Du Québec au Kosovo

L’ostracisme du Canada à l’endroit du Québec est pourtant une donnée flagrante. Ce qui ne l’est pas moins, c’est que la capitulation du Québec devant Ottawa apparaît sur la place publique comme un geste démocratique...

Tribune libre 2008


Je ne veux pas me prononcer sur la question de l’accession du Kosovo à l’indépendance. C’est un problème extrêmement complexe qui plonge ses racines très loin dans l’histoire.
Mais ce que je ne peux supporter dans les discussions qui se font autour du problème du Kosovo, c’est quand on nous dit qu’ici ce n’est pas pareil. Ici on est en démocratie. Et c’est ainsi qu’on banalise, que l’on nie, dans l’inconscience ou l’hypocrisie, l’ostracisme du Canada anglais à l’endroit du Québec. On n’a qu’à repasser l’histoire. L’Acte d’Union nous a été imposé de façon antidémocratique, dans le mépris le plus total. On n’a pas consulté le Québec lors de l’établissement de la Confédération en 1867. Le Rapatriement unilatéral de la Constitution s’est fait malgré l’opposition unanime de l’Assemblée nationale. Lors de Meech, Bourassa avait promis que si les propositions du Québec n’étaient pas acceptées, il tiendrait un référendum sur l’indépendance. On sait ce qui arriva. Et il faudrait parler des Commandites, du vol du référendum de 1995...
Le Canada est un pays démocratique, paraît-il. Ce n’est pas comme au Kosovo. C’est ce que disait récemment sur le petit écran un expert en sciences politiques interviewé par une journaliste.
L’ostracisme du Canada à l’endroit du Québec est pourtant une donnée flagrante. Ce qui ne l’est pas moins, c’est que la capitulation du Québec devant Ottawa apparaît sur la place publique comme un geste démocratique...
Paul-Émile Roy


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