J’ai saisi à quel point Hillary Clinton était déconnectée de l’humeur de l’Amérique de la classe moyenne quand je l’ai vue sur scène la semaine dernière avec Beyoncé, glamour comme il se doit, et son mari Jay-Z. L’image faisait tellement politique ancien style, Hollywood circa 1984.
J’ai entrevu sa défaite à ce moment précis.
L’Américain moyen qui a perdu sa maison en 2008, la serveuse qui vit dans son Ford Focus 1996, le diplômé au chômage étouffé par 100 000 $ de dettes d’études et le fermier en faillite du Wyoming se fichent bien de l’appui de richissimes vedettes à la candidate démocrate.
Surtout quand le candidat républicain est lui-même 1- richissime, 2- une méga vedette.
Les Américains qui ont voté pour Donald Trump croient que leur pays est, comme eux, au bord du gouffre. Leur pouvoir d’achat a chuté. Ils craignent l’effondrement de ses valeurs fondamentales, famille, libre entreprise, sécurité et libertés individuelles. Ils sont en mode survie.
Et quand on est en mode survie, l’étranger fait peur. Le monde devient hostile.
Pas comme nous
Contrairement aux Québécois, les Américains ne s’attendent pas à ce que l’État crée des programmes pour régler leurs problèmes, mais à ce qu’on les laisse bâtir leur rêve américain en paix. Ils préfèrent un président chef d’orchestre à un président chef cuisinier qui met ses doigts dans tous les plats.
L’important pour nous, qui ne sommes pas Américains, c’est d’apprendre de cette victoire.
Nous avons au Québec un premier ministre qui minimise la corruption dans son parti, un homme dit «du monde», persuadé d’être seul à savoir gérer la diversité, un type froid qui a fait la sourde oreille aux doléances légitimes créées par l’austérité. Bref, un leader déconnecté de l’humeur de son peuple.
Pour ce qui est de Trump, inutile de se lamenter, de ressasser les scandales. Il faut mettre le compteur à zéro tout en espérant que l’homme posé et rassembleur qui a donné le discours de la victoire dans la nuit de mardi à mercredi soit le vrai Donald Trump. À suivre.
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