On sent tous que ce pourrait être la fin, comme un manque de souffle. Pour la plupart d'entre nous, c'est tout simplement inacceptable, alors on nie, on cherche à comprendre, on tente de trouver des raisons raisonnables, on se demande ce qui a bien pu se passer d'impassable...
Un ordre nouveau ? Ou un simple changement ? Un peuple qui veut vraiment sortir de sa dépendance politique ne vote pas pour un parti qu'il ne connaît pas, et surtout, ne rejette pas bêtement un autre parti qui défend bec et ongle ses intérêts depuis plus de vingt ans, et qui le fait mieux que quiconque ne l'a jamais fait dans ce pays de merde qui s'appelle Canada. Alors ?
Alors je ne vois plus qu'une seule chose : le début de la fin du PQ, tout comme 1960 sonna le début de la fin de l'UN ! Va y avoir des sursauts bien sûr, des tentatives de redressements, peut-être même un nouveau cheuf. Et quoi encore... ? mais je crois que l'issu est inexorable, et qu'il faut regarder plus creux, plus loin.
Parce que si j'ai bien compris l'affaire, le coup de bat de base-ball en plein front n'est pas venu des démissions au PQ, mais bel et bien des 57 nobodys qu'on a élus au fédéral. Comme si bon soir, toute la smala a décidé d'aller manger du St-Hubert à St-Hubert fait qu'y en a un qui a dit :
— Heil, ça l'air qu'y font des BBQ à l'orange astheure... les gars en parlent au bureau...
Pis mon autre...
— Ouais... moi j'ai vu ça sur Facebook, ça l'air bon en tabarnouche ... en tous les cas, c'est nouveau pis ça ferait changement...
Z'ont presque tous commandé des BBQ à l'orange. M'ême qu'ils ont tellement aimé ça qu'y disent qu'ils ne regrettent pas, et qu'ils vont en commander encore la prochaine fois. Ç'a même l'air que les Chinois en raffolent...
C'est le début d'un temps nouveau...On chantait ça, début '70... Et on savait, on sentait que plus rien ne serait désormais pareil. On arrivait, nous, les baby boomers, avec nos rêves en bandouillière, et la prétention d'imposer nos rêves et nos gueules à l'Histoire. C'était NOTRE tour, on allait voir ce qu'on allait voir... !
Hier après-midi, au bar Verre bouteille, sur Mt-Royal, un groupe de jeunes musiciens installaient leurs instruments, machins et beubelles ; des beaux kids, de toutes les couleurs et tous, tout le groupe parlais français-québécois. Leurs chansons : rien qu'en Anglais ! Ça me met toujours en tabarnak !
Alors je me demandais mais qu'est-ce qu'ils ont au juste, de si différents? Sont comme moi pourtant, comme nous, comme mes petits-fils vont être dans quelques années peut-être (on espère toujours.. ?). On a la même culture, le même territoire, la même langue, avec la même musique... Mais pas les mêmes blessures, je suppose, les mêmes griefs, le même désir de pays. Aussi bien sûr, avec leurs I Pod, leurs pas Pod, leur cellulaire et machines de toutes sortes, sont comme toute pognés dans un spaghetti de fils Radio Shak... bref, c'est complètement AUTRE CHOSE. Je crois vraiment qu'il faut avoir vingt ans pour comprendre.
En écrivant ces mots, je me demande si je ne suis pas en train mettre un plaster sur mes bobos de pays, d'atténuer la menace réelle d'assimilation à moyen terme. Eux, c'est un territoire dont ils semblent avoir besoin alors que nous, c'est un pays qu'on voulait, et qu'on veut encore : EXISTER !
Oh ! en passant petit, on aimerait aussi bien ça avoir un pont Champlain flambant mais là, faut demander à papa Harper. Et même en lui jouant du pipo, pas sûr que ça va marcher...
Cela se nomme la dépendance.
André Vincent