La campagne de sensibilisation invitant les communautés culturelles de Montréal à se faire vacciner semble porter ses fruits dès que l’on brise la barrière de la langue.
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« À partir du moment où on peut parler la langue maternelle de la personne, c’est vraiment plus facile. Le lien de confiance est plus là », explique Caroline Blier-Langdeau, coordonnatrice de la lutte à la COVID-19 de l’organisme Vivre Saint-Michel en santé.
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Caroline Blier-Langdeau. Vivre Saint-Michel en santé
En collaboration avec le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Mme Blier-Langdeau et une dizaine d’autres travailleurs ont sillonné dépanneurs, épiceries et autres commerces de proximité dans le secteur du Petit Maghreb, hier, afin d’informer les passants du déploiement de cliniques sans rendez--vous à partir de jeudi.
Arabe, créole, espagnol, portugais : cette équipe peut s’exprimer en une dizaine de langues, un atout crucial afin de faire adhérer la population locale à la vaccination.
« On commence à se dire qu’il faudrait aussi intervenir en vietnamien », indique Richard Perreault, organisateur communautaire du CLSC de Saint-Michel.
Amjad Maadeni peut en témoigner. Ce membre de la brigade de sensibilisation soutient que ses échanges sont « beaucoup plus efficaces » lorsqu’il s’exprime en arabe avec ceux dont c’est la langue maternelle, si bien que plusieurs repartent avec beaucoup moins de scepticisme face au vaccin.
« Ça facilite le passage de l’information, dit-il. Ils ont beaucoup de questions à poser. On passe parfois 20 minutes à parler. Au début, ils hésitent et à la fin, ils prennent le dépliant et iront probablement se faire vacciner. »
Retard à combler
Dans le quartier, la campagne de vaccination accuse un retard. Seulement 65 % de la population admissible a reçu sa première dose, alors que ce taux varie de 70 % à 75 % dans les autres secteurs couverts par le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.
Outre la langue, l’accès à l’information est un autre défi à relever. Plusieurs ne consultent pas les médias québécois ou n’y ont pas accès à internet, faute de moyens, explique Richard Perreault.
Rapprocher le vaccin de ces populations est un autre facteur clé.
« C’est un quartier extrêmement enclavé, mentionne Caroline Blier-Langdeau. Quand les cliniques sont éloignées, c’est extrêmement difficile pour les gens. Plusieurs dépendent du transport en commun, et même faire un déplacement en autobus peut être coûteux pour certains. »
« Les grands centres de vaccination, c’est malcommode pour les gens du quartier », pense Yvon Perreault, 74 ans, qui a discuté avec la brigade en se rendant à l’épicerie.
La fréquentation des cliniques éphémères a dépassé les attentes au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, qui a tenté l’expérience entre le 25 mars et le 12 avril. Un total d’environ 1200 doses y ont été administrées dans 20 endroits.
La clé du succès ? La collaboration serrée avec des organismes communautaires capables de joindre des centaines de personnes vulnérables.
« On est allé chercher des gens qu’on n’aurait jamais rejoints sans cette initiative », affirme Marie--Hélène Giguère, des relations médias du CIUSSS.