Vivant au Pakistan, pays qui comprend la deuxième population musulmane du monde, Asia Bibi, fermière et mère de trois filles, a été arrêtée en 2009 et emprisonnée depuis. Cette chrétienne a été condamnée à mort en première et en deuxième instance en vertu de la loi pakistanaise de 1986 interdisant le blasphème envers l’islam et son prophète. Elle a été inculpée pour avoir bu à un puits réservé aux musulmans et en avoir ainsi « souillé » l’eau du seul fait qu’elle est chrétienne.
En octobre dernier, la Cour suprême l’a acquittée. Cet acquittement a déclenché de violentes manifestations à travers tout le Pakistan. Une multitude de musulmans fondamentalistes ont bloqué les artères des principales villes pendant trois jours. Pour calmer les protestataires, le gouvernement s’est engagé à interdire à Asia Bibi de quitter le pays et à ne pas s’opposer à une requête en révision de jugement. Les fondamentalistes dont de nombreux parlementaires et chefs religieux continuent à exiger la mort non seulement de cette chrétienne mais aussi de tous ceux qui voudraient lui porter assistance. Rappelons que le gouverneur du Pendjad, Salman Taseer, et le ministre fédéral des minorités religieuses, Shasbaz Bhatti, ont été assassinés en 2011 parce qu’ils soutenaient Asia Bibi et qu’ils s’opposaient à la loi anti-blasphème.
Le gouvernement britannique vient de refuser la demande d’asile politique d’Asia Bibi et de sa famille par crainte de troubles que leur venue pourrait faire éclater parmi l’importante communauté pakistanaise établie en Grande Bretagne. Le délit de blasphème envers l’islam a donc maintenant des répercussions internationales. Il s’impose au point de forcer une société libérale comme la Grande Bretagne à manquer à ses engagements humanitaires.
On peut espérer que le Canada ne pliera pas devant de telles pressions. Le Premier ministre Justin Trudeau a indiqué récemment que son gouvernement menait des discussions avec les autorités pakistanaises en vue d'accueillir la chrétienne menacée dans son pays. Il faut s’en réjouir, car le gouvernement canadien a le devoir de tout mettre en œuvre pour offrir l’hospitalité à Asia Bibi et aux membres de sa famille. Cette triste affaire devrait aussi amener les musulmans canadiens à dénoncer l’intolérance et le fanatisme qui sévissent au Pakistan au nom de leur religion.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé