Dans la foulée des révélations de notre Bureau d’enquête, la pression des élus de l’Assemblée nationale s’accentue sur l’Unité permanente anticorruption (UPAC) afin d’obtenir des explications sur l’arrestation du député de Chomedey, Guy Ouellette.
Exception faite d’un communiqué laconique sur l’opération menée jeudi dernier, l’UPAC n’a encore donné aucune explication sur cette arrestation qui ébranle toute la classe politique.
À cela s’ajoutent les allégations d’irrégularités à l’UPAC avancées par l’analyste en matière de corruption, Annie Trudel.
Tel que révélé dans nos pages, lundi, Mme Trudel, qui a aussi été appréhendée brièvement par les policiers, la semaine dernière, croit que M. Ouellette a été arrêté parce qu’il s’apprêtait à dévoiler un stratagème impliquant l’UPAC, l’Autorité des marchés financiers (AMF) et une firme de consultants.
La confiance s’effrite
À la lumière de ces nouvelles informations, « ça commence à être difficile » d’avoir confiance en l’UPAC, a réagi le chef péquiste Jean-François Lisée, sur les ondes du 98,5, lundi matin.
« Le silence de l’UPAC est très lourd », a commenté le leader parlementaire de l’opposition officielle, Pascal Bérubé, qui presse le commissaire à la lutte contre la corruption, Robert Lafrenière, de convoquer la presse et d’expliquer ce qui s’est passé.
« Le Québec entier souhaite qu’il y ait plus d’explications, ça c’est évident », a indiqué de son côté le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier.
Plus le temps passe, plus il y a « de questions que de réponses », a-t-il affirmé. « Plus on en sait, mieux ce serait », a ajouté M. Fournier.
Ouellette à l’Assemblée nationale
Au Parti libéral, le député de Montmorency, Raymond Bernier, a été l’un des premiers à réagir en invitant Guy Ouellette à venir à l’Assemblée nationale afin de révéler ce qu’il sait.
À l’instar du Parti québécois, Québec solidaire encourage M. Ouellette à profiter de son immunité parlementaire pour se faire entendre à l’Assemblée nationale.
« Nous allons tout faire pour qu’il puisse témoigner en toute sécurité », a dit le député solidaire de Mercier, Amir Khadir.
Le Parti québécois déposera, mardi, une motion invitant M. Ouellette et M. Lafrenière à se faire entendre par la Commission des institutions.
Du côté de la Coalition avenir Québec, on suggère minimalement un mandat d’initiative dans le cadre duquel M. Ouellette, M. Lafrenière et Mme Trudel pourraient comparaitre devant les élus en commission parlementaire.
« C’est une situation sans précédent au Québec », a souligné le leader parlementaire de la CAQ, François Bonnardel, qui est prêt à ce que les auditions se déroulent en partie à huis clos, si nécessaire.
Réaction gouvernementale à 16h30
Au moment d’écrire ces lignes, c’était toujours silence radio du côté du premier ministre Philippe Couillard.
« Nous allons laisser l’enquête suivre son cours », s’est limitée à dire Laurie Genest, attachée de presse de la whip en chef du gouvernement, Nicole Ménard et de la présidente du caucus libéral, Filomena Rotiroti.
Les ministres Martin Coiteux, Pierre Arcand et Robert Poëti ont convoqué la presse à 16h30 afin de faire le point. Selon ce qu’il a été possible d’apprendre, ils annonceront la tenue d’une vérification indépendante à l’AMF.
Par voie de communiqué, l'Autorité des marchés financiers a tenue lundi avant-midi « à démentir haut et fort » les allégations parues dans les pages du Journal.
« Ces allégations sont non seulement fausses et d'une totale gratuité, mais elles entachent la réputation et l'intégrité de l'ensemble du personnel de l'Autorité », déplore l’organisme.