La campagne présidentielle a été bouleversée au Brésil lorsque Jair Bolsonaro, favori de ce scrutin du 7 octobre, a été poignardé jeudi 6 septembre en fin d'après-midi lors d'un bain de foule à Juiz de Fora. Le candidat d'extrême-droite est dans un état stable, mais pourrait mettre deux mois à se remettre de ses blessures. Selon les premières informations de la police, son agresseur a été arrêté et identifié comme un évangélique souffrant de troubles psychologiques. Il a milité plusieurs années au sein d’un parti de gauche.
Le responsable pour l’attentat contre le candidat Bolsonaro est un homme de 40 ans appelé Adelio Bispo de Oliveira et qui dit avoir agi « pour des raisons personnelles » et « sur l’ordre de Dieu », selon un rapport préliminaire de la police militaire. Dans un entretien à la chaîne de télévision Globo, son avocat a aussi avancé des motifs religieux, tout en précisant que son client n’avait pas l’intention de tuer. Il aurait agi « également en raison des préjugés que montre Bolsonaro à chaque fois qu’il parle de race, de religion et des femmes », a assuré Me Pedro Augusto Lima Possa.
Selon la reconstitution des faits présentée dans l'enquête préliminaire, Adelio Bispo de Oliveira est sorti de chez lui avec un couteau pour rejoindre la marche des partisans de Jair Bolsonaro dans la ville de Juiz de Fora, ayant déjà en tête l’idée d’attaquer ce dernier. Lorsque le candidat est passé à côté de lui, porté sur les épaules de ses sympathisants, M. Bispo de Oliveira l'a frappé au niveau de l'abdomen.
Sa famille évoque des cas de crises psychotiques
Sur son profil Facebook, l'agresseur avait posté des messages critiques et des insultes contre le député d'extrême-droite, ainsi que des messages complotistes mettant en cause « la droite et la franc-maçonnerie ». Le Tribunal supérieur électoral a confirmé que l’agresseur avait milité de 2007 à 2014 au sein du parti de gauche Socialisme et liberté (PSOL), une scission du Parti des travailleurs de Lula.
Dans un entretien accordé au quotidien Folha de São Paulo, une des nièces de M. de Oliveira a affirmé qu’il avait changé de comportement au cours des trois dernières années, ayant notamment eu une crise psychotique. « C’était un choc, on n’a pas compris ce que lui est arrivé », a raconté Jussara Ramos affirmant que la famille ignorait son appartenance au PSOL. « Il a toujours été très discret sur la question politique, il n’a jamais rien dit par rapport à cela. Mis à part qu’il voulait un monde meilleur, mais c’est ce que tout le monde veut, non ? »
« Ils viennent d'élire le nouveau président, et ce sera dès le premier tour »
Jair Bolsonaro a été transféré de Juiz de Fora à São Paulo vendredi 7 septembre et doit rester hospitalisé plusieurs jours et ne pourra donc pas faire campagne normalement.
L’événement a failli coûter la vie à Jair Bolsonaro, mais il l'a peut-être rapporché du Palais du Planalto, à Brasilia. Selon le quotidien Folha de São Paulo, des alliés du député l'ont reconnu : « Un message pour ces bandits : ils viennent d'élire le nouveau président, et ce sera fait dès le premier tour », a lancé l'un des fils du député, Flávio Bolsonaro, après s'être rendu au chevet de son père. Dans tous les cas, l'attaque aura une incidence sur le vote des Brésiliens, lors du scrutin du 7 octobre.
« Il est intolérable de voir qu’il n'est pas possible d'avoir une campagne normale »
La classe politique et les principaux candidats ont tous condamné cet attentat. Le président Michel Temer a demandé en soirée au ministre de la Sécurité, « un renforcement de la sécurité des candidats et une enquête rigoureuse ». Peu après l’événement, le président Michel Temer a enregistré un message télévisé jeudi 6 septembre condamnant l'intolérance qui règne dans la campagne.
« Je vous parle de cela pour ne pas occulter cet épisode triste et lamentable pour notre démocratie, mais cela doit servir d’exemple. J’espère, si Dieu le veut, que le candidat Bolsonaro va bien se rétablir, je suis sûr qu’il n’aura pas de complications, du moins je l'espère. Et que cela serve d’exemple pour que les personnes qui font campagne aujourd’hui comprennent que la tolérance découle directement de la démocratie elle-même. »
Il est intolérable, alors que nous vivons dans un État de droit, de voir qu’il n'est pas possible d'avoir une campagne normale, une campagne où les candidats présentent leur projet. Qu’on veuille voter pour un candidat, c’est une grande erreur. Voter pour un candidat, c’est culturellement arriéré. Il faut voter pour des projets. Et pour voter pour des projets, les candidats ont besoin de circuler dans le pays.