Il y a quelques jours, Alain Dubuc, chroniqueur à La Presse, a fait des déclarations pour le moins surprenantes qui sont pourtant passées inaperçues sur les médias sociaux, il me semble. Est-ce la preuve que de moins en moins de gens lisent cet organe de promotion des libéraux et des fédéralistes, comme on pouvait l'entendre répéter pendant la campagne électorale, je ne saurais le dire, mais ces propos farfelus valent la peine qu'on s'y arrête.
De constater que cet ancien militant trotskyste passé au service de Gesca-Power renoue avec ses origines en faisant la promotion de Québec solidaire où justement se retrouvent d'autres militants trotskystes ne me surprend pas outre mesure. Sérieusement, je ne pense pas que Dubuc ait renoué avec ses rêves de jeunesse ni qu'il soit une taupe infiltrée au sein de l'empire Desmarais pour le saper à la base, une taupe agit en toute discrétion, je ne vous apprendrai rien.
Mais qu'il juge que QS a tout à fait sa place dans notre paysage politique et qu'il fait œuvre d'utilité, je peux le comprendre car QS ne menacera jamais le Parti libéral du Québec et continuera de diviser le vote indépendantiste.
Je l'ai déjà affirmé, QS est une nuisance pour les indépendantistes. De plus, à cause de son intransigeance et de son sectarisme, QS donne l'impression que cette formation politique a le monopole des idées progressistes et éloigne ainsi de plus en plus de gens ordinaires des idées de gauche. Rien de positif là-dedans.
Chose étrange, Dubuc démolit de fond en comble le programme de QS qui propose un «modèle qui a mené à l'échec partout où il a été essayé» (cela dit, on se demande bien où ce modèle proposé par QS a déjà été essayé!). Mais pourquoi donc aimer QS si ce parti a franchi un pas de trop en basculant dans l'utopie, selon le chroniqueur de La Presse? Pourquoi affirmer que «QS joue un rôle utile dans la vie démocratique», si rien dans son programme le séduit et n'est réalisable? Dubuc se garde bien de donner les vraies raisons de son élan de sympathie. Il opte pour le côté romantique de la chose: «parce qu'on a le cœur à gauche», «parce que QS est plus cool», etc.
Puis il compare QS à ces «canaris que l'on apportait dans les mines de charbon, parce que ces petits oiseaux étaient plus sensibles aux émanations mortelles et dont le malaise avertissait les mineurs des dangers. Nous avons besoin de gens pour nous rappeler l'existence de ceux que l'on aurait tendance à oublier.» Est-ce qu'on peut supposer que QS travaille désormais en partenariat avec le Parti libéral du Québec pour l'alerter au besoin des malaises sociaux à venir? Est-ce le nouveau rôle qui lui est dévolu par Dubuc?
QS ne menacera jamais le PLQ, on doit l'admettre, mais pour le Parti québécois, c'est tout le contraire. La division du vote souverainiste ne peut que retarder indéfiniment l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement qui nous conduira vers la réalisation du pays québécois.
Il est vrai que quand on milite pour un parti qui ne risque jamais de prendre le pouvoir, on a beau jeu de promettre mer et monde et de jouer les matamores. Il est tout aussi vrai que QS tient un double discours, indépendantiste et radical quand ça lui rapporte des votes francophones, et fédéraliste quand ça lui rapporte des votes anglophones du côté NDP/NPD, ce parti bilingue faussement social-démocrate auquel s'est associé QS. Mais moi, l'image qui me vient, c'est plutôt celle de la mouche du coche.
Vous connaissez la fable de La Fontaine, Le coche et la mouche? QS ressemble à cette mouche qui s'imagine faire avancer les idées alors que le gros des troupes indépendantistes suent et s'efforcent de faire progresser la cause d'un Québec libre dans l'adversité la plus totale, contre vents et marées, car la presse, à l'unisson, telle une meute de perroquets, est contre le PQ (et non contre le canari de QS).
Mais la mouche s'attribue tous les mérites, aveugle et orgueilleuse qu'elle est. «Aussitôt que le char chemine/Et qu'elle voit les gens marcher/Elle s'en attribue uniquement la gloire [...] Aussi certaines gens, faisant les empressés/S'introduisent dans les affaires/Ils font partout les nécessaires/Et, partout importuns, devraient être chassés.»
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