LES DÉCLARATIONS DE MICHEL TREMBLAY

Bernard Landry précise ses propos

2006 textes seuls

Lettre de Bernard Landry
_ PC 14 avril 2006
C'est autant comme militant indépendantiste que comme admirateur inconditionnel de Michel Tremblay que j'ai été bouleversé par la manchette de La Presse annonçant à la une, le jour de l'élection partielle, que notre grand dramaturge « ne croyait plus à la souveraineté ». J'ai été profondément attristé et remué par cette nouvelle et je n'ai pas honte de ces sentiments après 35 ans de lutte pour l'indépendance nationale.
La raison sommairement invoquée d'obsession économique m'apparaissait fausse et ne justifiait aucunement de mon point de vue un aussi spectaculaire abandon. D'autant plus que Michel Tremblay, il y a quelques mois à peine, avait appuyé André Boisclair pour diriger un parti dont la raison d'être principale est l'indépendance. Quelle peut-être la logique d'un tel appui quand on ne croit pas à la cause que l'homme et son parti incarnent!
J'ai cru de mon devoir d'expliquer publiquement mon désaccord à travers plusieurs médias qui m'ont sollicité. Je l'ai fait en termes modérés tout en soulignant mon respect pour Tremblay et sa liberté de parole. J'ai insisté lourdement sur le droit de chacun de changer d'idée en démocratie. Soulignant que c'est ainsi d'ailleurs que la souveraineté est passée en quelques décennies de la marginalité à la quasi majorité de 1995.
On remarquera que je n'ai nullement critiqué la position de Robert Lepage même si elle était également critique car je n'y ai trouvé aucune des incohérences que j'ai cru devoir relever chez Tremblay.
Par ailleurs, je n'ai jamais dit que je boycotterais l'œuvre de Michel Tremblay que j'ai lue ou vue en entier depuis longtemps (il ne me manquait qu'Hosanna et j'y suis allé le mois dernier!). J'ai simplement exprimé le vœux, peut-être moins clairement dans certains médias que dans d'autres, que je souhaitais tout simplement que Michel Tremblay s'explique avant que je n'assiste à une prochaine représentation. Fort heureusement il l'a fait quelques jours plus tard et a dit dans sa mise au point qu'il a été mal interprété - cela arrive - et qu'il est toujours souverainiste.
J'aurais continué de toute manière à apprécier ses œuvres mais je sais maintenant que chaque fois que le ferai mon émotion esthétique sera enrichie par celle de savoir que le talentueux auteur veut encore, comme moi et des millions d'autres, que notre nation soit libre.
Bernard Landry
_ Ancien Premier ministre
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Bernard Landry précise ses propos
Hugo de Grandpré
La Presse
_ Le samedi 15 avril 2006
Les déclarations de Michel Tremblay et de Robert Lepage continuent de faire réagir les souverainistes. Tandis que Victor-Lévy Beaulieu tourne sa verve vers le Parti québécois, Bernard Landry et Gilles Duceppe ont tous deux précisé leurs propos de cette semaine.
Dans une lettre publiée dans nos pages aujourd'hui, l'ancien premier ministre Bernard Landry nie avoir dit qu'il boycotterait l'oeuvre de Michel Tremblay. « Je souhaitais tout simplement que Michel Tremblay s'explique avant que je n'assiste à une prochaine représentation », écrit-il.
Il y a quelques jours, M. Landry a sommé l'auteur de préciser sa pensée avant qu'il ne retourne voir l'une de ses pièces. « Je les ai toutes vues, avait-il dit à La Presse. Maintenant, ce que je veux voir de Michel Tremblay, ce sont des explications. »
L'ex-politicien justifie sa réaction dans l'affaire en précisant qu'il a été surpris d'entendre de telles déclarations venant d'une personne qui a appuyé André Boisclair lors de la dernière course à la direction du PQ.
« J'aurais continué de toute manière à apprécier ses oeuvres, mais je sais maintenant que, chaque fois que je le ferai, mon émotion esthétique sera enrichie par celle de savoir que le talentueux auteur veut encore, comme moi et des millions d'autres, que notre nation soit libre », conclut-il.
La controverse bat son plein depuis un entretien rapporté par la Presse Canadienne dimanche dernier, dans lequel M. Tremblay a dénoncé la place occupée par l'économie dans le discours souverainiste et affirmé ne plus croire en la souveraineté. Deux jours après, le célèbre dramaturge est revenu sur ses paroles pour se proclamer séparatiste.
De son côté, le metteur en scène Robert Lepage a aussi avoué qu'il se questionnait. Il croit qu'il faut interroger le Parti québécois sur ce qu'il est devenu et sur le projet souverainiste. « Je n'ai nullement critiqué la position de Robert Lepage même si elle était également critique, car je n'y ai trouvé aucune des incohérences que j'ai cru devoir relever chez Tremblay », a précisé à ce propos l'ancien premier ministre.
VLB critique le PQ
Dans [une lettre publiée dans différents médias hier->928], Victor-Lévy Beaulieu s'est fait plus incisif que l'ancien chef, même si sa colère des derniers jours semble s'apaiser.
« Ce monde-là met dans le même sac l'idée d'indépendance et le PQ, le véhicule qu'on a privilégié pour nous mener à la libération nationale », dit-il au sujet des deux artistes.
Rappelant que les indépendantistes souhaitent « rêver grand » et être passionnés, il ajoute : « Quand le PQ comprendra à nouveau cette petite chose toute simple et se mettra à la promouvoir efficacement, les fédéralistes n'auront qu'à bien se tenir. »
Pour sa part, le [chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe->927], a fait mine de mal comprendre le sens de toute cette agitation. « Je constate qu'aucune de ces déclarations ne remet en cause l'importance de réaliser la souveraineté du Québec, a-t-il écrit. Il s'agit, au contraire, de l'expression de la diversité des points de vue. »
Il invite du coup les Québécois à imiter les deux hommes. Plus tôt cette semaine, M. Duceppe avait jugé « très rapide » la réaction de Bernard Landry.


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