Plus d'une trentaine d'usines fermées, près de 3000 travailleurs mis à pied et plusieurs autres risquant le même sort. La crise qui frappe aujourd'hui l'industrie québécoise de la forêt, la pire de son histoire, est un véritable cataclysme.
Lorsqu'une ville est secouée par un séisme, les premiers secours attendus ne sont pas les urbanistes qui repenseront les zones sinistrées ou les architectes qui concevront des bâtiments plus résistants. Il faut d'abord s'occuper des blessés et des survivants, et éviter que les édifices affectés ne s'effondrent en faisant plus de victimes.
C'est donc un plan d'urgence que le gouvernement Charest a présenté vendredi à Trois-Rivières. Un scénario pour parer au plus pressé.
D'abord, les chômeurs de 55 à 59 ans qui n'ont pas d'espoir de retrouver un emploi. En leur versant une prestation équivalente à celle qu'ils recevraient de la Régie des rentes à leur retraite, Québec leur offre une fin de carrière plus décente que l'aide sociale, qui les aurait forcés à dilapider leur patrimoine.
Ensuite, les entreprises encore en activité. En s'occupant d'aménager les chemins forestiers et de lutter contre les incendies et les ravageurs, Québec leur fera économiser 197 millions. Ce n'est pas rien. Il élargit aussi les critères de son programme de prêts et de garanties de prêts déjà annoncé. Les entreprises peuvent désormais s'en servir pour alimenter leur fonds de roulement ou fusionner avec d'autres. Reste à voir si elles sauront saisir cette nouvelle perche pour se maintenir la tête hors de l'eau et, donc, éviter des pertes d'emplois.
Voilà pour le plan d'urgence. Reste à voir ce qu'on propose pour la reconstruction. Jean Charest a beaucoup insisté sur la nécessité de restructurer l'industrie en attendant la reprise. En effet, on voit difficilement comment la forêt pourrait se soustraire à cette tendance mondiale. Mais il ne faut pas oublier qu'une restructuration permet surtout de faire la même chose plus efficacement.
Or, le Québec a besoin d'une vision beaucoup plus ambitieuse pour ses forêts. Quels produits à valeur ajoutée pourrait-on fabriquer? Comment mettre en valeur ces nouveaux créneaux rapidement? Et, de façon plus large, comment peut-on diversifier l'économie des régions trop dépendantes du bois? Ces questions-là, on aurait dû y répondre bien avant, car la vulnérabilité de l'industrie, et de ses emplois, était connue depuis longtemps.
Le plan présenté vendredi amorce la réflexion. Les fonds qui avaient déjà été annoncés pour aider les communautés à trouver de nouvelles avenues de développement et à financer les projets qui en découleront ont été bonifiés de 45 millions. Les entreprises peuvent aussi utiliser le programme de prêts et de garanties de prêts pour se lancer dans la fabrication de nouveaux produits. Le feront-elles?
De toute façon, il faudra une stratégie beaucoup plus poussée pour rebâtir l'économie des régions ébranlées par cette crise. Il faudra aussi, avant qu'on y déverse des millions, admettre une fois pour toutes que le modèle mono-industriel est trop fragile pour résister aux chocs venus de l'extérieur.
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