Démissions en chaîne au gouvernement : la droite partagée, la majorité minimise

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Toute la fragilité de Macron est révélée par ces démissions


Certains membres des Républicains se montrent encore plus enthousiastes que ceux de la majorité présidentielle pour saluer les démissions des ministres du MoDem. Le FN n'est pas non plus unanime, certains s'en réjouissant, d'autres le déplorant.

En démissionnant le 20 juin, Sylvie Goulard semble avoir poussé François Bayrou et Marielle de Sarnez, dès le lendemain, à faire de même. A cause d'une enquête sur des emplois présumés fictifs, le MoDem n'est donc plus présent au gouvernement. Son président redeviendra simple maire de Pau, une ville «magique», a-t-il tenu à faire savoir avant la conférence de presse qu'il doit donner dans l'après-midi pour livrer davantage d'explications.

Mais de nombreux responsables politiques de droite et du FN n'ont pas attendu la déclaration du ministre de la Justice pour réagir et livrer leur vision de ce qui apparaît, après la démission de Richard Ferrand, lui aussi cité dans une enquête judiciaire, comme un nouveau couac pour la majorité. Tous les membres de LR ne sont pas aussi critiques vis à vis des trois ministres MoDem démissionnaires : cet épisode semble ainsi prolonger la fracture croissante au sein de leur parti entre les plus hostiles à la majorité présidentielle et les plus favorables

Les critiques face à un gouvernement «en crise»

N'oubliant pas que Marielle de Sarnez est pressentie pour briguer la présidence du groupe parlementaire MoDem à l'Assemblée et que Richard Ferrand devrait briguer celle du groupe LREM, le président Les Républicains (LR) de la région Auvergne-Rhônes-Alpes, Laurent Wauquiez, s'est agacé de voir des personnalités démissionnaires du gouvernement retrouver des fonctions parlementaires importantes. «Ne mettez pas deux personnages entachés par des affaires comme présidents de groupe à l'Assemblée nationale. Toute la politique française en subirait les conséquences», a-t-il déclaré sur BFM-TV. Sur Twitter, il a qualifié ces démissions de «crise majeure».

Nadine Morano, députée européenne LR, a ironisé sur la très courte longévité du premier gouvernement d'Emmanuel Macron, qui voit partir quatre ministres en seulement quatre semaines.

Le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a fait un constat similaire. «On nous a parlé de moralisation et de transparence, en quelques semaines, cinq ministres concernés par des affaires sorties en février», a-t-il déclaré sur France 2. «A ce rythme, on usera 180 députés pendant le quinquennat», a renchéri Brice Hortefeux sur RTL.

La réaction très mesurée de la droite pro-Macron

Ainsi, Gilles Boyer, proche d'Alain Juppé et d'Edouard Philippe, s'est fendu d'un tweet pour rappeler à son propre camp le peu de légitimité dont il disposerait pour critiquer François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard.

C'est même avec enthousiasme que Christian Estrosi, maire LR de Nice, a loué le «courage» des ministres du MoDem.

Le FN critique, mais avec des nuances

Marine Le Pen a fustigé la stratégie présumée d'Emmanuel Macron, ayant consisté à s’entourer de membres du MoDem pour s'adjoindre son soutien et gagner les élections, avant de s'en séparer. «Je pense qu'Emmanuel Macron s'est servi de François Bayrou pendant la campagne présidentielle et, maintenant qu'il a une majorité sans le MoDem, il le jette comme un vieux torchon. C'est très révélateur de l'esprit du président de la République», a-t-elle estimé. 

Florian Philippot, à l'inverse, a assuré que ce départ plus ou moins volontaire n'était pas une bonne chose. Il s'en est pris au gouvernement qu'il a accusé d'évoluer «dans le chaos le plus total». Sur France Info, le vice-président du Front national s'est d'ailleurs réjoui de voir les ministres du MoDem quitter le gouvernement. «Nous sommes très heureux qu'enfin il n'y ait plus un deux poids-deux mesures sur cette affaire-là», a-t-il ajouté. 

La majorité soutient les démissionnaires sans enthousiasme

Pour les membres de LREM, ces démissions, et notamment celle de François Bayrou, présentée comme une «décision personnelle», sont le signe d'une démarche respectable. «Je respecte ce choix personnel, il souhaite se défendre dans ce dossier, donc se donner les moyens de le faire, dont acte», a déclaré le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner sur Europe 1. «Je ne vais pas être langue de bois, ça simplifie la situation», a-t-il ajouté.

La députée européenne et ancienne membre du MoDem Corinne Lepage, elle aussi invitée à s'exprimer sur Europe 1, a salué la décision des ministres MoDem. Selon elle, ce retrait est profitable aux idées qu'ils défendent, et notamment celle de moralisation de la vie publique. «C'est bien pour le président de la République qu'il a contribué à élire», a-t-elle ajouté.

La seule note réellement festive, quoique très ironique, est venue de Marc Oxibar, politicien béarnais. Fin connaisseur de la langue et de la région dont vient François Bayrou, il a rappelé au futur ex-ministre de la Justice quelques mots d'une chanson traditionnelle. 

Traduction : «Belle ville de Pau, quand te reverrai-je ? J'ai tant souffert, depuis que je t'ai quittée.»

Au lendemain de l'annonce de la démission d'une autre ministre issue des rangs du MoDem, la ministre des Armées Sylvie Goulard, et deux jours après celle de la démission de Richard Ferrand, qui briguera tout de même la présidence du groupe La République en marche à l'Assemblée, ces deux nouvelles démissions confrontent l'équipe d'Edouard Philippe à une épreuve de taille, tant sur le plan médiatique que politique.


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