(Ottawa) Malgré les réticences à peine voilées de ses députés et le mécontentement de plusieurs militants, Mario Beaulieu affirme que le Bloc québécois sera bientôt «plus uni que jamais» sous sa gouverne.
Le nouveau chef bloquiste est resté serein, lundi, face aux réactions houleuses provoquées par son élection à la tête du parti souverainiste.
«C'est sûr que tout changement peut créer une insécurité mais je pense que les gens sont tout à fait intéressés à ce qu'on fasse équipe, a-t-il indiqué en entrevue. Je suis un homme d'équipe et je pense qu'on va faire front commun.»
Annoncée samedi, la victoire de M. Beaulieu a provoqué une onde de choc au sein de la formation souverainiste. Sur les réseaux sociaux, plusieurs militants ont affirmé leur déception face à l'élection de cet indépendantiste associé au courant «pur et dur».
Le militant montréalais Jerry Beaudoin a publiquement annoncé sa démission du parti. L'ancien chef Gilles Duceppe est parti en trombe après l'annonce de la victoire du nouveau chef, ulcéré que ses sympathisants scandent le slogan felquiste «Nous vaincrons».
À cela s'ajoute l'accueil tiède que les élus bloquistes ont réservé à M. Beaulieu. Les trois députés qui n'étaient pas dans la course avaient appuyé leur collègue André Bellavance.
Le député de Jonquière-Alma, Claude Patry, a songé à quitter le Bloc québécois après l'annonce du résultat. Il est finalement rentré dans le rang, 24 heures après avoir eu une conversation téléphonique avec son nouveau chef.
Quant à André Bellavance, il n'a pas voulu confirmer s'il se présentera de nouveau pour le Bloc aux élections de 2015, lors d'une conférence de presse à Victoriaville.
Optimiste
Mario Beaulieu reste optimiste. Il estime que la démission de M. Beaudoin est un «cas isolé» et que plusieurs présidents de circonscription l'ont contacté pour confirmer leur appui.
Quant aux élus, il note qu'ils se sont tous ralliés au verdict des membres.
«Je pense qu'on va former un Bloc québécois plus uni que jamais», a-t-il affirmé.
Le député Jean-François Fortin convient que plusieurs bloquistes sont «mécontents» du résultat de la course à la direction. Selon lui, «la balle est dans le camp de M. Beaulieu» pour rétablir l'unité du parti.
«Il n'y a pas de mouvement de fond, mais beaucoup de militants sont attentifs, a dit M. Fortin. Ils regardent ce que M. Beaulieu va faire comme geste d'ouverture, de compréhension, d'unité et de réconciliation, puis ils vont porter un jugement d'après les gestes que Mario va poser.»
Pas pressé de siéger à Ottawa
Mario Beaulieu n'entend pas profiter d'une éventuelle élection partielle pour tenter de se faire élire à la Chambre des communes. Il compte plutôt sillonner les circonscriptions québécoises pour préparer les prochaines élections, en 2015.
Il va par ailleurs se rendre à Ottawa dans les prochains jours pour rencontrer le personnel bloquiste qui s'y trouve et faire le point sur ses intentions.
Réactions à Ottawa
Le ministre québécois Maxime Bernier a invité les bloquistes déçus à se rallier au Parti conservateur, lundi, dans la foulée de la victoire de Mario Beaulieu. «Le Bloc québécois se radicalise, il devient de moins en moins pertinent à Ottawa», a-t-il lancé à sa sortie des Communes.
L'arrivée de Mario Beaulieu à la tête du Bloc renforce la position, déjà dominante, du NPD au Québec, estime-t-on dans le camp de Thomas Mulcair. «Je pense que ça va consolider l'appui des Québécois au NPD pour les prochaines élections fédérales», a indiqué le député Alexandre Boulerice.
Les libéraux ont réagi avec modération à l'élection de Mario Beaulieu. «Ce n'est pas à moi de me prononcer sur ces choses-là, je ne suis pas un membre du Bloc», a résumé le député Marc Garneau. Mais en privé, on juge que le Bloc s'est «radicalisé» et «marginalisé» avec ce chef associé à l'aile «pure et dure» qui ne siège pas aux Communes.
- Avec Yanick Poisson de La Tribune
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