La Charte des valeurs québécoises

Ce sont les institutions qu'il fallait attaquer, pas les individus!

Je crains que nous passions pour des bigots...

Chronique de Jean-Jacques Nantel

À une époque où l’antiracisme est devenue la valeur de base, indiscutable, de tout l’Occident, la pire conséquence de l’introduction par le PQ d’une charte des valeurs québécoises est qu’encore une fois, les Québécois s’exposent à se faire traiter de racistes et de bigots.
Alors que notre peuple forme une véritable superpuissance morale qui n’a à peu près pas participé aux grands crimes contre l’humanité des derniers siècles, nos chefs nous ont mis dans une position où, non seulement nous ne donnons pas de leçons au Canada anglais en matière de droits de l’Homme comme nous serions en droit de le faire, mais où, en plus, nous devons nous justifier comme des petits enfants coupables sur toutes les tribunes médiatiques.
Cette erreur est d’autant plus grave que, dans un contexte où les immigrants votent ¨non¨ à 95%, l’arme morale devrait être notre principal outil pour convaincre les immigrants de respecter leurs propres valeurs anticolonialistes en se joignant à notre lutte de libération nationale. Les Québécois les appuyaient quand ils luttaient pour l’indépendance de leurs patries d’origine; c’est maintenant leur DEVOIR MORAL de nous appuyer.
Au lieu de s’attaquer bêtement à la religion des individus - ce qui n’a aucune chance de réussir dans un contexte juridique totalement contrôlé par la cour suprême du Canada anglais et sa charte des droits et libertés - le PQ aurait dû s’attaquer aux institutions anglophones en surnombre du Québec qui sont financées en grande partie avec les taxes et les impôts des francophones.
Éliminer les mirobolants privilèges de la minorité anglaise aurait eu l’immense avantage de nous placer sur un solide terrain moral. Le Canada anglais aurait en effet été bien embêté s’il avait été obligé de justifier le fait que, depuis 253 ans, il force les francophones à financer indûment les institutions ET les immenses salaires de la richissime minorité anglaise du Québec. Bien mieux, une telle stratégie d’État aurait eu pour effet d’enrichir les francophones!
Le pire, c’est que le PQ, loin de tenir le cap avec sa charte des valeurs, a déjà commencé à faire machine arrière en signalant qu’il pourrait faire des exceptions pour l’application de sa charte, notamment sur l’île de Montréal et ce, pour une période de cinq ans. Autrement dit, cette exception toucherait la seule région du Québec où la charte pourrait être d’une quelconque utilité.
Encore pire, l’exception en question durerait jusqu’à la prochaine élection du parti Libéral qui, lui, s’empressait bien sûr d’éliminer la dite charte pour satisfaire son électorat de base qui croît de 55 000 votes annuellement; une croissance qui est présentement causée par le PQ de Pauline Marois qui refuse catégoriquement de faire son travail en réduisant drastiquement l’immigration. (Il n’existe aucun droit à l’immigration; c’est un privilège).
C’est encore et toujours la même farce : le PQ continue à préférer les placotages sans conséquences aux actions utiles et efficaces. Il refuse de réduire les privilèges des Anglo-Québécois. Il refuse de tenir un référendum pendant que nous sommes encore assez nombreux pour le gagner. Il maintient des niveaux d’immigration insensés. Enfin, il ne songe qu’à se faire élire et à aller se chercher des pensions en jouant sur les espoirs et les sentiments patriotiques de son électorat de base.
C’est incroyable à quel point il peut être facile de manipuler les Québécois et, en particulier, les souverainistes. Plusieurs, par exemple, continuent à répéter le discours du PQ; à savoir que, pour réaliser la souveraineté, il nous faut éviter de dévoiler notre stratégie à l’adversaire.
Allons donc! Ça fait 18 ans que le Canada anglais et le Fédéral se sont préparé dans les moindres détails en fonction de toutes les stratégies possibles et imaginables des ¨séparatistes¨. Ils n’ont qu’un bouton à presser pour lancer en quelques heures leur immense machine bien rodée et bien financée. Comment pourrions-nous les prendre par surprise alors qu’il nous sera impossible, après deux référendums, de réaliser la souveraineté autrement qu’en en tenant un troisième?
Le pire est qu’avec cette immigration folle que le PQ encourage, les discussions sur la charte vont vite déboucher sur des réactions hautement émotionnelles qui vont braquer une partie de notre société contre l’autre.
C’est de la simple sociologie. La tentative délibérée de détruire et d’affaiblir notre peuple avec une immigration massive a généré un énorme ressentiment parmi les Québécois de souche qui ont perdu leur dernier référendum par la peau des dents à cause justement du vote des communautés ethniques. Compte tenu de la charge hautement émotionnelle que génère toujours un sentiment patriotique frustré, il suffirait d’une minuscule étincelle dans le baril de poudre pour que, comme partout ailleurs sur la planète et dans l’histoire, le tout explose.
Le Canada anglais l’a bien perçu puisque ses bulletins de nouvelles sont pleins des incidents xénophones, réels ou fabriqués, qui, selon eux, se produiraient présentement à Montréal.
Malheureusement, pour se rendre compte du danger, il faudrait que nos dirigeants comprennent que le peuple québécois est semblable à n’importe quel autre et qu’il est dangereux de réveiller ses démons en lançant un débat sur ses valeurs les plus fondamentales et les plus bafouées.
Mais pour cela, il faudrait que nos chefs soient des hommes et des femmes d’État et non de simples hauts fonctionnaires à la recherche de pensions…
Dieu que j’ai mal à ma patrie!


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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2013

    @ Michel Bélisle alias Didier
    100% d'accord avec votre excellent commentaire!
    André Gignac 30/9/13

  • Archives de Vigile Répondre

    29 septembre 2013

    Monsieur Nantel
    Cette immigration massive de 55 000 immigrants par année coûte, annuellement, aux Québécois 4 milliards $ et c'est rendu que le gouvernement Marois coupe dans les services gouvernementaux aux Québécois (journal Le Devoir de la semaine dernière). Allez donc comprendre quelque chose!
    Les paradoxes, ça nous colle à la peau au Québec surtout dans ce système politique bicéphale (fédéral et provincial). Nous ne sommes pas sortis du bois avec ces politiciens colonisés à l'os!
    André Gignac 29/9/13

  • Archives de Vigile Répondre

    26 septembre 2013

    "Le pire est qu’avec cette immigration folle que le PQ encourage, les discussions sur la charte vont vite déboucher sur des réactions hautement émotionnelles qui vont braquer une partie de notre société contre l’autre."
    Le PQ et le PLQ, bref, des Québécois de souche, font entrer ici beaucoup d'immigrants dans le but de faire du Québec une société multiculturelle, c'est un fait indéniable.
    Que les Québécois pure laine du PLQ fassent entrer plein d'immigrants, ce n'est pas surprenant. Ça correspond à leur vision du Québec inclus dans un Canada multiculturel.
    Mais que le PQ le fasse, alors qu'en 1995, le premier ministre péquiste d'alors, monsieur Parizeau, avait blâmé le vote ethnique pour la défaite référendaire, c'est incompréhensible.
    C'est comme si le PQ ne voulait pas vraiment un jour gagner un référendum.
    Il est normal que les ethnies tendent à se préserver dans ce qu'elles sont. La diversité ethnique est une richesse de l'humanité.
    Les Québécois francophones se sont bien eux-mêmes préserver de l'assimilation depuis la conquête. C'est un réflexe normal chez toute ethnie.
    Il est difficile alors de demander aux immigrants de s'intégrer et de devenir comme des Québécois francophones.

  • François Ricard Répondre

    26 septembre 2013

    Je suis pour une charte sans passe-droit ni droit de retrait.
    je suis aussi pour une diminution importante du nombre d'immigrants pendant que nous répondons à quelques questions de base:
    ---avons-nous besoin de l'immigration?
    ---de quelle immigration avons-nous besoin?
    ---quelles sont les conditions pour une bonne intégration des immigrants?
    Et, M. Nantel, comme vous, je crois qu'il faut le plus rapidement possible s'attaquer aux privilèges indus dont jouit la population anglophone.

  • Marcel Haché Répondre

    25 septembre 2013

    Le bashing à notre égard n’a jamais eu besoin que nous fournissions nous-mêmes quelque prétexte que ce soit. C’est précisément parce que nous ne nous sommes jamais affirmés que le Québec bashing a fleurit aussi bien au Canada qu’au Québec même.
    Il est préférable de loin que Nous passions pour bigots parce que nous nous affirmons, que nazis alors même que nous ne nous étions jamais affirmés et que, depuis 50 ans, Nous n’arrêtons pas de vouloir être « inclusifs ». C’est d’ailleurs notre insistance et notre persévérance à vouloir intégrer mieux l’immigration chez nous qui nous valent parfois de la suspicion, l’intégration au West Island apparaissant souvent comme la pente naturelle d’intégration en Amérique du Nord.
    Il est illusoire et même ridicule de croire que Nous puissions être inclusifs sans d’abord que nous nous soyons affirmés, personne ne voulant s’intégrer à un peuple de perrons de portes.
    M. Nantel, l’Indépendance est en haut d’un escalier…
    La Proposition du gouvernement aurait beau avoir tous les défauts, elle reste NOTRE proposition, la Proposition que nous nous faisons à Nous-mêmes et à personne d’autre. On peut s’en dissocier, s’y opposer pour toutes sortes de raisons très valables, mais on ne peut pas le faire en empruntant la vision de l’Autre. Et vous savez pourquoi…

  • Archives de Vigile Répondre

    25 septembre 2013

    Peu importe ce que l'on fera au Québec, il y en aura toujours pour nous traiter de racistes, xénophobes, fascistes, etc...
    Il ne faut pas paralyser, pour ce qu'on pourrait penser de nous.
    Ce ne sera pas la première fois, il n'y avait pas la Charte des Valeurs ces 10 dernières années et cela n'empêchait pas de nous traiter de racistes.
    Il est très rare le racisme ici au Québec.
    Voulez-vous savoir ou il est le racisme? Prenez un billet d'avion, pour aller essayer de vous promener seul, comme nos immigrants qui arrivent a se promener seul et librement dans nos villes, sans qu'il y ait d'incidents racistes envers eux. Vous avez un grand choix; N'importe quels pays du Moyen-Orient, du Proche-Orient, de l'Afrique, d'Haïti, et vous viendrez nous raconter comment vous avez été reçu.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 septembre 2013

    Je crois que le Québec avec ce projet se positionne en pointe d'un nouveau courant occidental qui fera école. Le multiculturalisme est rejeté par les populations occidentales qui en ont vécu l'expérience. Les élites retardent à en prendre note, mais on voit des signes clairs et forts de récusation du multiculturalisme en Angleterre, en Suisse, en Hollande, en Allemagne et ailleurs.
    La population a le droit de recevoir des services de l'État qui présentent toute l'apparence de la neutralité, c'est-à-dire que l'agent de l'État ne peut connoter ces dits services avec ses propres préférences religieuses. C'est le bon sens pour éviter la surenchère des signes religieux aux dépens de la laïcité de l'État. Être agent de l'État s'accompagne de certaines obligations, c'est le respect du citoyen qui doit l'emporter.
    GV

  • Serge Jean Répondre

    25 septembre 2013

    La charte des valeurs Québécoise monsieur Nantel, c'est pour nous, pas pour les voisins ou les pigeons voyageurs économiques.
    Il est donc de notre devoir de s'imposer fermement; on s'en fiche pas mal nous le peuple, du qu'en- dira-t-on, pour une fois qu'on nous demande notre avis, eh bien nous nous prononcerons.
    Ici c'est le Québec des canadiens français et voici que les premières glaces commencent à bouger, on va quand même pas revirer de bord encore une fois bonyeu! À l'abordage!
    Serge Jean