Malgré la promesse faite à l'ex-URSS en 1990, l'OTAN a bel et bien fini par s'étendre à l'Est : c'est ce que révèlent les analyses des services des archives nationales américaines sur la sécurité, qui ont étudié des documents déclassifiés.
Les chercheurs des prestigieuses archives nationales sur la sécurité aux Etats-Unis, basées à Washington, ont pour spécialité d'éplucher les documents déclassifiés par le gouvernement. Le 12 décembre, ils ont publié le fruit de leurs dernières recherches : l'analyse de 30 documents déclassifiés révélent qu'en 1990 les dirigeants occidentaux avaient fait une promesse au président de l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev, une promesse qui n'a pas été tenue... L'OTAN ne devait pas étendre son emprise vers les pays qui se trouvaient à l'Est du mur de Berlin, tombé un an plus tôt.
Au cours de l'année 1990, un nouveau monde se dessinait alors que l'Allemagne se voyait réunifiée et que des traités étaient signés entre des pays autrefois belligérants. Les puissances occidentales tentaient à l'époque d'apaiser les craintes de Moscou, qui voyait la réunification allemande, en plein cœur de l'Europe, d'un mauvais œil : quelles conséquences pour la Russie ? se demandait-on alors.
Dès le mois de février, le secrétaire d'Etat de George Bush (père), James Baker, assurait à son homologue soviétique Edouard Chevardnadze que la guerre froide ayant pris fin, l'OTAN serait «moins une organisation militaire et beaucoup plus une entité politique». Il promettait également des «garanties gravées dans le marbre : ni la juridiction, ni les forces de l'OTAN ne progresseront plus loin à l'Est.»
Le même jour, James Baker réitérait ce vœu pieu auprès du secrétaire général du Parti communiste soviétique, déclarant que l'Alliance n'avancerait «pas d'un pouce vers l'Est».
Le lendemain, 10 février 1990, Helmut Kohl tenait un discours très similaire à Mikhaïl Gorbatchev : «Il est de notre avis que l'OTAN ne devrait pas étendre sa sphère d'influence. Nous devons trouver une solution raisonnable. Je comprends très bien les enjeux liés à la sécurité de l'Union soviétique et je réalise parfaitement que c'est à vous, monsieur le Secrétaire général et à votre gouvernement soviétique, qu'il incombera d'expliquer au peuple soviétique ce qui va lui arriver.»
Le président français, François Mitterrand, ira même plus loin en déclarant qu'il n'était pas favorable à l'entrée dans l'OTAN de l'Allemagne réunifiée, ce dont il s'était également ouvert au dirigeant soviétique.
A l'issue de cette année riche en promesses et en signatures de traités, les forces soviétiques se sont totalement retirées d'Allemagne, puis des autres pays du pacte de Varsovie dans lesquels elles étaient déployées. En revanche, dès l'année 1997, la Pologne, la République tchèque et la Hongrie étaient invitées à rejoindre l'OTAN et au total, 13 Etats européens en feront de même par la suite.
Les dirigeants de l'ancien bloc occidental et les Etats membres de l'OTAN ont toujours nié qu'une telle promesse ait existé et, de fait, elle ne fut jamais consignée dans un quelconque traité. Certains négociateurs présents à l'époque comme Robert Zoellick, avaient assuré qu'une erreur d'interprétation avait été commise par l'ancien bloc de l'Est à l'époque. L'ancien ambassadeur des Etats-Unis à Moscou, Michael McFaul, avait pour sa part taxé cette promesse de «mythe» dans une interview accordée en juin 2016 à site internet estonien.