REMANIEMENT EN VUE À QUÉBEC

D’autres têtes de ministres réclamées

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La sanction de l'illégitimité

L’imminence d’un remaniement a stimulé le Parti québécois et la Coalition avenir Québec qui ont réclamé, mercredi, que d’autres têtes roulent en plus de celle du ministre de l’Éducation, Yves Bolduc.

« Il y a une comédie d’erreurs un peu partout », a affirmé le chef de l’opposition officielle, Stéphane Bédard, qui n’a exigé rien de moins que le remplacement de la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, du ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, de la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, et du ministre responsable des régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Jean D’Amour.

De son côté, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, juge que le premier ministre Philippe Couillard doit profiter de l’occasion pour se débarrasser du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Exportation, Jacques Daoust.

En matinée, le député péquiste Mathieu Traversy s’est présenté au côté des porte-parole de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) et de l’Association des garderies privées du Québec (AGPQ) pour exiger la tête de la ministre de la Famille, estimant qu’elle n’est pas « à la hauteur de la situation ». Ils ont accablé de reproches l’élue libérale : méconnaissance de ses dossiers, incapacité à effectuer un « mandat très complexe », incapable de défendre les intérêts des familles auprès du Conseil des ministres lors du débat sur la hausse et la modulation des frais de garde, etc. « [Il s’agit de] la pire ministre qu’on a rencontrée [et] c’est certainement le pire moment qui est vécu dans l’histoire de ce ministère-là », a fait valoir le président de l’AQCPE, Louis Sénécal.

Outrage au Parlement

Sans demander sa tête, le PQ s’en est aussi pris au ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, Pierre Moreau, qu’il a accusé d’outrage au Parlement.

La leader de l’opposition officielle, Agnès Maltais, a présenté un avis au président de l’Assemblée nationale, Jacques Chagnon, alléguant que le ministre a « commandé » la fermeture des conférences régionales des élus (CRE) alors que le projet de loi 28 n’avait toujours pas été déposé à l’Assemblée nationale. Le projet de loi visant à mettre en oeuvre certaines dispositions du discours sur le budget prévoit notamment la dissolution des CRE. « Avant même de voir qu’est-ce qui était contenu dans la loi, avant d’entendre les gens, avant de faire les auditions, avant que le principe soit débattu [M. Moreau] demandait la fermeture des Conférences régionales des élus », a dénoncé Mme Maltais lors d’un point de presse mercredi après-midi.

Le PQ dit détenir une « preuve documentée très forte » démontrant que M. Moreau a pris comme un fait accompli l’adoption des articles 247 et 250 du projet de loi 28. « Nous ne pouvons pas prendre ce qui s’est passé à la légère », a fait valoir Mme Maltais.

Jacques Chagnon entendra les plaidoiries des parties jeudi et rendra sa décision par la suite.

Le cas Yves Bolduc

Pour la deuxième journée consécutive, Philippe Couillard a refusé de renouveler sa confiance, nommément, à Yves Bolduc. « J’ai confiance en toute mon équipe et je n’irai pas plus loin. Je ne commente pas les rumeurs », s’est-il contenté de dire. Mais à l’Assemblée nationale, il s’est porté à la défense de Francine Charbonneau qui, a-t-il dit, « sera très heureuse de continuer à travailler avec le milieu des services de garde partout au Québec. »

Rasant les murs, Yves Bolduc a évité la presse mercredi, refusant même de répondre à une question sur le vandalisme à l’UQAM, un sujet qui relève de sa seconde responsabilité, celle de ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science.

Au cabinet du premier ministre, on envisageait déjà de remplacer Yves Bolduc à la faveur d’un remaniement au terme de la session parlementaire en juin, a appris Le Devoir. Mais si les choses tournaient mal pour le ministre avant juin, les fenêtres des relâches parlementaires de mars ou de Pâques restaient ouvertes.

En matinée, puisant à même sa vaste expérience politique, le vétéran Pierre Paradis, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, a ajouté son grain de sel. « On ne peut pas laisser des rumeurs à ce niveau perdurer », a-t-il dit à La Presse. « Les délais sont connus, le premier ministre part en fin de semaine. J’imagine qu’avant de partir, la situation va devenir claire pour tout le monde. »

Dans l’entourage du premier ministre, on a refusé de confirmer que le miniremaniement, avec la séance de signatures chez le lieutenant-gouverneur, Pierre Duchesne, aurait lieu jeudi ou vendredi, avant le départ de Philippe Couillard pour la France. Mais on était d’accord avec Pierre Paradis pour dire que, dans les circonstances actuelles, mieux valait que le jeu de chaises musicales se déroule avant samedi.

François Legault croit aussi que Philippe Couillard doit agir dès maintenant, jugeant même que le premier ministre aura trop attendu avant de remplacer Yves Bolduc. « Je pense qu’il devrait faire son remaniement avant de partir parce qu’effectivement, quand il commence à y avoir de l’incertitude, les ministres se retrouvent avec zéro crédibilité face aux groupes qu’ils rencontrent. »

Pour prendre la place d’Yves Bolduc, le nom d’Hélène David, l’actuelle ministre de la Culture et des Communications, circule. Avant de se lancer en politique, Mme David était vice-rectrice à l’Université de Montréal et elle a occupé le poste de sous-ministre adjointe au ministère de l’Éducation.

Or Hélène David devait s’envoler pour Bruxelles mercredi soir ; elle ne pourrait pas se présenter chez le lieutenant-gouverneur pour son assermentation jeudi ou vendredi. Ce ne serait pas un empêchement, a-t-on indiqué au cabinet du premier ministre.

Un autre nom est évoqué, celui de François Blais, le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, dont on vante l’efficacité à son ministère et qui fut doyen de la Faculté des sciences sociales à l’Université Laval.


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