Depuis la Révolution tranquille, on entend que nos ancêtres étaient arriérés, superstitieux, racistes ou xénophobes. Ce discours typique du libéralisme sert à démoniser le nationalisme et à justifier le libéralisme mondialiste. Mais qu’en est-il vraiment?
Le libéralisme est-il un progrès sur l’ordre traditionnel de nos ancêtres ou bien la trahison de leur héritage?
L’ordre ancien
L’ordre ancien nous vient du Moyen Âge. Comme le décrit Thierry Meyssan :
Au Moyen-Âge, le continent européen formait une seule nation, la chrétienté. Avec la séparation des protestants et des catholiques, et les guerres qui s’en suivirent, on distingua des nations protestantes et des nations catholiques selon le principe « À chaque région, sa religion » (Cujus regio, ejus religio). Puis, progressivement, l’État se substitua à la religion comme caractère commun cimentant le Peuple, rendant possible la liberté religieuse au sein d’une même nation.
Au début l’Église établissait la loi commune de laquelle les rois tiraient leur légitimité. Nos ancêtres acceptaient cette double autorité comme légitime. Cette période de l’histoire du Québec est décrite par Jean-Claude Dupuis dans Le Siècle de Mgr Bourget 1 Étaient-ils arriérés et superstitieux, ou racistes et xénophobes comme on veut nous le faire croire? D’abord la religion répondait à un besoin spirituel : l’obligation de la vertu. Puis la question de la foi ne se posait pas comme une question à valider par les moyens naturels de la connaissance mais un acte d’abandon et d’amour envers l’idéal prescrit par l’autorité religieuse.
Cette pratique stimulait nos ancêtres à donner le meilleur d’eux-mêmes. Ainsi engagés dans un projet collectif emballant, nos ancêtres se sont illustrés par leur héroïsme, leur générosité et leurs réalisations impressionnantes. On peut comparer leur engagement à celui d’une équipe, d’une armée ou d’un peuple poursuivant un objectif commun: dans ce cas, bâtir un monde meilleur.
Que le culte soit le résultat d’un mythe ou non n’est pas la question. Le recours au mythe s’explique par le besoin de rendre accessible un idéal abstrait. Si on les juge par leurs fruits, nos ancêtres ont accompli des exploits héroïques en assurant notre survie et notre développement malgré la Conquête.
Le libéralisme
Le libéralisme est le résultat des révolutions qui ont commencé en Angleterre au XVIIe siècle.
Ces révolutions, accompagnées (pour nombre d’entre elles) de conquêtes territoriales, ont toutes comme point commun l’extermination systématique des masses (la Terreur) comme moyen de domination idéologique. Le but ayant été de bâtir les institutions de la modernité sur les ruines des traditionnelles. (Youssef Indi, La-matrice-du-terrorisme).
Le libéralisme est donc un prétexte utilisé par les puritains fanatiques dirigés par Cromwell pour renverser l’ordre établi de la Chrétienté. Ce libéralisme avait pour but de favoriser la classe marchande anglaise puis éventuellement la classe capitaliste anglo-sioniste et transnationale au détriment de la majorité.
Au départ, le parti tory du parlement anglais désignait la faction favorable au pouvoir traditionnel alors que les whigs étaient les champions du libéralisme. Après le triomphe du libéralisme, les termes ont évolué et les tories ou conservateurs sont devenus le parti du pouvoir établi (habituellement à la droite de l’orateur au Parlement) et les whigs, libéraux ou travaillistes un parti plus réformiste (la gauche) mais peu susceptible de contester l’ordre établi.
Derrière cette belle façade de démocratie libérale, le peuple comme majorité est le plus souvent ignoré. Mais il arrive que cette majorité élise un représentant populiste comme Trump qui menace l’ordre établi. C’est alors que l’État profond se déchaîne contre lui. Ce qui risque d’arriver c’est l’effondrement de l’économie américaine et son imputation à Trump lui-même.
Alors que le libéralisme nous prépare la prochaine catastrophe auto-infligée, on peut se demander en quoi ce régime est démocratique. Ou bien nous sommes des inconscients courant à notre perte et des criminels complices des guerres de l’OTAN ou bien nous ne sommes pas libres.
Mais la cause réelle du désastre c’est que le libéralisme a ruiné la société par la corruption et que l’ordre mondial est condamné à brève échéance. L’oligarchie capitaliste tentera d’asservir davantage les masses appauvries.
La comparaison
Jean-Claude Dupuis (p. 460) compare donc le Canadien-français traditionnel et le Québécois adapté au libéralisme comme suit :
Valeurs | Canadiens français | Québécois |
---|---|---|
Religion | Église romaine | Chartes des droits et libertés |
Idéologie dominante | Catholicisme | Libéralisme |
Rapport Église-État | État catholique | État laïque |
Origine ethnique | Française (nord-ouest) | Diverses |
Langue française | Idiome maternel | Idiome commun |
Territoire | Amérique française | État du Québec |
Mère-Patrie | France monarchique | France républicaine |
Culture | Classicisme | Modernisme |
Société | Communautarisme | Individualisme |
Tournure d’esprit | Traditionalisme | Progressisme |
Mission | Évangéliser l’Amérique | Défendre la social- démocratie |
Autorité morale | Pape | ONU |
Rapport aux autres | Anglophobie | Xénophilie |
Identification
| Nationalisme et régionalisme | Citoyen du Monde |
On pourrait ajouter que nos ancêtres faisaient tout avec rien alors que nous ne faisons rien avec tout : ils savaient créer, et nous savons consommer. Bientôt nous devrons réapprendre d’eux. Ils chérissaient leur honneur et leur liberté, nous préférons le gain et la facilité. Ils s’accomplissaient par le don alors que nous préférons l’accaparement : c’est pourtant une règle élémentaire que l’adulte est le premier responsable de son bonheur et qu’il le crée par le don. À cela il faut ajouter toutes ces habiletés humaines qui se sont perdues au fil du temps. Le libéralisme nous a libérés de nos principes et nous abrutit pour mieux nous asservir.
Qu’est-ce qu’on peut y faire
Selon Jean-claude Dupuis (op cit. p. 469), citant L’appel de la race du chanoine Groulx, il faut retrouver nos racines canadiennes-françaises :
Après sa « conversion », Lantagnac deviendra l’archétype de « l’homme canadien-français », pétri de foi catholique, de culture classique, d’esprit latin et d’une certaine noblesse d’Ancien Régime. Les Québécois d’aujourd’hui doivent entreprendre une pareille recherche identitaire pour retrouver le Canadien français qui sommeille en eux. Commençons par le faire sur le plan individuel. Nous le ferons ensuite sur le plan collectif.
Cette démarche est tout indiquée. Il faut toutefois comprendre la foi comme l’adhésion à un idéal plutôt qu’un mythe à élever en dogme. L’autorité de l’Église (op cit. pp. 83-84) peut difficilement être rétablie maintenant qu’elle s’est compromise en faveur du libéralisme (Concile Vatican II) et que le principe de laïcité est généralement admis. Par contre le règne du matérialisme nous mène à la ruine, puisque si la seule finalité est l’ambition de possession et de domination, la minorité privilégiée pourrait utiliser tous les moyens pour y arriver et sinon faire sauter la planète.
Face à l’avenir auquel nous condamne le libéralisme, la révolte des gilets jaunes est justifiée et la France est un exemple pour tous les peuples. Mais encore faut-il reconnaître notre part de responsabilité dans la crise actuelle, cesser de cautionner le libéralisme dans nos actes quitte à s’abstenir de voter, et adopter des valeurs plus élevées.
Conclusion
La culture chrétienne de nos ancêtres incarne un idéal vertueux comme projet de société. Cet idéal les a poussés à relever les défis de leur époque avec courage et héroïsme. Nous sommes les héritiers de ce projet qu’ils ont porté avec succès.
Le libéralisme est le prétexte utilisé par les classes marchandes anglo-saxonnes pour renverser l’ordre de la chrétienté en leur faveur. Ce régime a pour but l’enrichissement de la minorité dominante au détriment de la majorité. Les fruits de ce système sont la corruption généralisée, la ruine, la guerre, l’abrutissement et l’asservissement des masses.
On peut dire que le libéralisme nous a aliénés de notre culture d’origine. Ce système n’est ni à gauche, ni à droite mais dans le champ.
La solution est donc de retrouver nos valeurs d’origine pour éviter le dépérissement auquel nous condamne les valeurs matérialistes du libéralisme. La révolte contre les classes dirigeantes n’est pas suffisante s’il n’y a pas de renouvellement des valeurs.
1Jean-Claude Dupuis, Ph.D., Le siècle de Mgr Bourget, Recueil d’essais sur l’histoire politico-religieuse du Québec, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis, Québec, 2016, 492 pages.
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