Un article de la loi Avia, contre la « cyber-haine », a été voté à l’Assemblée nationale. Il obligerait les annonceurs à publier une liste des sites sur lesquels leurs annonces apparaissent.
Au micro de Boulevard Voltaire, Emmanuelle Ménard dénonce une atteinte grave à la liberté d’expression.
Les Sleepping Giants revendiquent cet amendement comme le leur. Ils ont dit : « C’est l’amendement des Sleeping Giants qui a été voté. » Qu’est-ce qui a été exactement voté, à l’Assemblée ?
Il a été voté que les annonceurs allaient devoir publier la liste des sites sur lesquels ils publient des annonces publicitaires, notamment lorsque ces sites sont qualifiés de haineux. Voilà pourquoi les Sleeping Giants revendiquent cet article comme étant le leur.
C’est un amendement du gouvernement qui a été voté. C’est donc une initiative qui vient directement du gouvernement et non d’un député. Il a été soutenu par un ou deux députés dans l’Hémicycle. Je me suis, évidemment battue, contre cet amendement.
L’argument de Mme Avia et du gouvernement est de dire « C’est pour combattre les sites nazis ». C’est juste n’importe quoi. C’est pour cela que, dans l’Hémicycle, je me suis permis de leur expliquer que les Sleeping Giants se sont attaqués à Boulevard Voltaire, Valeurs actuelles et CNews pour l’émission d’Éric Zemmour.
Je leur ai dit une chose toute simple, sauf que personne ne m’a répondu sur ce point. Si Boulevard Voltaire, Valeurs actuelles et CNews sont des sites ou des médias qui prônent la haine, alors il faut les interdire. C’est extrêmement hypocrite. Si ce n’est pas le cas et si on ne fait rien pour les interdire, alors ne soyons pas hypocrites. Les Sleeping Giants, qui sont peut-être des groupuscules d’extrême gauche, n’ont comme seul but que de museler les médias ou les sites qui n’ont pas les mêmes opinions qu’eux. Cela s’appelle « museler la liberté d’expression et la liberté d’opinion en France ». Il n’y a rien d’autre à dire.
Qu’est-ce qu’un propos haineux ?
Si vous l’avez compris, vous m’expliquerez. Il y a des propos qui sont manifestement haineux, tout le monde peut voir à quoi on fait référence. Il y a tout un tas de propos qui sont dans une zone grise, c’est-à-dire tout ce qui fait appel à l’humour, à la dérision et au second degré.
Dans l’Hémicycle, Mme Avia a pris des exemples qui n’ont choqué personne sauf moi. Je ne comprends pas pourquoi…
Effectivement, il y a des choses qu’on a le droit de dire, qui sont peut-être stupides et complètement imbéciles, mais qu’on a le droit de dire. Par rapport aux exemples qu’elle a pris, je lui ai dit : « Je vous mets au défi de faire condamner la personne qui tiendra ce propos-là par la Justice française, et encore moins par la Cour européenne des droits de l’homme. » Je me suis permis de lui rappeler la jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l’homme. S’agissant de la liberté d’expression, on ne peut pas. La liberté d’expression s’applique à des propos qui sont communément admis. Mais elle s’applique aussi à des propos qui sont considérés comme choquants. Tant qu’il n’y a pas d’appel à la violence, on peut tenir des propos qui sont considérés comme choquants. Cela fait partie de la liberté d’expression. On a le droit de ne pas être d’accord et d’avoir des opinions divergentes. Cette loi Avia qui est contre les propos haineux est en train de circonscrire la liberté d’expression, la garrotter et la museler. En France, la liberté d’expression et la liberté d’opinion deviennent vraiment portion congrue. On a déjà eu la loi sur les « fake news ». Et maintenant, on a la loi sur les propos haineux. Sincèrement, deux lois en moins d’un an pour museler la liberté d’expression, c’est extrêmement inquiétant !