Canada: le retour du « bon sauvage »

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Les superstitions autochtones ne doivent par interférer dans les processus gouvernementaux

Toujours à la pointe de l’innovation sociétale, la gauche canadienne a une nouvelle lubie: valoriser tout ce qui provient des peuples amérindiens… au point d’élever leurs mythes et croyances au rang de vérité scientifique.




En novembre 2017, la Cour suprême du Canada, le plus haut tribunal du pays, rejetait l’appel de la nation autochtone Ktunaxa qui estime que ses droits ancestraux seront niés par l’ouverture d’une nouvelle station de ski en Colombie-Britannique. Selon les représentants du peuple Ktunaxa, l’emplacement choisi par les promoteurs fera fuir l’Esprit du Grizzli qui habite les montagnes sacrées. Dans leur décision, les juges de la Cour suprême ont fait valoir que la liberté de religion ne s’étendait pas aux territoires, mais concernait seulement la liberté de conscience à proprement dit.


Malgré la déception suscitée par cette décision, l’emballement pour les traditions autochtones bat son plein au Canada. Pour de nombreux universitaires et chroniqueurs de gauche, la figure de l’Amérindien est devenue une icône révolutionnaire, le symbole de la résistance au capitalisme et à la dégradation des écosystèmes. Réhabilitant le mythe du bon sauvage, de nombreuses personnalités soutiennent aveuglément toutes les causes autochtones, accusant les anciens colonisateurs français et britanniques d’avoir souillé cet immense territoire vierge – on invite ces grands progressistes à retourner dans le pays de leurs ancêtres pour donner l’exemple.


Quand les chamanes indiens remplacent les scientifiques


Dans cette atmosphère de repentance, le rejet de l’héritage européen passe donc par la valorisation des croyances animistes amérindiennes, comme en témoigne l’adoption par le mouvement LGBT du concept de « two spirits ». Si l’on s’en tient à cette notion, les personnes qui aiment à la fois les hommes et les femmes seraient habitées par deux esprits démiurgiques, ce qui expliquerait l’ambivalence de leur orientation sexuelle. Heureusement que les chamanes existent encore pour nous expliquer les mystères de la sexualité humaine !



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Le 8 février dernier, le gouvernement fédéral faisait savoir qu’il encouragerait les entreprises et organisations à prendre en compte les « savoirs traditionnels autochtones » dans les processus décisionnels relatifs à l’environnement. Récemment, un groupe de chercheurs en droit publiait une lettre dans le quotidien québécois, Le Devoir, pour défendre le projet de loi C-69 tout en critiquant la place qu’il accordait encore à la science. Une lettre qui aurait fait sourciller Voltaire tellement le parti pris de ses auteurs pour la superstition est grossier. Dans ce texte, les auteurs affirment que « subordonner la prise en compte des savoirs traditionnels à leur compatibilité avec les données scientifiques revient à établir une hiérarchie entre les savoirs, en faveur des savoirs scientifiques. » Ils ajoutent que les croyances animistes « apportent un éclairage singulier sur l’environnement ». L’écologie ne devrait pas relever des sciences naturelles, mais d’abord et avant tout de mythes.


« Décolombianiser » l’Amérique


Que les populations autochtones du Canada soient consultées sur les projets de développement qui les concernent est une chose. C’est essentiel et parfaitement légitime. Mais que des organismes étudient ce genre de dossiers à la lumière de croyances religieuses en est une autre. Le rôle de l’État n’est pas d’encourager la prolifération des superstitions, mais de guider la société en privilégiant le droit et la raison.



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L’engouement actuel pour le retrait de statues de personnages historiques participe évidemment de cette tentative de réenchantement spirituel. Il faudrait décoloniser, voire décolombianiser les Amériques pour encourager le renouveau des formes élémentaires de la vie religieuse. Les Canadiens d’origine européenne doivent constamment s’excuser que leurs ancêtres aient un jour débarqués sur cette terre idyllique pour y planter une croix. Qu’ils aient osé fouler le sable de ce paradis perdu encore préservé du terrible progrès.


Preuve supplémentaire, depuis quelques mois, les conseils de la Ville de Montréal commencent par une petite cérémonie durant laquelle il est solennellement dit que la métropole a été fondée sur un « territoire non cédé ». Peu importe la complexité de la réalité historique, les Blancs seront toujours des salauds et les Amérindiens des victimes.