Depuis quelques jours, les plus nationalistes d’entre vous se plaignent à nouveau des insuffisances du Bloc et PQ. Je me demande bien pourquoi. Pas plus que le PQ, le Bloc n’aura été un parti nationaliste au sens où on l’entendait jusqu'à la fin des années 1960. Il n’a jamais voulu distinguer les intérêts des Canadiens-Français (ceux qu’on doit maintenant appeler les «Québécois francophones de souche») de ceux des autres Québécois. Bien au contraire, le Bloc a toujours défendu le concept fondateur du Québec moderne, à savoir celui d’un «peuple québécois» plurinational comprenant spécifiquement les Quebecers et les Nations autochtones. Par le fait même, le Bloc ne peut qu’être multiculturaliste et respectueux du bilinguisme institutionnel.
C’est quand même pas sorcier : ça toujours été ça, être bloquiste ou péquiste ou… libéral. Autrement dit, ça toujours été ça, être «Québécois». Tomberiez-vous des nues ? Non, alors de quoi vous plaignez vous ? De ne pas être indépendants ? Mais de par la Loi 99, c’est d’un peuple et d’un État multiculturels et bilingues dont vous feriez l’indépendance… Wow! Big deal, gros changement en perspective… Non vraiment, avoir eu des fleurs dans les cheveux (et dans les yeux) ne vous aura pas réussi…
Allez-vous continuer longtemps vos jérémiades absurdes, allez-vous longtemps encore vous bercer d’illusions et de chimères ? Entretenir un PQ et un Bloc québécois interculturalistes, espérer en un État, un «citoyennisme» qui reposent sur le reniement de l’identité canadienne-française (c'est-à-dire de notre histoire, de notre patrimoine et de notre culture), est-ce vraiment tout ce dont vous êtes capables ? Vous importe-t-il donc si peu de voir notre nation mourir de québécitude ?
Mais j’oubliais, l’important c’est de ne pas perdre la face, c’est de ne jamais admettre ses erreurs, ne jamais se remettre en question… On est pas des losers nous autres, non monsieur : «Le PQ, 40 ans de victoires !»
Et puis surtout, «après nous le déluge», n’est-il pas vrai ?
RCdB
Aux contempteurs du Bloc et du PQ
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
11 commentaires
Jean-François-le-Québécois Répondre
26 janvier 2010@ Robert Chevalier de Beauchesne:
Non, ce dont je me plains, c'est que le PQ est un parti de pleutres. Avec une espèce de Madame Rectitude Politique comme chef.
Le Bloc? Il ne sert de chien de garde, à Ottawa. Mais Duceppe semble s'être avec les années, peut-être un peu trop confortablement assis dans le contexte d'Ottawa.
Archives de Vigile Répondre
24 janvier 2010@ Grand-papa
Ce que je propose : c’est que les Canadiens-Français dispose enfin d’un État national de plein droit, c'est-à-dire, d’un pays qui réfère à leur identité propre, comme c’est le cas pour la plupart des nations occidentales. Ce pourquoi la majorité des nationalistes luttaient avant la fondation du PQ, à l’instar de Daniel Johnson père :
«Le droit à l’autodétermination existe tout aussi bien pour la nation canadienne-anglaise que pour la nation canadienne-française. […] [I]l n’est pas moins clair que les Canadiens français veulent faire du Québec leur État national. Et encore là, je ne vois pas pourquoi on voudrait les en empêcher. C’est un phénomène logique qui puise son existence aux sources de la culture».
Tiré de Égalité ou indépendance, 1965
Est-ce qu’hier comme aujourd’hui, le fait de disposer d’un État national canadien-français, de faire du Québec le Canada-Français, lèse d’une quelconque manière les Néo-Québécois ? Non, ils deviendraient comme nous des citoyens canadiens-français. Ils seraient citoyens d’origine étrangère, comme il en existe en Irlande, en Slovénie, en Finlande, comme il en existe au sein de tout État national.
Mais vous préférez le métissage et le pluralisme identitaire. Fort bien, mais alors, pourquoi donc rechercher l’indépendance du Québec ? La grande nation qu'est le Canada plurinational et multiethnique devrait amplement vous satisfaire.
RCdB
Archives de Vigile Répondre
24 janvier 2010@ M. Haché
Quelle que puisse en être la raison (mais je ne crois absolument pas que ce soit par négligence), si les leaders péquistes ou bloquistes n’ont plus de cœur, s’ils ne saisissent plus la raison d’être de leur combat, ils ne peuvent que nous mener nulle part. On ne peut plus s’en remettre à eux. Or c’est eux qui, de concert avec les Libéraux, avec les médias, avec l’ensemble des institutions québécoises dénationalisées, définissent la québécitude : on ne peut donc pas non plus s’y référer pour mener à bien une action utile. Il faut trouver la parade, et à mon sens, cette parade est de reprendre une identité nationale signifiante, incarnée dans l’Histoire, et de chercher clairement, posément, à faire du Québec notre État national, celui des «Tremblay d’Amérique» comme vous dites, celui des Canadiens-Français. Un État auquel nous puissions être identifiés sans équivoque. C’est trop tard ? J’espère bien que non, parce qu’alors nous continuerons à perdre pied, à perdre un terrain chèrement gagné par nos ancêtres, et toujours plus rapidement. Le Québec finira par devenir un gros Nouveau-Brunswick (indépendant ou pas), nous serons comme les Acadiens, un peuple sans État, mais dans une situation bien pire, puisque contrairement à eux, nous serons sans conscience nationale.
RCdB
Archives de Vigile Répondre
23 janvier 2010Mais on est déjà en plein multiculturalisme !!!
Que proposez-vous :
La déportation des immigrants !
Des écoles de rééducation obligatoire pour les immigrants !
Un Petit Québec blanc canadien-français tricoté serré catholique avec chapelet en famille et confessionnal obligatoire à tous les mois !
Ma proposition :
On continue le métissage. Ça nous a bien servi jusqu'à maintenant pour devenir bientôt quelque chose comme une grande nation indépendante de langue française et laïque.
Archives de Vigile Répondre
23 janvier 2010M. Beauchesne,
Encore faudrait-il que je sache qui vous êtes...
Vous voudrez bien communiquer avec Bernard Frappier qui vous donnera mon adresse électronique.
En effet, une rencontre exploratoire s'impose afin de déterminer ce qui peut encore être sauvé.
Marcel Haché Répondre
23 janvier 2010À ma connaissance, quand le mot québécitude est apparu, dans les sixtees, il était encore couramment question du « Canada-français ».
La grande erreur des indépendantiste ne fut pas d’insister sur la québécitude, ce fut, à cette occasion, de cesser de s’adresser à tout le peuple des Tremblay, à tout le peuple canadien-français. Ce peuple débordait largement les frontières de la province de Québec. Les séparatistes furent alors perçus comme ceux qui « abandonnaient » une lutte séculaire, qui abandonnaient le peuple canadien-français lui-même.
La québécitude d’alors, inventé, (les fameuses sixtees), le peuple des Tremblay était encore très homogène. Particulièrement au Québec. Et c’était facile de penser qu’il y avait là, au Québec, eh ben, eh ben, un « peuple québécois ».Comme il y avait déjà un « peuple acadien ». Nous Nous percevions ainsi. Mais, pourtant, c’était toujours le même Nous, celui aux si nombreuses dénominations maintenant.
Il y avait—il y a encore—un peuple canadien-français. Et l’usage du mot québécois, au-delà de l’enfermement sur le vide multiculturel qu’il contient, eh ben, eh ben, il est devenu d’un tel usage, qu’il n’est plus possible de revenir en arrière (pour l’usage du mot seulement).
C’est avec Nous-mêmes que l’Indépendance nous convie.
La réalité des peuples-- la nôtre n’est pas différente d’aucune autre—est si têtue que l’indépendance « du Québec » serait AUSSI l’indépendance de tout un peuple. De la même façon que l’indépendance d’Israël, c’est aussi l’indépendance d’un juif résidant à New York ou à Paris. C’est le cœur…Le cœur, ce n’est pas si sorcier, en effet.
L’indépendance du Québec, ou du Canada français, procède d’un seul et même clin d’œil, nécessairement entendu, entendu-du-du, et convenu toujours, depuis si longtemps, parce que cela s’adresse au cœur. Les idées changent, les statuts et les conjonctures, le cœur reste fidèle.
Nos partis souverainistes ne manquent pas d’idées. Ils manquent de cœur et de fidélité. C’est pour ça qu’ils sont devenus multiculturalistes, par négligence, qu’ils ont perdu la raison même de leur combat, quand ils n’ont pas perdu la raison elle-même. Cela vous donne raison Chevalier, mais cela n’est pas suffisant.
Et quoi que vous en pensiez, ou ce que j’en pense, ce n’est absolument pas important ce que l’on en « pense » qui importe :
L’indépendance, c’est juste un clin d’œil (entendu) à ce que Nous sommes depuis si longtemps. Depuis bien plus longtemps que les sixtees…
Pour reprendre votre formule : quand bien même tous les Tremblay d’Amérique se mettaient demain à chanter et à parler en anglais, l’indépendance serait encore à faire.
Archives de Vigile Répondre
23 janvier 2010@ Grand-papa
Vous l’aurez remarqué, je m’adressais aux nationalistes et non pas aux satisfaits de la québécitude. Mais tant qu’à vous parler, croyez-vous donc que les Canadiens-Français ne sont pas, comme toute nation sur Terre, le produit d’un certain métissage? Les Canadiens-Français ont assimilé, se sont enrichis de nombre de gens provenant de cultures diverses. Mais leur identité est restée néanmoins une, originale et distincte. C’est pour protéger et transmettre cette identité, cette nationalité canadienne-française, que nous avons réobtenu le Québec en 1867, et c’est pour la même raison que nous cherchions, cent ans plus tard, l’indépendance de cet État. Ce n’était certainement pas pour faire advenir un double du Canada à la Trudeau, un autre supermarché du multiculturalisme (et merci pour la citation, elle est on ne peut plus claire à cet égard).
@ M. Bousquet
Vous comprenez parfaitement, M. Bousquet : le seul avantage réel qui reste à l’indépendance du Québec, c’est que les «Québécois francophones de souche» deviennent majoritaires. Mais est-ce bien là un avantage? Après 40 ans de souverainisme, le Québec n’est plus considéré comme l’État national des Canadiens-Français. Pire, selon la Loi 99, cet État n’a plus d’obligation ou de révérence particulière envers eux. Plus nous avançons, plus nous multiplions les garanties aux Quebecers, aux Premières Nations et aux tenants de l’interculturalisme. Au finish M. Bousquet, que croyez-vous qu’il va rester à cette majorité anonyme, dénationalisée, complètement neutralisée que nous sommes devenus? On s’est fait avoir : le petit jeu du nationalisme québécois n’en valait vraiment pas la chandelle, ce n’était qu’une imposture.
@Mme Vallée
C’est pour cela que ceux qui sont conscients de cet état de chose devraient pouvoir se parler, se rassembler, réfléchir aux moyens d’action possible. Et tout d’abord chercher à préserver ce qui peut encore l’être.
RCdB
Archives de Vigile Répondre
23 janvier 2010Le "FÉDÉRALISTE MASQUÉ" is back. Pour vous rendre plus crédible cher chevalier de l'ombre, ayez au moins l'intelligence de débuter votre texte par: «Depuis quelques jours, les plus nationalistes d’entre nous...» au lieu de «d'entre vous...». Cela aurait rendu votre mince vernis cosmétique moins apparent. Vous tenterez de faire mieux la prochaine fois, j'en suis sûr.
Vive le Québec, vive l'indépendance!
Jacques L. (Trois-Rivières)
Archives de Vigile Répondre
23 janvier 2010Les politiciens, les élites, certains militants nous ont trahis et ceux qui ont voulu réagir se sont faits rabrouer de la pire des manières. Ils étaient des arriérés, des péquenots et etc...
Nous avons occulté notre identité canadienne française, notre Histoire et j'en passe. Il ne reste plus que la langue dont l'importance diminue de plus en plus.
En effet, de quoi nous plaignons-nous ?
Il y a des Québécois qui mériteraient d'être lynchés. Rien de moins.
Archives de Vigile Répondre
23 janvier 2010M. Robert Chevalier de Beauchesne, vous avez presque raison sur le fond mais, il n'y a pas d'autres solutions sauf celle de demeurer dans la fédération actuelle où nous sommes minoritaires.
Dans un Québec souverain, nous serions, au moins, majoritaires M. de Beauchesne, c’est pourquoi la chose ne tente pas du tout à nos anglos.
Archives de Vigile Répondre
23 janvier 2010« Une conscience cosmopolite et civique
Parmi les solutions qu'on peut apporter aux situations énumérées plus haut, celle qui concerne l'émergence d'une conscience cosmopolite et civique au détriment de la conscience ethnique est fondamentale. Le milieu scolaire est indubitablement le meilleur endroit où un tel projet puisse se réaliser. En plus de l'éducation civique, il faudrait mettre sur pied un programme national d'éducation interculturelle dans lequel on adopterait le métissage comme clé de lecture de l'histoire québécoise et de certaines oeuvres littéraires. Ainsi, en prenant conscience de sa culture métissée, l'élève s'ouvrirait d'autant plus facilement à l'autre qu'il saurait que celui-ci fait déjà partie de lui. Il apprendrait, dès le primaire, que la cohabitation avec les immigrants depuis un siècle et demi, avec les anglophones depuis 200 ans et avec les autochtones depuis le début de la colonie, n'aurait pu se faire pendant si longtemps sans qu'il y eût influence réciproque et métissage aussi bien culturel que biologique. »
Pour en finir avec les jérémiades des allophones
Marco Micone, écrivain
Le Devoir, 4 décembre 1995