Un groupe fermement convaincu que le Canada n'est pas un pays bilingue et que protéger les droits des francophones hors Québec coûte trop cher s'est invité à un événement organisé par le maire d'Ottawa, Jim Watson, mardi.
En effet, le groupe Canadians for Language Fairness (CLF) a placé des pamphlets clamant que «Le Canada n'est pas un pays bilingue» sur les chaises des invités au déjeuner du maire, un événement au cours duquel le maire Watson a reçu l'ancien gouverneur général David Johnston.
Dans son message, le groupe prétend que seuls 4 % des Canadiens hors Québec parlent français, mais que ceux-ci parviennent à diriger la majorité anglophone. Il s'attaque aussi au traitement des anglophones au Québec et appelle à «regagner le Canada».
Le maire d'Ottawa, Jim Watson, a dénoncé le coup d'éclat de Canadians for Language Fairness. «Aux invités qui ont distribué de la propagande anti-francophone lors de mon petit-déjeuner ce [mardi] matin: vos actions et vos paroles me déçoivent profondément», a-t-il écrit dans un message relayé sur Twitter, à l'adresse de CLF.
Selon lui, la communauté francophone d'Ottawa n'est pas une nuisance pour la capitale. «Au contraire, ils la rendent plus forte grâce à leur langue, leur culture, leur participation et leurs nombreuses contributions à la ville», a fait valoir M. Watson, a précisant que les militants de CLF au «message antagoniste déplorable» ne pourront plus assister à ses déjeuners.
Le bilinguisme, source de «division»
Sur son site internet, le groupe CFL appelle à «mettre fin à l'injustice du bilinguisme officiel» et à cesser «de gaspiller les impôts». Entre autres, l'organisation fait valoir que le bilinguisme comme critère d'embauche au fédéral fait chuter les standards académiques et professionnels au gouvernement.
«Comme le français est parlé presque seulement dans l'est du Canada, cela fait en sorte que l'Ouest est laissé de côté. La division et la désunion ainsi générées vont éventuellement détruire le Canada», argue CFL.
Selon Statistique Canada, 9,8 % des Canadiens hors Québec pouvaient tenir une conversation dans les deux langues officielles en 2016. En comparaison, 44,5 % des Québécois pouvaient faire de même, montre les données du recensement de 2016.