À la mémoire de Chevalier de Lorimier

Émergera-t-il de notre erranceUne saison de libertéUne poésie d’allégresse, de victoire et de conquête?

Tribune libre 2008


[->mot1944]C’est une poésie de joie brisée

Que celle de mon pays.

Les astres ont beau brandir leur lumière

Notre lutte s’apparente à une étoile qui ne tient plus dans l’azur
Les humains murmurent :

Notre soleil est en vacances

Notre espoir en désespérance

Notre futur se décompose

Au rythme des jours qui se canadiennisent

Qui s’américanisent, qui se mondialisent…
Divisés sur le seul chemin qui nous reste

On ne sait plus où aller pour sortir de l’ombre

Affirmer notre solidarité

Baliser notre combat

Pour chanter comme hier

Quand nous avions un pays dans nos paumes

Une liberté à brandir au-delà des frontières.

Un oiseau blessé loge toujours chez nous

En prendre soin ne suffit plus

Il faut le faire renaître

Lui rappeler ses sons de gorge profonde

De ciels à perte de vue, de vastes prairies.
Notre langue a des frissons d’hiver, des désarrois d’octobre

Témoins muets de notre enfermement diurne

On ne jette plus sa peau sur les pavés

On ne défend plus nos terres

On ne protège plus l’ancêtre

L’arrière-pays même ne touche plus le cœur des villes.
Du frimas sur nos sièges, on courbe la tête

Évitant d’affronter l’inquisiteur, son mépris séculaire.

L’histoire connait bien nos peurs et nos défaillances

Tout sent chez nous l’inconfort des mots,

le rebroussement au fond des méandres,

l’impuissance du combattant solitaire.
Il reste au milieu de nos frontières

Un horizon de bonheur à venir

De défi à relever… au cas où

Où peut-être… qui sait?

Le pays entier se lèverait demain

Debout à grandeur du paysage

Et signerait sa propre indépendance

À la mémoire de Chevalier De Lorimier, de tous nos frères

Morts sur l’échafaud d’hier.
Émergera-t-il de notre errance
Une saison de liberté
Une poésie d’allégresse, de victoire et de conquête?
18 février 08

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France Bonneau39 articles

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France Bonneau est professeure de français auprès des adultes-immigrant-e-s . (MICC)





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1 commentaire

  • Gaston Boivin Répondre

    19 février 2008

    Madame Bonneau, c'est toujours un plaisir de vous lire. Vos mots, dans leur agencement, dans les images qu'ils évoquent et dans leur cadence, savent, sans ménagement et sans défaillance, se tracer un chemin à travers nos misères et nos espérances pour nous inviter, dans la beauté et la dignité, à ne jamais abandonner notre combat pour ce pays, que l'on nous refuse depuis la conquête, et que , depuis lors, certains d'entre nous, par abandon ou aveuglement, nous refusent en se le refusant à eux-mêmes. Mon seul regret est que vos présences sur ce site soient si espacées. Revenez-nous plus souvent!