De petits gestes à effet papillon… poursuivons le combat!

De l’assermentation à l’affirmation nationale : gratifier le peuple, non plus la Reine

La portée réelle d’une simple pétition

Tribune libre

Je fais suite ici à la demande de monsieur Normand Paiement* de signer une pétition pour que les députés élu(e)s refusent de prêter allégeance à la Couronne britannique lors de l’assermentation au Parlement du Québec.

C’est par le biais d’une telle pétition, d’une telle action parmi d’autres, que pourra naître concrètement à l’Assemblée nationale même, pas que dans la rue, une coalition d’indépendantistes déterminés et voués d’abord à la Cause, plutôt que parti « pris » selon mon expression répétée.

Ainsi, par ce simple geste, la partisanerie pourrait faire place, enfin, à une solidarité parlementaire significative favorable à l’indépendance. En effet, ce geste de rejet de la sujétion au cadre britannique fédéraliste et colonialiste, d’une part, et d’affirmation d’une nation revendiquant sa gouvernance institutionnelle d’autre part, doit être l’occasion de s’unifier avec fierté sans pour autant délaisser son appartenance à un programme de parti politique.

Briser par ce faire la paralysie de la division, exige de désindividualiser ce geste de désavoeu fulgurant en un regroupement de politiciens dissidents, « criant » d’une seule voix, les rendant moins vulnérables ainsi à la réprobation interne, celle de ne pas suivre la ligne propre à chaque parti.

Cette convention de ligne de parti est, à mon humble avis de citoyen, nuisible à l’évolution même d’une dynamique d’indépendance au sens large et libérateur, si l’on examine les événements de près depuis le Printemps érable 2012 – et probablement selon une constante si l’on recule plus loin, spécialement au sein du Parti québécois où les idées, pas que l’économie, ont droit de vivre et d’évoluer.

Donc, à votre envoi de cette pétition, M. Paiement, devrait s’ajouter la forte recommandation de former ce regroupement des politiciens dissidents à l’assermentation** de type britannique et que ce geste soit opéré en rafale devant une spectaculaire médiatisation et appuyé par un argumentaire de presse clairement articulé; afin que l’impact soit un véritable déclencheur, un effet papillon allumant la conscience populaire à travers tous les milieux de la société québécoise, tel un appel à tous, à la nation, pour qu’elle se lève en « Bravos! Enfin! » pas qu’en questionnements de badeau et en ambivalences mitigeantes d’esprit.

L’argumentaire public diffusé à la presse devrait traiter du :

1- retournement/redressement d’allégeance pour affirmer le pouvoir légitime du peuple sur son système institutionnel d’État;

2- invoquer le droit au respect, à la fierté et à « l’auto-nomie » réaliste et effective de tout député lors de cette assermentation;

3- préfigurer la libération du joug fédéralo-britannique, libération désormais en marche, en déclarant que le temps de veiller au grain d’une nation, d’une culture et d’une langue, est devenu dorénavant celui de nourrir la plante vers son plein essor irrépressible : le fleur de lys d’un seul pays, pris en main collectivement. Slogan: nourrir plutôt que mourir!

Si ce geste s’opérait effectivement, non pas que suggestivement, ces politiciens promouvant courage et lucidité de faits devant et pour le peuple, devraient être gratifiés par leur parti politique respectif (tout en risquant de devenir un groupe de députés indépendants dissidents de l’Assemblée nationale) et tous les mouvements pro-indépendantistes devraient applaudir le geste, La Société Saint-Jean-Baptiste et le Mouvement Québec français en tête.

Seule l’union, M. Paiement, fera la force suffisante pour que votre pertinente et pratique démarche, d’affirmation nationale ne reste pas « lettre morte », mais devienne une intervention virale positive, tournant de mineure à une incitation majeure pour le peuple entier à « prendre SA place », celle qui lui revient comme on dit. Un changement radical commence toujours quelque part, « mine » de rien, déclenché par ceux qui osent le provoquer et se mettre au-devant des « coups » (bas et par derrière), hélas jamais il pro-vient, ce vent de libération, de partout et massivement en même temps.

Une loi d’attraction et de synchronisation doit être stimulée à hauteur de faits cumulatifs, non par une magie théorique d’analyses sans focus sur l’action stratégique, l’argumentarisation justifiée et la démonstration détaillée du projet de pays auprès des citoyen-ne-s.

Qui invitera le Premier ministre Alex Salmond et des membres et promoteurs stratégiques de son parti, ce fonceur écossais pour l’indépendance nationale de son pays, à venir au Québec nous présenter son projet référendaire, alimenter notre démarche par la sienne, et relancer en menus détails la question nationale au sein même de nos universités, institutions publiques et parapubliques? J’attends toujours, pas vous?

Débats répétés et sans fin ou combat final déterminant, voilà Notre question obligeant au sens pratique… ou réinvitant à la peuralysie (sic) programmée, chronique et conditionnée. « L’urgence d’attendre » (et quoi encore? Il faut être spécifique) à un niveau ne devrait aucunement interdire la nécessité d’agir à un autre, nettement concret et sur le terrain de la rue jusqu’au tapis du Parlement, selon une logique d’efficacité à multiple flans d’attaque.

Et Jean-François Lisée pourrait prendre la tête et les devants sans délai, ce rituel est imminent, sur ce désavoeu d’assermentation britannique, c’est une question d’affaires et d’ingérence internationales après tout, sa spécialité.

La crédibilité de votre démarche, M. Paiement, tient en dernier lieu à ses preneurs en charge par d'élus politiciens, bravo pour votre appel, qu’il soit entendu maintenant, le geste exécuté, et non tu.

Chrystian Lauzon

*Voir l’article appel aux citoyens produit par M. Normand Paiement et publié sur Vigile, le 12 avril 2014, intitulé «Afin de les pousser à jurer fidélité au peuple souverain du Québec ».

**L’occasion m’est donnée ici de rappeler que le Parti québécois avait permis, il gouvernait alors, avec l’appui de l’Assemblée nationale au complet j’imagine, que Mme Fatima Houda-Pepin choisisse de jurer sur le Coran plutôt que sur la Bible – un geste déjà anti-britannique et contre-fédéraliste, notons-le. Cette femme à elle seule eut cette force de dissidence… et cela passa la rampe sans grande vague d’opposition, même médiatique. M. Le Hir pourrait en fournir les détails internes, il siégeait alors aux premières loges de cette gouvernance.
Cette dissidente, récidivant à nouveau, et sur la même question religieuse, par conviction de foi et valeurs personnelles de sauvegarde et de promotion de la démocratie bien ancrées, s’est faite expulsée du camp libéral et a été bafouée durant cette dernière campagne électorale (vengeance de barbus oblige!) par les libéraux à cause de sa force d’affirmation et le refus de la ligne de parti inconditionnelle. N’est-il pas temps de « rapatrier » cette politicienne d’expérience parmi les rangs d’une indépendance nationale, de joindre son combat personnel à la défense d’une Charte des valeurs rassembleuse? La politique demeure l'art des compromis et du sens stratégique.


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 avril 2014

    Une idée radicale et incontournable !
    Bravo M. Lauzon. L'abolition du serment d'allégeance à cette reine doit être appuyée par tous ceux et celles de qui on la requiert, remplacée par celle au peuple du Québec.
    En plus de signer cette pétition, je suggère un courriel à notre député respectif (qu'il soit PQ ou PLQ, Caquiste ou QS...) signifiant cette volonté citoyenne. Alternativement, peut-être une cérémonie en parallèle d'allégeance prioritaire au peuple ?
    Pierre Pelletier

  • Marcel Bernier Répondre

    13 avril 2014

    Il existe un autre serment que j'aimerais voir se faire parmi ceux et celles qui militent à notre émancipation nationale : «Le serment de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du Québec, cette loi fondamentale qui établira notre indépendance et notre statut de pays, soit établie et affermie sur des bases solides et définitives».

  • Normand Paiement Répondre

    13 avril 2014

    Monsieur Lauzon,
    Vous parlez notamment d'effet papillon et vous suggérez diverses actions susceptibles d'amplifier cet effet.
    Comme vous avez pu le constater, j'ai décidé de donner l'exemple en passant de la parole aux actes.
    Je ne puis que vous suggérer d'en faire autant de votre côté.
    Avec les moyens dont je disposais, j'ai mis en ligne une pétition dont je ne saurais prévoir les effets.
    Je caresse néanmoins l'espoir qu'elle donnera envie à d'autres comme vous de prendre le relais et de pousser l'aventure encore plus loin.
    Mon emploi du temps et mes obligations ne me permettront toutefois pas de vous accompagner dans cette démarche avant 10 jours.
    J'ajouterais que la balle est maintenant dans votre camp et dans le camp de tous ceux et celles que mon initiative aura su inspirer.
    On verra bien ce que tout cela donnera mais, déjà, votre réaction est encourageante...
    Par conséquent, bon courage et merci de votre soutien! Et dites-vous bien que vous le faites pour votre pays, pas pour moi...
    Cordialement,
    Normand Paiement
    PS - Pour une raison que j'ignore, mes interventions récentes sur le blogue de JF Lisée n'ont pas été publiées. Je vous laisse par conséquent tenter votre chance, car, vous l'aurez compris, si cette action doit porter fruit, il faut impérativement que des députés courageux osent porter ce projet à bout de bras en entraînant leurs confrères/consoeurs dans cette aventure. Si vous ou tout autre lecteur/lectrice de Vigile avez le bras assez long pour porter cette initiative à leur attention et à l'attention des médias, allez hardiment de l'avant, vous avez ma bénédiction!

  • Alain Raby Répondre

    13 avril 2014

    [https://secure.avaaz.org/fr/petition/Aux_deputes_Quebecois_Labolition_du_serment_dallegeance_a_la_reine/sign/?adraugb->]