Aux États-Unis, l’emploi rit et le commerce pleure

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Le commerce américain se recentre sur ses voisins immédiats au détriment de la Chine


L’économie américaine ralentit, mais continue de bien faire, avec une création d’emplois soutenue en dépit d’un contexte mondial et de tensions commerciales qui plombent son commerce et la confiance de ses entreprises.


Les États-Unis ont gagné 164 000 nouveaux emplois nets en juillet, a rapporté le département américain du Travail vendredi. En recul par rapport au mois précédent (193 000 emplois), ce résultat est toutefois bien supérieur aux 100 000 emplois nécessaires pour absorber la croissance naturelle de la main-d’oeuvre dans le pays et remarquable alors qu’il battait au même moment le record de la plus longue période de croissance ininterrompue de son histoire.


Tout près de son plus bas niveau en 50 ans, le taux de chômage est demeuré à 3,7 % le mois dernier, ce qui semble confirmer qu’il resterait encore de la main-d’oeuvre sous-utilisée. D’autres mesures, qui tiennent compte du travail à temps partiel involontaire et des chômeurs découragés qui ne se donnent plus la peine de chercher un emploi, estiment d’ailleurs la véritable ampleur du problème à près du double (7 %).


Les employeurs ont malgré tout de plus en plus de mal à trouver et à conserver les travailleurs dont ils ont besoin, si l’on en juge par la hausse de 3,1 % à 3,2 % de l’augmentation moyenne des salaires horaires. Selon le site de recherche d’emplois Indeed, ces augmentations salariales sont plus élevées (+4,6 %) dans les industries où les salaires sont les plus bas que pour les emplois les mieux payés (+2,5 %).


Une économie qui ralentit


La création moyenne de 165 000 emplois par mois depuis le début de l’année marque néanmoins un ralentissement par rapport à la moyenne mensuelle de 223 000 emplois pour la même période l’an dernier.


Cette tendance s’inscrit parfaitement dans ce que révélaient les statistiques sur la croissance économique américaine dévoilées, il y a une semaine, et qui rapportaient une modération du rythme d’expansion de 3,1 %, au premier trimestre de l’année, à 2,1 % pour les trois mois suivants. Cette croissance, disait-on, est essentiellement portée par une consommation des ménages américains plus forte que le commerce extérieur et l’investissement des entreprises actuellement plombés par la morosité de l’économie mondiale et les guerres commerciales.


C’est principalement en réaction à ce contexte extérieur, et pour épauler les consommateurs américains, que la Réserve fédérale américaine a réduit ses taux d’intérêt mercredi pour la première fois depuis la Grande Récession. Depuis, la situation s’est encore compliquée, le président américain, Donald Trump, menaçant désormais la Chine d’ajouter aux 25 % de droits de douane qu’il impose déjà sur 250 milliards d’exportations de la Chine un autre tarif de 10 % sur les 300 milliards d’exportations chinoises aux États-Unis restantes, dont principalement des biens de consommation comme des téléphones portables, des vêtements, des télévisions, de l’équipement de sport et des jouets.



164 000

C’est le nombre d’emplois nets gagnés aux États-Unis en juillet 2019, selon le département américain du Travail.


Le commerce en berne


Cette stratégie ne réussit pas aux exportateurs américains, à en croire les derniers chiffres du département américain du Commerce dévoilés vendredi qui rapportaient une baisse en juin à la fois des exportations (–2,6 %) et des importations (–2,1 %). Si les États-Unis ont sensiblement réduit leur déficit commercial avec la Chine depuis le début de l’année par rapport à la même période en 2018 (–167 milliards contre –186 milliards), cela ne leur a pas permis, dans l’ensemble, d’augmenter leurs exportations de biens et services (824 milliards contre 830 milliards), ni d’améliorer leur balance commerciale (–412 milliards contre –404 milliards).


L’opération aura toutefois permis au Mexique et au Canada de passer pour la première fois depuis 2005 devant la Chine, comme principaux partenaires commerciaux des États-Unis, observait vendredi TheWall Street Journal, avec respectivement 15 % et 14,9 % de l’ensemble des importations et exportations américaines de biens durant la première moitié de 2019, contre 13,2 % pour la Chine.


Le Canada, de son côté, a aussi vu reculer ses exportations (–5,1 % à 50,3 milliards) et ses importations (–4,3 % à 50,2 milliards) en juin, ce qui lui a permis, pour un deuxième mois consécutif, d’enregistrer un léger surplus de 556 millions, a rapporté Statistique Canada vendredi. C’était mieux que les 778 millions de déficits à la même période l’an dernier, alors que les exportations totales de biens étaient de 0,9 % plus élevées et les importations, de 2,7 % plus élevées. L’excédent commercial est resté particulièrement élevé avec les États-Unis, à 5,7 milliards, soit presque autant que le surplus de 5,9 milliards du mois précédent qui marquait un sommet depuis 2008.


Généralement réparties dans l’ensemble des principales industries, ces tendances devraient avoir contribué à une belle remontée de la croissance économique au deuxième trimestre au Canada, a prédit l’économiste de la Banque de Montréal, Robert Kavcic, dans une analyse vendredi. Il pourra en avoir le coeur net lors de la diffusion des statistiques officielles prévue à la fin du mois.


 

Guerre de tarifs entre voisins


Les entreprises de chaque côté de la frontière américaine ont fait comme elles ont pu pour limiter l’effet des tarifs américains dans l’acier et l’aluminium et de leurs représailles canadiennes, a rapporté vendredi Statistique Canada. Profitant du fait que juin était le premier mois complet depuis la fin de cette bataille commerciale pour en dresser un premier bilan, l’agence fédérale constate que, de part et d’autre, les ventes des produits touchés ont bondi juste avant l’entrée en vigueur des droits de douane, l’été dernier, pour retomber brutalement après, et continuer de fondre ensuite, jusqu’à la trêve, qui semble amener un rebond. Le fait que les droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium canadien soient passés, durant le conflit, d’une moyenne mensuelle de 24 millions à 205 millions, contre une hausse, du côté canadien, de 47 millions à 190 millions, explique peut-être pourquoi cette évolution semble avoir été plus brutale pour les exportations canadiennes.



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