Dernièrement, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a présenté aux médias les sept priorités qu’il entend mettre de l’avant : former plus rapidement des enseignants, valoriser la formation professionnelle, améliorer l’enseignement du français écrit, procurer du renfort en classe, un réseau scolaire plus efficace, des programmes particuliers dans toutes les écoles, rénover et construire des nouvelles écoles. Un programme ambitieux auquel on ne peut qu’applaudir.
Aujourd’hui, le ministre présente son projet de loi sur la réforme en éducation qui permettrait au ministre de nommer les dirigeants des centres scolaires, qui auront des mandats de cinq ans renouvelables, mais également d'annuler leurs décisions si elles ne respectent pas les objectifs et orientations du gouvernement. Des changements majeurs, notamment sur la nomination des directeurs régionaux des centres scolaires et le pouvoir octroyé au ministre de révoquer une de leurs décisions.
En termes clairs, une gestion centralisatrice entre les mains du ministre qui possède, à toutes fins pratiques, tous les pouvoirs. L’avantage? Tous les centres scolaires vont ramer dans le même direction. Toutefois, pour que les marins puissent suivre les priorités du capitaine, encore faut-il qu’ils se sentent des membres à part entière de l’équipage. Sera-ce le cas sur le bateau de Drainville ou ne seront-ils que de simples exécutants?
C’est Saint-Exupéry qui disait : « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose... Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le coeur de tes hommes et femmes le désir de la mer. » Bernard Drainville arrivera-il à créer « dans le coeur » des enseignants le désir d’enseigner?…
Où en est le débat sur la place publique au Québec?
Lors de la dernière émission de la saison du Monde à l’envers le 28 avril, on apprenait que, selon un sondage non-scientifique, les Québécois pensent que nous ne savons pas débattre dans une très large proportion.
Je dois avouer que ma première réaction est loin d’avoir été une surprise. À cet effet, partons de deux microcosmes fort bien bien connus, soit l’Assemblée nationale et les médias sociaux, Transportons-nous à la période de questions au Salon bleu. Partant d’une question d’un député à un autre, suivons sa trajectoire. Très rapidement, elle va dévier sur la personne qui a posé la question pour finalement aboutir à une question sans réponse. Le débat d’origine se transforme en attaque personnelle à tel point que la question d’origine a rejoint la nuée des temps.
Allons maintenant du côté des médias sociaux. Très rapidement là aussi, nous aboutirons à une conclusion du type « cette personne pense comme ça, donc elle est conne ».Comme l’idée de la personne qui l’exprime ne correspond pas à celle de son vis-à-vis, celle qui a posé la question est automatiquement substituée à son idée.
Dans ces deux cas, on est à mille lieues du débat qui présuppose que chacun des interlocuteurs doit respecter la position de l’autre même s’il ne la partage pas. Débattre, c’est aussi et surtout s’en tenir au sujet du débat et éviter de le personnifier. Débattre, c’est reconnaître le droit à son interlocuteur d’exprimer sa position sans l’interrompre continuellement.
Je ne prétends pas, dans ce texte, qu’il n’y a aucune tribune sur la place publique au Québec où le véritable débat est possible. Toutefois, force est de constater que quelques tribunes, comme certaines stations radiophoniques, par exemple, ont du chemin à parcourir avant d’en arriver à engendrer un véritable débat avec leurs auditeurs!
Henri Marineau, Québec
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