« Rejetons de modestes familles canadiennes-françaises ou petites bourgeoises, de l’arrivée du pays à nos jours, restées françaises et catholiques par résistance au vainqueur, par attachement arbitraire au passé, par plaisir et orgueil sentimental et autres nécessités»...
Ainsi débutait le manifeste du Refus global destiné à sortir de sa torpeur un «petit peuple serré de près aux soutanes»...
Borduas écrivait en 1948 le prélude à cette Révolution tranquille à l’origine de l’épanouissement des Québécois et de la construction d’un État laïc...
Le temps a passé et nous n’en pouvons plus des histoires religieuses. Ça n’a rien à voir avec le racisme. Nous avons naguère largué la foi en laissant les églises aux vieux et aux vandales. On ne veut pas le retour en force des curés. Peu importe qu’ils soient mollahs.
Fédéralisme obligé
Mais Ottawa nous ramène les bondieuseries avec ferveur, moussant nouvelles et reportages sur l’islamophobie, le racisme et les réfugiés.
On voit bien où ils veulent en venir, les tailleurs d’avis sur mesure, les moralistes à gages et les chroniqueurs du casse-croûte...
Ils portent fièrement le cosmopolitisme que le gouvernement Trudeau veut imposer à une société distincte épuisée par les combats.
C’est utile. Ça évite de parler de la pauvreté du Québec. C’est ici que le revenu disponible par habitant est le plus bas. Et l’écart avec les autres provinces se creuse depuis dix ans, précisait lundi l’Institut de la statistique du Québec.
Il faudra s’en souvenir quand sonnera la Guignolée des médias. Quand, un peu avant Noël, les agents de l’information offriront leurs vœux les meilleurs en rappelant que les Québécois, taxés et surtaxés, sont les moins généreux...
Tout ça sert à rabaisser le caquet au peuple en général. On le veut contrit, écrasé sous sa culpabilité et réduit au silence...
Ah, les enjeux majeurs se multiplient: des gastéropodes patentés décrochent un crucifix en croyant bien faire mais sans savoir de quelle croix se chauffe notre étrange gouvernement.
Un jour, il est pour ceci, le lendemain, pour cela. Il est Charlie jusqu’à ce que ça l’emmerde. C’est surtout un conteur intelligent...
La peur...
Toutes ces histoires de religion et de multiculturalisme, qui imposent aux élites toutes les contorsions possibles depuis dix ans, elles sont le résultat d’une peur dont personne ne parle.
La peur de devoir mesurer ses décisions à la constitution canadienne et à la Charte fédérale des droits et libertés de la personne.
Le libéral gouvernement de Philippe Couillard n’a pas envie qu’Ottawa indique la marche à suivre trop évidemment. Les colonels aiment bien qu’on les prenne pour des généraux.
Et puis, ça risquerait de placer les Québécois devant l’évidence. Ce serait presque leur dire qu’ils doivent se résigner. Qu’ils sont dominés comme jadis. Petit peuple apeuré, bavard, baveux, mais toujours conquis...
En haut lieu, à Québec comme à Ottawa, on voudrait qu’il accepte le multiculturalisme, à tout le moins par dépit, et qu’il consente, une fois pour toutes, à entrer dans le rang.
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