Après avoir crié sur les toits que son gouvernement voyait d’un très bon oeil la production d’importants surplus d’électricité, la première ministre Pauline Marois récolte aujourd’hui les fruits de sa naïveté : alumineries en tête, tous les grands consommateurs d’énergie sont sur la ligne de départ pour la course aux baisses de tarifs. Chaud devant, la facture sera salée !
La lettre qu’Alcoa a fait parvenir à Hydro-Québec l’avisant qu’elle mettrait fin à son approvisionnement en électricité si on lui retire la formule de partage de risques avantageuse dont elle bénéficie depuis trente ans, a suscité des réactions qui vont de l’hypocrisie de la part de l’opposition à la peur légitime de perdre son emploi chez les travailleurs.
Il fallait entendre la députée libérale Julie Boulet et son collègue Jean-Guy Fournier critiquer le gouvernement alors que ce sont les ententes signées par leur propre gouvernement qu’Alcoa est en train de déchirer.
En 2008, le gouvernement Charest avait accordé le tarif L de grande puissance aux usines Alcoa pour 25 ans s’étendant de 2015 à 2040. En échange, la multinationale s’engageait à moderniser son usine de Baie-Comeau dès 2013 et à démanteler ses vieilles cuves Söderberg en 2015.
Aujourd’hui, plus rien ne tient. Non seulement Alcoa a-t-elle reporté la modernisation d’au moins trois ans et devancé de deux ans le démantèlement de ses vieilles cuves, privant la région de 500 emplois, mais elle ne veut plus rien savoir du tarif L qu’elle s’était engagée à payer. Elle exige plutôt le maintien de l’ancienne formule de partage de risques qui a déjà coûté des milliards aux contribuables.
Il est évident qu’il faut tout faire pour garder les alumineries chez nous. Tout faire, mais pas à n’importe quel prix ! Si le partage de risques est maintenu, il doit comporter une clause de récupération accélérée en période de remontée des cours de l’aluminium pour que les Québécois, à l’instar des actionnaires, en tirent aussi quelques profits. De plus, les alumineries doivent offrir de meilleures garanties au chapitre de l’emploi et de l’investissement.
Bien sûr, la conjoncture mondiale explique la situation difficile dans laquelle se trouvent les alumineries depuis 2009. Mais il y a aussi nos propres gouvernements qui ont très mal manoeuvré. En planifiant bêtement d’énormes surplus d’électricité sous prétexte qu’il s’agissait d’un bon moyen pour attirer des investisseurs, libéraux et péquistes auraient dû prévoir un renversement du rapport de force à l’avantage des grands consommateurs déjà présents au Québec. Des papetières aux alumineries, en passant par l’industrie minière, celles du ski et de la tomate en serre, toutes font désormais la queue pour arracher les réductions de tarifs qui accompagnent généralement tout excédent de l’offre sur la demande.
Puis, voilà que le gouvernement Marois en rajoute avec une Politique économique qui comporte un important volet déficitaire pour l’électrification des transports et un bar ouvert à prix inférieur au tarif L pour les gros consommateurs étrangers intéressés par le Québec.
Compte tenu des coûts de production beaucoup plus élevés de l’éolien, des petites centrales et des plus récents ouvrages, ce sont des milliards en manque à gagner qui devront être récupérés par des augmentations de tarifs pour les petits consommateurs si le gouvernement Marois ne corrige pas le tir. À moins, bien sûr, qu’il renonce aux dividendes d’Hydro-Québec ?
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