« C'est non », assure fermement un proche de Denis Coderre. Alors que son nom circule depuis plusieurs mois comme chef potentiel du Parti libéral du Québec (PLQ), l'ancien maire de Montréal a pris la décision de ne pas se lancer dans cette course.
Plusieurs proches de l'ex-député libéral fédéral, sondés par Radio-Canada, ont tenu le même discours.
Alors que le successeur de Philippe Couillard à la tête du PLQ sera connu au congrès les 30 et 31 mai à Québec, Denis Coderre jugerait que ces délais sont trop courts pour lui. La fin des mises en candidature est fixée au 6 mars, ce qui laisse peu de temps pour monter une organisation et un programme.
Selon nos informations, il a été sollicité par des députés et des militants au cours des dernières semaines. Un sondage publié fin novembre le plaçait même devant Dominique Anglade et Alexandre Cusson, les deux candidats déclarés dans cette course à la direction.
Son amitié avec le maire de Drummondville, mais aussi ex-président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), serait aussi à l'origine de cette décision, tout comme ses activités professionnelles actuelles et sa vie personnelle. Denis Coderre a publiquement reconnu commencer une nouvelle relation amoureuse, et il voudrait « profiter de la vie ».
Il prévoit de « grandes décisions » en 2020
Selon de nombreuses sources, l'actuel conseiller de la firme Stingray serait en train de préparer son retour sur la scène politique montréalaise, soit pour le prochain scrutin municipal en novembre 2021.
Après une longue carrière sur le plan fédéral, Denis Coderre a dirigé Montréal de 2013 à 2017, avant d'être battu par Valérie Plante, chef de Projet Montréal.
Denis Coderre va revenir d’ici cet été. C’est imminent. Il a son plan en tête, j’en suis sûr. Il fait de la politique depuis son plus jeune âge.
S'il doit faire son retour, c'est à Montréal
, confie de son côté un député libéral.
Sur sa page Facebook, l'intéressé a d'ailleurs récemment continué d’entretenir le suspense en évoquant, dans ses vœux, une année 2020 avec « de grandes décisions pour l’avenir ».
On ne peut refaire le passé, mais on peut assurément assumer le présent et préparer l’avenir.
Du côté de son ancien parti, qu'il avait quitté après sa défaite électorale à l'automne 2017, son éventuel retour en fait néanmoins grincer quelques-uns des dents.
Il a décidé de partir, plutôt que de se battre dans l’opposition, regrette un membre du conseil municipal. Ce n’est pas facile d’être dans l’opposition. Ceux qui sont restés doivent payer les pots cassés, sont pris avec la dette et ont moins d’armes.
Il faut se tourner vers l’avenir
, renchérit un autre, en rappelant que le parti avait déjà changé de nom pour tourner la page, passant d’Équipe Denis Coderre à Ensemble Montréal.
Robert Poëti ne ferme pas la porte à la mairie de Montréal
En attendant la décision de Denis Coderre de revenir ou non sur la scène municipale, peu de candidats prêts à affronter la mairesse Plante ont fait part à ce jour de leurs intentions.
Beaucoup de gens attendent sa décision. C’est un gros joueur. C’est sûr qu’ils veulent voir où il se situe
, souligne l’un des anciens collègues de l’ex-maire Coderre.
Ensemble Montréal a cependant déjà sondé plusieurs noms ces derniers mois. On a vu des gens du milieu des affaires et aussi du milieu politique. On a discuté avec plusieurs anciens élus provinciaux, de différents partis. On veut former une coalition
, soutient l’un des membres influents du parti.
Parmi les candidats ciblés, on retrouve l'ancien ministre provincial des Transports Robert Poëti.
Déjà courtisé en 2017 pour se joindre à l'équipe de Denis Coderre, de qui il demeure d'ailleurs proche, celui qui a occupé le poste de député de Marguerite-Bourgeoys de 2012 à 2018 pour le PLQ ne ferme pas la porte à un retour dans la vie politique. Mais municipale cette fois-ci.
Je suis un Montréalais de toujours. Les gens me parlent. Je regarde ça, on verra
, reconnaît-il, au cours d'une entrevue téléphonique, avant de lancer une flèche à celle qu'il pourrait affronter l'an prochain.
Je ne suis pas un fan de Valérie Plante. Sur certaines choses, elle me surprend. Il faut faire des compromis et diriger une ville pour tous les citoyens
, assure Robert Poëti.
On ne connaît jamais l’avenir. Ce que je veux surtout pour Montréal, c’est que Montréal retrouve son éclat et sa place qu’elle a et qu’elle avait sur le plan international.
S’il convient qu’il est encore trop tôt pour annoncer une telle décision, celui qui est désormais président de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec ne cache pas son amour pour la métropole.
Je sais que Montréal est une ville assez fantastique. Ce que je veux pour Montréal, c’est le mieux. Que Montréal puisse grandir, continuer de se développer et être un attrait touristique international
, explique l'ancien ministre responsable de la région de Montréal.
Pour le moment, je ne lève pas la main. Laissons le temps passer et voyons ce qu'il va se passer
, convient-il, avant de défendre le bilan de Denis Coderre.
Il a été, à mon avis, un excellent maire. Sur le plan international, il a fait rayonner Montréal et les relations avec le gouvernement du Québec étaient excellentes. Il serait sûrement un candidat idéal pour Montréal, mais la décision lui appartient.
L’opposition attendra 2021 pour élire son candidat
Ni Denis Coderre ni Robert Poëti n'auront l'obligation de dévoiler leur jeu dans les prochains mois. Contrairement à ce qu’Ensemble Montréal avait initialement prévu, la course à la chefferie de l’opposition officielle n’aura finalement pas lieu cette année.
Un nouveau chef devrait être élu « 6 à 8 mois avant la prochaine élection », détaille Francesco Miele, président du caucus de l’ancien parti de Denis Coderre.
D’ici la fin de l’année, on va mettre en place les règles
, poursuit l’élu de Saint-Laurent.
Durant cette période, Lionel Perez restera chef intérimaire, comme convenu depuis la démission de Denis Coderre.
Le nom de David Heurtel, ancien ministre libéral de l’Environnement et de l’Immigration, désormais de retour comme avocat, a aussi été évoqué. Mais celui-ci aurait décliné l'offre.
Cette perspective n’est pas étudiée non plus par l’homme d’affaires Alexandre Taillefer, qui a déjà été consulté par le passé. Ce n’est pas dans les plans
, indique-t-il à Radio-Canada.