750,00$ pour rénover la maison familiale de Gilles Vigneault !?
Le gouvernement du Québec investi $450,000 via le ministère de la Culture et des Communications dans le cadre du « fond du patrimoine culturel québécois » ainsi que $300,000 provenant du « programme de développement de l’industrie touristique » par le biais du volet « aide au développement touristique au nord du 49e parallèle » de Tourisme Québec afin que soit menée â terme la rénovation de la maison natale de Gilles Vigneault à Natashquan ainsi que celle de trois autres bâtiments appartenant à la famille Vigneault. Le coût total du projet s’élèverait à plus d’un million de dollars, le gouvernement en assurant les trois quarts.
Mme Marois, accompagnée de notre poète national a qualifié ce projet « des plus importants », Natashquan étant devenu : “Une source d’inspiration pour le Québec”.
Gille Vigneault, à n’en pas douter, est une des figures de proue de la culture québécoise, qu’il soit question de chanson, de poésie, de littérature, qu’on l’associe au monde du spectacle, à la cause nationale pour l’indépendance, que l’on reconnaisse en lui un des grands poètes de la littérature francophone mondiale, que l’on parle d’identité nationale aussi bien que de l’extraordinaire carrière que fut et que continue d’être la sienne.
Cependant, au moment où tout nous manque, où la confiance en nos dirigeants politiques est à son plus bas, où l’économie et la gouvernance des états sont suspectées de toutes les offenses, alors que nous assistons aux incessants reculs du gouvernement du parti Québécois en matière d’engagements et de promesses électorales, au moment ou des mots comme « indépendance » et « émancipation nationale » sont complètement évacués du discours de nos politiciens, voilà que notre ‘première première ministre’ nous annonce une dépense de $750,000 pour un projet « des plus importants » (sic). Mais important pour qui et pour quoi?
Je n’ai rien contre l’idée de créer un lieu de diffusion de la culture et de mémoire d’un de nos plus grands poètes, chanteur, raconteur et folkloriste. Que cependant, compte tenu des circonstances et du climat politique, on se lance dans une dépense de ce genre m’apparaît comme odieusement opportuniste et bassement calculateur; l’électoralisme laissant émaner la nauséabonde odeur du calcul politique et de la manipulation par l’emploi d’images fortes pour mieux masquer l’incurie et l’incompétence.
Si c’est à cela que nous devions nous attendre lorsque Mme Marois parlait de gestes de « gouvernance souverainiste », nous ne pouvons qu’être choqués, nous ne pouvons que désapprouver, nous ne pouvons qu’être déçus du manque de jugement et de flair politique dont un geste comme celui-là est porteur.
Je suis déçu de voir M. Vigneault accepter d’être le centre de cette piètre et discutable décision du gouvernement de Mme Marois, lui qui nous a déjà bien fait entendre ce qu’il pensait des manipulations dont sont capables nos politiciens:
“T’as un problème de dépendance
Ton petit vendeur de peur s’en sert
Tu bats le tambour, c’est lui qui danse
Pis c’est moi qui paye le concert
Entre sa parole et son silence
Entre son été pis son hiver
On voit jamais la différence
Le temps qu’il gagne, c’est le temps qu’on perd”
(Tu peux ravaler ta romance)
Je suis déçu quand je pense à des monuments de notre culture et de notre patrimoine comme l’église du très Saint-Nom-De-Jésus et aux gens du cartier de Maisonneuve pour lesquels on n’investit plus rien et qu’on va laisser tomber, aucun avantage politique ne pouvant en découler. Je suis déçu de voir que l’on coupe un million en santé pour aider les couples qui ont des problèmes de fertilité pour, le même jour, annoncer que l’on va investir une somme à peu près identique pour rénover des maisons familiales faisant partie du patrimoine familial d’un de nos artistes, ce dernier ne me semblant pas être de ceux qui sont sans ressources pour voir ledit patrimoine mis en valeur par ses propres moyens. Je suis déçu d’assister au désolant spectacle de la commission Charbonneau où les avocats des différents partis politiques tentent de discréditer les témoins qui font craquer par leurs révélations le faux marbre des statuts qu’ils érigent pour édifier le bon peuple. Je suis déçu des louvoiements et des reculs de nos gouvernements et de leurs incessants recours à la « fibre nationale », à « l’engagement social » de nos artistes, aux « récompenses et aux médailles » de toutes sortes pour faire briller l’étoile à demi éteinte de leur parti politique.
Je n’ai rien contre l’idée de conserver le patrimoine bâti de la famille Vigneault et d’en faire un repère culturel ou un lieu de diffusion des arts et des lettres. Mais il y a un temps pour tout et il ne me semble pas du tout être le bon. L’argent des citoyens québécois, dans le contexte politique et économique actuel, doit être employé à d’autres fins; la pauvreté, la misère sociale, le manque de ressources à l’aide aux plus démunis et l’investissement dans les secteurs sociaux de la santé, du bien-être, de l’environnement, des infrastructures et de l’éducation devançant de loin les projets de rénovation de la maison de M. Vigneault.
Je ne puis concevoir que ce dernier ne soit pas conscient de cet état de fait et je me désole du manque d’envergure de notre première ministre en matière de « simple bon sens ».