(Romans-sur-Isère) Un réfugié soudanais en France a tué samedi deux personnes et en a blessé cinq dans une attaque au couteau perpétrée à Romans-sur-Isère, dans le Sud-Est de la France, avant d’être arrêté pour « assassinats en relation avec une entreprise terroriste ».
« Ce matin, un homme a engagé un parcours terroriste, tuant deux personnes et en blessant cinq autres », a déclaré sur place le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
En début de soirée, la justice, par la voix du parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé ouvrir une enquête pour « assassinats en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».
Les premiers éléments de l’enquête sur l’auteur de l’attaque, un homme d’origine soudanaise né en 1987, « ont mis en évidence un parcours meurtrier déterminé de nature à troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur », selon le PNAT.
Lors d’une perquisition à son domicile ont été retrouvés « des documents manuscrits à connotation religieuse dans lesquels l’auteur des lignes se plaint notamment de vivre dans un pays de mécréants », ajoute la même source.
L’auteur présumé s’appelle Abdallah A. -O., d’après le PNAT. Il a obtenu le statut de réfugié le 29 juin 2017 et un titre de séjour de dix ans en juillet de la même année. Il est inconnu des services de police ou de renseignement français ou européens.
Interpellé vers 11 h, l’auteur présumé a attaqué plusieurs personnes à coups de couteau dans des commerces du centre de la petite ville.
Il a été interpellé sans résistance juste après les faits, peu après 11 h. Selon des témoins cités par une radio locale, il aurait crié « Allah Akbar » en se précipitant sur ses victimes.
Il a demandé aux policiers qui l’ont interpellé qu’on « le tue », selon un syndicaliste policier, David Olivier Reverdy. « Tous les ingrédients d’un acte terroriste sont pour nous réunis », a-t-il dit.
Armé d’un couteau, l’assaillant « s’est rendu dans un bureau de tabac » dont il a attaqué le patron, a raconté à l’AFP Marie-Hélène Thoraval, la maire de cette ville de 35 000 habitants. « Sa femme est intervenue et a été blessée aussi ».
L’homme est par la suite « allé dans un autre commerce, une boucherie, où il s’est emparé d’un nouveau couteau », avant de poursuivre sa mortelle équipée dans le centre de Romans-sur-Isère.
« Il est entré dans la boutique. Il a pris un couteau, en sautant par-dessus le comptoir, et a “planté” un client, puis est reparti en courant », explique à l’AFP Ludovic Breyton, le patron de l’établissement où une personne a été tuée. « Ma femme a essayé de porter assistance à la victime, en vain ».
« Acte odieux »
Le second tué, gérant d’un café-théâtre bien connu dans la ville, a péri alors qu’il était sorti dans la rue pour ouvrir ses volets, selon un témoin.
Parmi les cinq blessés, les trois victimes grièvement atteintes sont dorénavant « parfaitement stables », a précisé l’hôpital dans lequel elles ont été admises.
Sur son compte Twitter, le président français Emmanuel Macron a dénoncé « cet acte odieux ».
« Mes pensées accompagnent les victimes de l’attaque de Romans-sur-Isère, les blessés, leurs familles. Toute la lumière sera faite sur cet acte odieux qui vient endeuiller notre pays déjà durement éprouvé ces dernières semaines », a écrit M. Macron.
La France vit actuellement sa troisième semaine de confinement de sa population pour lutter contre la pandémie de coronavirus, qui y a provoqué la mort de plus de 6500 personnes.
La France vit sous une constante menace terroriste depuis la vague d’attentats djihadistes sans précédent qui a commencé en 2015.
Depuis le début de l’année, la justice antiterroriste s’est saisie d’une attaque : le 3 janvier, un jeune homme converti à l’islam et atteint de troubles psychiatriques avait attaqué au couteau dans un parc de Villejuif (Val-de-Marne, banlieue parisienne) des promeneurs, faisant un mort et deux blessés, avant d’être abattu par des policiers.
En 2019 en France, la justice antiterroriste s’est saisie à trois reprises : après l’agression au couteau en mars de deux surveillants d’une prison par un détenu radicalisé ; après l’attentat au colis piégé devant une boulangerie de Lyon (Est) en mai, dans laquelle 14 personnes avaient été blessées, et après la tuerie perpétrée début octobre à la préfecture de police de Paris.
En plus de quatre ans, les attentats en France ont fait 256 morts, si on inclut ceux de la préfecture de police. Au total, 60 attentats ont été déjoués depuis 2013.