[À VOIR] Des «gilets jaunes» atteignent le sommet de l’Arc de triomphe, chaos à Paris

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Le pouvoir d'achat est le réel combat des Gilets jaunes

Barricades, voitures incendiées, vitrines brisées ... Paris a été le théâtre de violents affrontement entre policiers et casseurs en marge des rassemblements de gilets jaunes, ces Français modestes protestant contre la politique fiscale et sociale du gouvernement, qui ne parvient pas à les calmer.


Les heurts ont éclaté en plusieurs points des beaux quartiers parisiens, y compris autour du célèbre Arc de triomphe en haut de l’avenue des Champs-Élysées. Samedi, des manifestants sont même parvenus à monter au sommet de l'Arc de triomphe.


Des gilets jaunes grimpent sur l'Arc de triomphe


Le bilan restait toutefois relativement léger avec 80 blessés recensés, dont 14 parmi les forces de l’ordre.


Le premier ministre Édouard Philippe s’est dit « choqué » par les violences à Paris, alors qu’il y avait encore plusieurs rassemblements de gilets jaunes à Paris à la tombée du jour, à l’Arc de triomphe, rue de Rivoli, ou encore dans le jardin des Tuileries, et que des casseurs, sans gilets jaunes en profitaient pour sévir.


À la nuit tombée, incendies, fumées, barricades, plongeaient certains points de la capitale dans une ambiance insurrectionnelle. De nombreuses voitures ont été incendiées, dont une de police.


Dans l’Ouest parisien, non loin du coeur du pouvoir français, saturé de gaz lacrymogène et des fumées d’incendie de voitures ou de mobiliers urbains, gilets jaunes, casseurs et policiers jouaient au chat et à la souris, au milieu des Parisiens et des touristes qui visitaient ces quartiers commerçants à l’approche des fêtes de Noël.


Sur l’Arc de triomphe, une main avait tagué «Les gilets jaunes vaincront». Sur l’Opéra: «Macron = Louis XVI», le roi guillotiné en 1793.


La place de l’Opéra était couverte d’une épaisse fumée noire en soirée. Une nacelle a été incendiée face au très chic café de la Paix. «Paris debout, soulève-toi», scandait une poignée de manifestants.


Toutes les entrées du café de la Paix avaient été vite barricadées. «C’est fermé», hurle un serveur, qui accepte de mauvaise grâce de laisser entrer une femme et sa fille en larmes.


Sur l’avenue des Champs-Élysées, sécurisée par un quadrillage policier très serré, les manifestants rassemblés dans le calme craignaient que leur message soit éclipsé par les heurts.


«Nous sommes un mouvement pacifique, c’est juste que nous sommes désorganisés», déplorait Dan Lodi, retraité de 68 ans. «Il y a toujours des abrutis venus pour se battre, mais ce n’est pas du tout représentatif» du mouvement, très largement soutenu par une majorité de Français, selon les sondages.


«Il faut qu’il (Macron) descende de son piédestal, qu’il comprenne que le problème c’est pas la taxe, c’est le pouvoir d’achat. Tous les mois je dois piocher dans mon livret d’épargne», dénonçait Chantal, retraitée de 61 ans.


Heurts aussi en province


Selon les autorités, environ 75 000 manifestants ont été recensés en France, moins que lors des deux précédentes journées de mobilisation. Ailleurs en France plusieurs rassemblements de gilets jaunes se sont déroulés, pour beaucoup calmement, mais certains heurts ont aussi émaillé ces rassemblements.


Des dégradations «importantes» ont été commises samedi à Charleville-Mézières (Ardennes) en marge d’une manifestation des «gilets jaunes». Des heurts ont éclaté aussi à Bordeaux ou à Strasbourg, mais ces violences sont sans commune mesure avec celles de la capitale.


Désarçonné par ce mouvement né des réseaux sociaux, hors de tout cadre politique ou syndical, qui demande de la «considération» à des élites jugées déconnectées, le pouvoir peine à apporter une réponse.


Au sein de la majorité présidentielle, l’inquiétude monte devant le rejet exprimé, au point que l’idée d’un moratoire sur la hausse des taxes sur le carburant commence à faire débat.


L’opposition, de droite comme de gauche, est en embuscade, tout en se défendant de toute volonté de récupération.


«Le pays tout entier est en mouvement», s’est félicité le dirigeant de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon qui manifestait dans sa circonscription de Marseille (sud), avant d’appeler Emmanuel Macron à «céder» devant cette «révolution populaire et citoyenne».


Ce mouvement de colère commence à déborder les frontières de l’Hexagone : deux véhicules de police ont été incendiés vendredi soir à Bruxelles, à la fin d’une manifestation d’environ 300 «gilets jaunes», la première du genre organisée dans la capitale belge.


Aux Pays-Bas également, environ 120 gilets jaunes ont manifestement paisiblement devant le Parlement à La Haye.