Bilan du débat des chefs 2012

Ce sourire dégageait une image d'arrogance et d'hypocrisie

Débat des chefs - Québec 2012

Le premier débat des chefs de la campagne électorale était, à bien des niveaux, historique, étant le premier débat avec autant d'hommes que de femmes et marquant la première participation de la Coalition Avenir Québec et de Québec Solidaire à ce débat.
C'était d'ailleurs, pour ce dernier parti, l'une des rares occasions de visibilité égale aux autres partis, une opportunité que Françoise, co-porte-parole de QS, devait saisir pour sortir son parti de la marginalité. Bilan de la performance des 4 chefs de partis.
Jean Charest
Constamment attaqué pour son bilan des 9 dernières années, Jean Charest n'a probablement pas marqué de points aux dépens de son principal adversaire, la Coalition Avenir Québec. Tout au plus, il a réussi à ralentir sa chute sans toutefois l'arrêter. Il a malgré tout démontré qu'il pouvait encore débattre: ses attaques contre Legault en matière de santé étaient probablement les plus efficaces, notamment lorsqu'il a semé le doute sur la proposition de la CAQ d'augmenter les salaires des médecins en affirmant qu'une part importance des médecins étaient déjà à la retraite. Par contre, son attaque contre Legault et Marois en utilisant le rapport Moisan de 2006 était inefficace, d'autant plus qu'il refusait de condamner son ex-ministre, Tomassi, pour l'attribution de places en garderie aux donateurs libéraux. La non-condamnation d'un de ses ministres qui a publiquement appuyé les propos du maire Jean Tremblay était également une grave erreur étant donné l'importance de l'électorat allophone pour le PLQ.
Autre fait à mentionner, et majeur à mon avis: le langage non verbal de Jean Charest. Son sourire était forcé et il y avait systématiquement recours dès qu'il était attaqué. Ce sourire dégageait une image d'arrogance et d'hypocrisie. Il a également été celui qui a le plus souvent fait usage de ses « cassettes », une insulte à l'intelligence des téléspectateurs. Après le débat, il s'est empressé d'encenser Françoise David dans le but évident de retirer des votes au Parti Québécois, espérant que cela lui permettra de se faufiler dans certaines circonscriptions, notamment Sherbrooke. Dans l'ensemble, il a été le plus efficace pour ébranler François Legault sur son plan santé, mais n'a pas su marquer de points. Pour cette raison, il est le grand perdant du débat des chefs.
François Legault
Pour son premier débat des chefs, François Legault ne l'a pas eu facile. On sentait sa nervosité, cédant parfois aux émotions alors qu'il tente de poursuivre la lancée de son parti. Ce stress lui a fait perdre le contrôle à quelques occasions durant le débat. Alors qu'il critiquait le bilan économique de Jean Charest, avec un ton agressif, il s'est fait piéger par Jean Charest qui lui a demandé s'il était vrai que le Québec s'était enrichi, ce à quoi il a répondu oui...mais moins rapidement que les autres. D'une seule phrase il venait de détruire ce qu'il tentait de démontrer, c'est-à-dire que le bilan à Jean Charest était, à son avis, désastreux. On voyait sa nervosité, qu'il tentait de transformer en agressivité, notamment lorsqu'il écoutait ses adversaires parler, le visage crispé. Son plan santé a également été mis à mal autant par Pauline Marois que Jean Charest, la première affirmant que c'était de la pensée magique alors que le deuxième affirmait que le problème était ailleurs. Bien qu'il ait mieux fait que Jean Charest, il a raté l'occasion d'aller chercher des votes à ses adversaires.
Françoise David
Plusieurs déclarent la co-porte-parole de Québec Solidaire comme étant la grande gagnante du débat des chefs. Celle-ci, vivant dans l'ombre d'Amir Khadir depuis 2008, passait son premier test majeur devant l'électorat québécois. Et, d'une certaine façon, elle a réussi. Du début à la fin, elle a conservé l'attitude positive qu'elle avait promis d'employer et a certainement «ménagé» ses adversaires. Par contre, étant la seule qui n'a jamais siégé à l'Assemblée nationale, elle n'avait aucun bilan à défendre ce qui lui a évité d'être attaquée. En ne critiquant pas ses adversaires, elle a malgré tout laissé ceux-ci débattre, lui faisant perdre beaucoup de visibilité. En demeurant hors de la mêlée, Françoise David n'a pas su vendre efficacement les idées de son parti. Pour beaucoup d'électeurs, Québec Solidaire ne semblera donc pas être un choix plus attrayant suite à ce débat. Malgré tout, sur le plan strictement de la personne, elle est la gagnante du débat. Les électeurs de Gouin ont maintenant une bonne idée de qui est Françoise David et seront plus susceptibles de lui donner leur vote. L'élection d'un deuxième député permettrait à Québec Solidaire de poursuivre sa montée et devenir une force majeure dans le paysage politique du Québec. Fait à mentionner, Françoise David a fait le plaidoyer pour l'indépendance le plus convaincant de sa vie politique. Alors qu'elle s'empressait toujours d'affirmer que l'indépendance n'était qu'un moyen d'améliorer la répartition de la richesse au Québec, elle a fait un plaidoyer qui a dissipé les doutes sur l'engagement de QS, reprenant même Pauline Marois en lui disant qu'on ne fait pas l'indépendance en opposition aux autres, mais plutôt pour soi-même. Comme elle ne participera pas aux débats présentés par TVA, l'effet de ce débat pour Québec Solidaire risque de se limiter à Gouin.
Pauline Marois
Sans pour autant faire de gains majeurs, Pauline Marois a réussi à conserver sa position tout en démontrant qu'elle était la mieux positionnée pour devenir première ministre. L'air détendu, elle a bien répondu la plupart du temps, attaquant ses adversaires et leurs idées tout en évitant de se retrouver sur la défensive. Ses répliques étaient parfois excellentes, comme lorsqu'elle a dit à Legault que «Duchesneau trancherait» sur la question du privé en santé et lorsqu'elle lui a dit qu'il était un débat en retard. Parfois, comme ses deux principaux adversaires, elle partait la «cassette» et évitait les questions, mais finissait par répondre la plupart du temps. Avec son ton rassurant, elle a promis aux Québécois qu'il n'y aura pas de coupures dans les services et pas d'augmentations de taxes, ce qui pourrait lui permettre de consolider ses acquis chez les électeurs qui regardaient encore ailleurs. Elle a également « piégé » Legault en lui faisant dire qu'il n'avait rien vu d'illégal au niveau du financement du Parti Québécois, ce qui lui sera utile pour amoindrir l'effet Duchesneau. Bref, elle a bien vanté son parti et ses idées et a mieux fait que Legault et Charest, sans pour autant avoir dominé le débat.
Conclusion : Victoire des femmes au débat des chefs de 2012

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Maxime Duchesne25 articles

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Maxime Duchesne est présentement étudiant à HEC Montréal et travaille au Parlement du Canada comme employé contractuel.

Il est détenteur d'une maîtrise en Science politique de l’Université de Montréal depuis novembre 2012 et d'un baccalauréat en Science politique de la même université depuis 2010.

Ses études l’ont mené à passer un trimestre en Chine et à effectuer un stage au Parlement du Canada pour le compte d’un député fédéral. Cette dernière expérience lui a permis d’obtenir un emploi comme adjoint parlementaire contractuel.

Il a également été membre des Forces canadiennes durant plus de six ans. Ses études universitaires se sont centrées autour de la politique québécoise, le nationalisme, la gouvernance et les affaires publiques.

Il détient également un DEC du Collège de Maisonneuve en Informatique de gestion.





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