Enseigné dans cette perspective, le français déborde largement le cadre d’une discipline scolaire puisqu’il s’incarne dans la vie quotidienne du jeune. Les «Tu vois ben c’que j’veux dire!», devant le regard perplexe de l’enseignant, s’estompent petit à petit pour faire place à un échange beaucoup plus signifiant. «Oui mais, on n’écrit presque plus aujourd’hui, monsieur!» Bizarre de réflexion! Pourtant, que ce soit par «email» ou par «Facebook» ou par « messenger », le clavier est présent, chaque touche représentant un signe, et c’est encore le doigt de l’utilisateur, commandé par son cerveau, qui se pose sur telle touche pour coder avec précision son message.


Alors, où est la véritable différence avec le traditionnel crayon? Bien sûr, me direz-vous, il existe maintenant des traitements de textes correcteurs. Parlons-en! Il m’est arrivé de simuler volontairement des erreurs sur mon ordinateur qui, souvent ne les a pas détectées. En conséquence, il faudrait peut-être avoir la lucidité d’admettre que ces super-machines sont conçues par des cerveaux humains sûrement plus sophistiqués que ces bidules électroniques.


En bref, n’est-ce pas passionnant de participer à l’ouverture du jeune aux possibilités infinies de son cerveau tout en l’éveillant aux subtilités de sa langue maternelle qui lui permettra de communiquer clairement avec ses camarades et plus tard, avec ses confrères de travail?


Henri Marineau, Québec


 


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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