De Pearson à Duceppe

Manifestation pour la paix au Liban


Éditorial - Il était assez curieux d'entendre Gilles Duceppe et André Boisclair, pendant la crise libanaise, dénoncer la position de Stephen Harper non pas sur la base de celle qu'aurait adoptée un Québec indépendant mais parce qu'elle dérogeait... à la tradition canadienne.
En appuyant Israël comme il l'a fait, a soutenu le chef du Bloc québécois, M. Harper a " anéanti 50 années de diplomatie canadienne durement élaborée, entamée par Lester B. Pearson et poursuivie par tous les premiers ministres qui lui ont succédé, afin de faire du Canada un joueur respecté dans l'établissement de la paix dans le monde ".
Les politiciens indépendantistes savent que la politique étrangère canadienne, notamment notre contribution aux missions de paix, est une des sources de l'attachement des Québécois francophones au Canada. Leur stratégie récente est donc habile: chercher à convaincre la population québécoise que Stephen Harper renie le rôle pacifique traditionnel du Canada. Une raison de moins de rester au sein de ce pays!
L'argument est un peu court. Sur la question du Liban, le premier ministre canadien ne s'est pas seulement distancé du point de vue d'une majorité de Québécois mais aussi d'une opinion largement répandue au Canada anglais. Autrement dit, ce n'est pas entre le Québec et le reste du Canada que les événements récents au Proche-Orient ont creusé un fossé mais entre l'ensemble du pays et le premier ministre.
Cela étant, il semble bien peu probable que le gouvernement conservateur imprime un virage durable à la politique étrangère du Canada. Or, de façon générale, cette politique est conforme aux valeurs québécoises en la matière. En témoigne l'éloge qu'en ont fait MM. Duceppe et Boisclair, et Lucien Bouchard avant eux. C'est pourquoi il est paradoxal que les questions internationales soient devenues l'un des piliers de l'argumentaire souverainiste, c'est-à-dire cette idée selon laquelle, en notre ère de mondialisation, le Québec doit absolument avoir sa voix propre dans " le concert des nations ".
" Nous ne pourrons jamais être présents au monde comme Québécois tant que le Québec ne sera pas devenu un pays souverain ", écrit ci-contre M. Louis Bernard. Avec tout le respect dû à un homme de la trempe de M. Bernard, il faut rappeler que les Québécois sont bel et bien " présents au monde ". De un parce que les Québécois oeuvrant au niveau fédéral contribuent à l'élaboration de la politique étrangère du Canada. De deux parce que les électeurs québécois pèsent lourd dans les décisions du gouvernement canadien en cette matière (voir le refus du Canada de participer à l'invasion de l'Irak).
Plusieurs rêvent d'entendre la voix québécoise parler directement plutôt qu'à travers ce que Trudeau appelait la " caisse de résonance " canadienne. Mais en quoi les causes chères aux Québécois seraient-elles plus avancées si l'amplificateur qui les exprime était moins puissant?
L'exemple d'un pays comme la Slovaquie (5,4, millions d'habitants) est pertinent ici. Souveraine depuis 13 ans, celle-ci participe de plein droit au concert des nations. Mais qui entend ses solos?
Depuis 2004, la Slovaquie s'est jointe à l'Union européenne. L'avantage pour elle est évident: lorsque l'Europe parle, le monde ne peut faire autrement qu'écouter.

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 317 093

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé