J’aimais bien Denis Coderre au début de son mandat. Au moins, il avait des projets, de l'enthousiasme. Certains voyaient en lui un nouveau Jean Drapeau, un visionnaire qui allait remettre Montréal sur la carte et assainir les finances de la ville.
(Comme si elle l’avait déjà quittée.)
Mais quand j’apprends que la promenade Fleuve-Montagne, un autre projet du 375e, inaugurée ce matin qui relie le Mont-Royal et le Saint-Laurent a coûté 55 millions $ - 13 millions $ de plus que prévu et livré en retard - pour un tracé piétonnier de 3,8 km, la vapeur me sort par les oreilles.
Cinquante-cinq millions de dollars pour une promenade piétonnière ?
En même temps, Radio-Canada rapporte que l’état des rues à Montréal continue de se dégrader.
Blablabla
Il fallait entendre les niaiseries débitées lors de l’inauguration ce matin : « Conçue à l'échelle humaine, la promenade Fleuve-Montagne est une occasion unique pour le promeneur de vivre la ville au quotidien, d'occuper l'espace, et d'y découvrir un parcours rehaussé d'expériences conviviales, d'agriculture urbaine et d'œuvres d'art. Une opportunité supplémentaire de bien vivre ensemble. »
Euh, vivre la ville au quotidien, occuper l’espace, offrir des expériences conviviales, bien vivre ensemble coûte 55 M $ ? Bien des gens le font gratuitement tous les jours de leur vie.
J’oubliais, le parcours, ‘riche en végétaux’, met aussi en valeur ‘l’agriculture urbaine et des œuvres d’art’. Aussi belles que l’affreuse roue en acier galvanisé au coin de Pie IX et Henri-Bourassa ou les ‘étrons’ d’arbres du Mont-Royal ?
Citoyennes et citoyens, soyez rassurés : Il s’agit d’un ‘legs ralliant le passé au présent, avec un regard tourné vers l’avenir.’
zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz
Le communiqué de presse venant du cabinet du maire est un chef d’œuvre de cuisine sous-vide. Quand un communiqué venant d’instances politiques dépasse 250 mots, il y a anguille sous roche, et rien d’autre.
Les 1014 mots de celui-ci ne font qu’étaler l’absurdité d’avoir ‘investi’ 55 M$ dans une banale promenade piétonnière.
Surtout que l’idée a été empruntée à d’autres qui ont fait beaucoup mieux pour beaucoup moins.
L’exemple de Boston
J’adore Boston, un modèle pour Montréal disait Jacques Parizeau. Temple de l'Histoire, c'est la ville où a commencé la Révolution américaine.
Boston est sillonnée par une simple ligne rouge, appelée la Freedom Trail, qui relie les hauts-lieux de l’histoire de Boston. On peut suivre le trajet seul ou se joindre à une visite guidée.
Lancée en 1951 par deux citoyens ‘ordinaires’, l’idée du Freedom Trail s’est rendue aux oreilles du maire de l’époque qui a été séduit par ce projet de créer une attraction touristique à peu de frais.
Le projet a été réalisé en trois mois de demi avec de la peinture rouge. Aujourd'hui, le marquage est en briques rouges.
Depuis sa création, la Freedom Trail a pris du gallon mais le parcours est toujours géré, entretenu et financé par la Freedom Trail Foundation, un organisme privé sans but lucratif.
On estime à quatre millions le nombre de visiteurs qui ‘font’ le parcours de la Freedom Trail, désormais célèbre dans le monde entier, chaque année.
Mieux, la Freedom Trail génère des retombées d’un milliard de dollars américains pour la ville de Boston. Viendra-t-on ici de partout pour nos essayer les chaises Adirondak bleues ?
Oyé, oyé tagueurs !
Pour ma part, j’ai bien hâte de voir combien de graffitis la promenade Fleuve-Montagne va générer.
Hier, des jeunes ont fait des milliers de dollars de dommage au gazebo Mordecai-Richler du Mont-Royal, en couvrant le plancher de graffitis et d’inscriptions débiles.
On se rappellera que cette autre folie signée Denis Coderre a coûté 700 000 $ aux Montréalais.
Une des tags dit Fuck it. Let’s get wasted, ce qui signifie ‘au diable, saoûlons-nous, gelons-nous’, etc.
Ils se sont trompés de slogan. Le bon serait ‘Fuck it, let’s waste (gaspillons !)
ICI: L'évaluation de Laurence Houde-Roy du 24h de la promenade Fleuve-Montagne
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