Après des mois de confusion, le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne (UE) ont fini par accoucher d'un plan d'aide à la Grèce. Depuis la divulgation de ce dernier, tout un chacun fustige son voisin alors que la colère s'installe d'Athènes à Salonique.
Où était José Manuel Barroso, président de la Commission européenne alors que le destin économique de la Grèce était en jeu? Aux abonnés absents! Où était Herman Van Rompuy, président du Conseil européen? Invisible! Alors que les négociations évoluaient à l'enseigne de la cacophonie, les intendants chargés de l'Europe ont ravalé leurs fonctions, on insiste, à celles de figurants. Alors qu'ils avaient l'obligation de faire entendre raison aux divers acteurs du dossier, ils se sont tus. Un gâchis!
En laissant Angela Merkel, chancelière allemande, orchestrer les pourparlers, en laissant faire une Merkel plus obsédée par une élection régionale que par l'avenir de la zone euro, Barroso et Rompuy, les Dupont et Dupond de la politique européenne, ont favorisé l'introduction du FMI dans une histoire qui, selon bien des économistes, aurait pu se régler aisément il y a quelques mois. C'est à noter, à retenir, à souligner, c'est bel et bien le FMI et non l'UE qui a structuré le plan de secours.
Il y a un an et quelques mois, alors que la pire crise financière depuis 1929 ébranlait les colonnes bancaires, Merkel, Nicolas Sarkozy et autres se portaient au secours des Deutsche Bank à la vitesse de l'éclair en leur prêtant des milliards à petit prix. Là, il a fallu des mois pour convenir d'accorder à Athènes des prêts balisés par des conditions autrement plus dures. D'ailleurs si dures que des économistes les jugent politiquement insupportables.
En effet, les plus réputés de ces derniers avancent, après analyse du plan, que la potion infligée à la Grèce risque en fait de l'achever. Certes, le système fiscal du pays est totalement bancal. Certes, la culture de la corruption est présente dans toutes les strates de la société. Certes, la fonction publique est en partie gangrenée. Mais il n'y avait pas lieu d'imposer un régime aussi austère.
Des réflexions formulées par ces économistes se dégagent des points communs inquiétants: la dose de déflation va doper le poids de la dette publique; le chômage va augmenter ajoutant de la pression sur les dépenses de l'État; le marché noir devrait s'étendre au lieu de se résorber. Quoi d'autre? Cette vague d'austérité risque fort de plonger l'UE dans une période de faible croissance économique alors que l'on n'a pas fini de panser les plaies afférentes à la crise de l'automne 2008.
Car après la Grèce, voici que le Portugal, l'Espagne et probablement l'Italie vont faire face prochainement à des obligations financières difficiles. À cela, ajoutons que des membres de l'UE, mais non de la zone euro, éprouvent bien des difficultés à respecter les objectifs économiques et fiscaux fixés par le FMI. Qui sont-ils? La Hongrie, la Roumanie et la Lettonie.
Plutôt que de prendre le dossier à bras-le-corps, plutôt que d'articuler une politique incluant le Portugal, l'Espagne et autres, et pas uniquement la Grèce, l'UE et ses dirigeants ont renforcé l'idée que l'Union est une addition de membres veillant à leurs intérêts particuliers. Bref, qu'elle est une Europe d'épiciers. À la suite de leur comportement, c'est à se demander si la montée en puissance des extrêmes ne va pas aller s'amplifiant.
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