Le Québec a servi de monnaie d’échange afin que le reste du Canada soit épargné dans les négociations sur l’ALÉNA 2.0; êtes-vous surpris?
La date butoir était connue depuis longtemps, la date de l’élection au Québec l’était aussi. Déjà il y a quelques jours, on apprenait par le Financial Post que les négociateurs du Canada souhaitaient retarder le plus possible toute annonce d’une entente pour ne pas influencer le vote au Québec...
Ils ont joué leurs cartes à merveille les gens d’Ottawa en annonçant le tout bien après la date de tombée des principaux journaux et surtout en sachant que le jour du scrutin, les journaux font trêve de textes partisans généralement.
On aurait voulu en passer une grosse vite aux Québécois qu’on n’aurait pas fait autrement. Un genre de Nuit des longs couteaux version 2018.
L’ancien candidat du Bloc québécois Charles Mordret a très bien résumé la situation sur sa page Facebook :
« Pendant que la campagne électorale battait son plein au Québec, des représentants canadiens, élus ailleurs, dont on peut raisonnablement penser qu'ils n'avaient pas comme priorité les intérêts du Québec, négociaient derrière des portes closes les détails d'un vaste accord commercial aux retombées colossales pour notre économie, nos choix de société, notre mode de vie, notre culture. À ce qu'on comprend de l'entente, les priorités de l'écrasante majorité des Québécois et de tous les partis politiques à l'Assemblée nationale n'ont pesé pour rien dans la balance.
La question dépasse largement la gestion de l'offre ou l'exception culturelle. J'espère que tous s'en rendent compte. Alors que les Québécois vont voter aujourd'hui, Justin Trudeau doit avoir le courage et la décence de faire face aux citoyens du Québec dès ce matin et leur expliquer au-delà de la petite politique ce qu'il vient de décider en leur nom, sur leur dos et sans tenir compte de leur consensus.
Le régime actuel est nocif et dangereux pour le Québec. Encore une fois nous en avons la démonstration évidente. Il y a de multiples outils pour défendre les intérêts et la souveraineté des Québécois. Il s'agit maintenant d'élire un gouvernement déterminé qui utilisera tout l'arsenal des moyens dont il dispose pour que les intérêts et les valeurs du Québec soient défendus aussi bien voire mieux que sont défendus les intérêts des autres par leur gouvernement. Le Québec aujourd'hui est gouverné, mais il est bien mal représenté et à peu près pas défendu. »
Les producteurs de lait sont furieux...
Même si c’était écrit dans le ciel que les producteurs laitiers, très majoritairement au Québec, écoperaient dans cette négociation, la gifle qu’ils ont reçue est douloureuse. Selon le président des producteurs de lait du Québec Bruno Letendre, « il ne pouvait pas y avoir pire entente pour les producteurs laitiers ».
Le gouvernement de Justin Trudeau a toujours promis de ne rien concéder de la gestion de l’offre et pourtant, en quelques mois seulement, ce gouvernement vient d’en faire sauter près de 10%, soit près d’un mois de travail acharné au cours duquel chaque producteur laitier se verra privé de revenus!
« Avec les 3,59 % qu’Ottawa a cédés aux producteurs américains, c’est une ouverture de 8,79 % qui a été concédée, au total, aux producteurs étrangers par le gouvernement canadien, si on tient compte des 2 % qui ont été cédés dans le traité avec l’Europe et les 3,2 % du Partenariat transpacifique, s’est insurgé Bruno Letendre.
Les producteurs produisent du lait tous les jours donc, 9% de 365 jours. Les producteurs ont perdu 27 ou 28 jours de leurs revenus. »
Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) n’est pas plus content :
« C’est un mois de production de moins et ce ne sont pas des fermes qui font des millions et des millions de bénéfices », souligne pour sa part Marcel Groleau, président de l'Union des producteurs agricoles (UPA), qui arrive aux mêmes conclusions que M. Letendre.
Selon les estimations du président de l'UPA, chaque ferme laitière perdra entre 10 % et 12 % de ses revenus annuels, et ce, sans que ses dépenses ou ses frais fixes diminuent.
Pour Marcel Groleau, il est clair que la gestion de l'offre a été sacrifiée par Ottawa. »
Pas grave. L’important c’est que l’ouragan Trump n’ait pas frappé trop fort en Ontario, dans le secteur de l’automobile notamment. Le chef du Parti libéral du Canada fait le pari que les électeurs ne lui en tiendront pas rigueur dans un an.
Vous croyez que cela inquiète Justin Trudeau? Lui qui selon le dernier sondage fédéral au Québec récolte presque deux fois plus d’appuis que toutes les autres formations politiques...
Charles Mordret a raison, le Québec est gouverné, mais à peu près pas défendu...