(Aparté: Styliste. Ou... Designer, selon la préférence d’appellation de l'intéressée)
Non sans une pensée douloureuse pour Guy Béart,
désormais disparu de ce monde désenchanté
Objet : Reportage sur Karine Gervais paru dans Le Soleil de Québec, édition du 15 septembre 2015
Une «artiste» québécoise qui estime tout naturel de désigner chacune de ses créations en des termes anglais, systématiquement et en totalité, me laisse surtout entendre — nonobstant la qualité du produit (dont je ne puis juger, et j’avoue que je n’en ai nulle envie désormais) — que cette personne méprise sa propre langue et sa propre culture.
Ce phénomène, trop bien connu chez nous (ainsi que dans le pays natif de votre associé d'affaire, M. Julien Petitbon), se nomme : Aliénation.
Or il m’apparaît inconcevable — logiquement aussi bien que psychologiquement — qu’un individu soit à la fois fier de son travail et aliéné vis-à-vis de… lui-même.
Cela étant, lorsqu’une création est vraiment de qualité, son association avec la langue française, loin d’être rebutante (!) pour le client (et notamment étatsunien, ou canadian), constitue au contraire un label de haute référence. Voire, une marque de distinction. À l’instar des vins… français, par exemple.
On parlera encore de Félix Leclerc, de Jacques Brel, d’Édith Piaf et de Gilles Vigneault dans cent ans. Et nos descendants plongeront dans leurs oeuvres avec délectation. J’en suis convaincu.
Pensez-vous, madame, qu’il en sera de même pour vos pièces de tissu? Poser la question…
Les radios-poubelles de notre temps — parangon d’aliénation s’il en est un, et très québéco-québécoises comme de surcroît — n’auront fait qu’un temps.
Car enfin, le mépris de Soi d’une collectivité ne constitue certes pas un projet de société, ni la pierre d’assise de sa pérennité dans le temps.
Au reste, au sein d'une société où «il suffit que l’on vende pour que j’achète» (dixit le très regretté Sylvain Lelièvre, autre magnifique de la grande chanson d’expression française), pourrait-on trouver moins «vendeur», n’est-ce pas, madame, que la détestation de soi?
Sur le spectre des actions humaines il existe, ce me semble, un opposé radical à cette aliénation. Laquelle aliénation — à grands renforts d’ignorance, de courte vue et de paresse intellectuelle, pour ne pas dire de lâcheté (chez un grand nombre de politiques, notamment) — affuble jusqu’à l’inanition, bien cintrée à la taille, et ce depuis maintenant une génération complète (depuis 1995 au bas mot), l’ensemble du pays des René et des Raymond Lévesque. Des Robichaud et des Poitras aussi…
Cet opposé, madame, porte également un nom : la Dignité.
L'auteur est citoyen de ce coin de Capitale nationale où historiens et archéologues situent, selon toute vraisemblance, notre légendaire Stadaconé.
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