Détournement de crise

Le PQ est en train de détourner un débat sur la place de la religion dans la société québécoise au profit d'une querelle linguistique

Citoyenneté québécoise - Conjoncture de crise en vue

Présenté comme une réponse au malaise suscité par des accommodements de nature religieuse, l'arsenal législatif dévoilé la semaine dernière par le Parti québécois est paradoxalement centré sur la langue plutôt que sur la religion. Les mesures les plus concrètes du plan de Mme Marois, en effet, visent toutes deux la protection du français: renforcement des dispositions de la loi 101 visant les entreprises, création d'une citoyenneté québécoise exigeant la maîtrise de la langue officielle.



En fait, le PQ est en train de détourner un débat sur la place de la religion dans la société québécoise au profit d'une querelle linguistique dont la grande majorité des Québécois se serait passé. Or, rien ne justifie une telle manoeuvre. Toutes les statistiques montrent que la francisation des immigrants se passe bien. Selon une étude récente de Statistique Canada, plus de 70% des immigrants au Québec parlent bien ou très bien le français quatre ans après leur arrivée. Les données officielles indiquent qu'au cours des cinq dernières années, la proportion de francophones parmi les nouveaux arrivants est passée de 49% à 58%. Enfin, on sait qu'en vertu de la loi 101, les enfants de tous ces immigrants étudient à l'école française. Un document de la commission Bouchard-Taylor résume la situation ainsi: «D'importants indices de francisation sont en hausse et la francophonie québécoise fait preuve d'une grande vitalité.»
Où est donc le grave problème qui nécessite qu'on dote le Québec d'une constitution, qu'on crée une citoyenneté québécoise et qu'on impose aux immigrants et aux Canadiens anglais venus s'installer au Québec d'apprendre le français en trois ans?
Tous les nouveaux Québécois ne maîtrisent pas le français, c'est vrai. Avant de songer à les pénaliser, ne devrait-on pas étudier la source du problème? Ont-ils eu un accès facile à des cours? Leur horaire de travail leur permet-il d'en suivre? Leur situation financière est-elle si précaire qu'ils doivent consacrer toutes leurs énergies à survivre?
Pour ce qui est des Canadiens venant d'autres provinces, que Mme Marois voudrait traiter comme des étrangers en leur imposant un test linguistique, leur impact sur la situation du français au Québec est nul. En tout cas, leur arrivée n'empêche pas la communauté anglo-québécoise de perdre des plumes d'année en année, de sorte qu'elle ne représente plus que 8% de la population du Québec. En de telles circonstances, pourquoi suggérer une mesure aussi extrême que priver des concitoyens canadiens de leurs droits fondamentaux?
Tout cela, nous insistons, alors que la langue n'a strictement rien à voir avec la «crise» des accommodements raisonnables. Les musulmans qui réclament des lieux de prière ou le droit de porter le voile ne parlent-ils pas généralement un excellent français? Ce n'est certainement pas le français de l'imam Jaziri qui a provoqué tant de controverse chez nous! Dans la mesure où il y a un problème à régler, il s'agit donc d'un problème religieux, pas linguistique.
En matière de langue, il n'y a aucune nécessité d'aller plus loin sur la voie de la coercition. Le constat que faisait il y a 10 ans le père de la loi 101, Camille Laurin, reste tout aussi pertinent aujourd'hui qu'à l'époque: «En raison des très importants progrès effectués, nous partons du principe qu'il ne faut légiférer que lorsque c'est vraiment nécessaire.»

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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