Depuis l'élection du gouvernement de Jean Charest et l'annulation de l'entente conclue avec Alcoa pour la modernisation de son usine de Baie-Comeau, toute l'industrie s'inquiète de son avenir.
Il n'y aura plus de nouvelles alumineries au Québec, admet leur porte-parole Christian Van Houtte, mais il faudrait être capable de maintenir en vie les investissements qui ont été faits.
Rationner les alumineries en électricité équivaut à les forcer à partir, a rappelé l'industrie au gouvernement Charest, lorsqu'il a demandé à la Régie de l'énergie de lui fournir un avis sur l'opportunité de continuer de satisfaire l'appétit en énergie des grandes entreprises énergivores.
Ensemble, Alcan, Alcoa et le consortium Alouette ont des projets totalisant 3,3 milliards $ pour agrandir et moderniser leurs installations. Pour les réaliser, elles ont besoin d'énergie, et d'une assurance que le coût de cette énergie restera stable à long terme.
Après cinq années de gel tarifaire, Hydro-Québec a augmenté les tarifs d'électricité quatre fois depuis deux ans, ce qui ajoute à l'incertitude des entreprises, qui pensent déjà à la fin prochaine des contrats à partage de risque. À combien sera rendu le tarif régulier des grandes entreprises à la fin des contrats, en 2014 ? Et de combien augmentera-t-il dans les années suivantes ? L'énergie compte pour 35 % des coûts de production d'aluminerie.
Avant la fin de ces contrats, Hydro et les alumineries devront s'être entendues sur les nouveaux tarifs qui s'appliqueront pour la production de l'aluminium en lingots.
" Les deux tiers des alumineries actives dans le monde paient déjà l'électricité moins cher que le tarif L (tarif des grandes entreprises) ", souligne le président de l'Association de l'aluminium du Canada.
L'énergie requise par les alumineries coûte plus cher parce qu'elle doit être acquise au prix du marché, ou produite par de nouvelles installations qui exigent d'énormes investissements.
L'avenir de l'industrie de l'aluminium au Québec dépend de la stratégie énergétique du gouvernement, dont on attend toujours la publication. Les alumineries devraient-elles être facturées à partir du coût de la nouvelle énergie (coût marginal, autour de 8 ¢ le kilowattheure) ou du coût moyen de toute la production d'Hydro, ancienne et nouvelle (2,9 ¢ le kilowattheure) ?
Dans son avis au gouvernement, la Régie de l'énergie a déjà plaidé en faveur de l'industrie. Même si l'énergie accordée à l'aluminerie fait augmenter les tarifs d'électricité de tous les Québécois, il faut tenir compte des retombées sociales et économiques de la présence de ces entreprises dans les régions, selon la Régie.
C'est aussi l'avis de l'ancien président d'Hydro-Québec, Claude Boivin, qui a participé à la négociation de tous les contrats à partage de risque dans les années 80. " Ce serait une erreur de permettre la construction de nouvelles alumineries, dit-il. Mais il faut leur permettre de se moderniser et de maintenir leurs installations. Sinon, on devra fermer des régions. "
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