Le Devoir rapporte que le « Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a ouvert une centaine de nouveaux dossiers, dans les deux derniers mois, en lien plus ou moins direct avec la lutte au terrorisme. L’intensification de la lutte occuperait ainsi jusqu’à 300 de ses policiers. »

Le directeur Marc Parent est arrivé à la conclusion que 40% des personnes qui sont visées par ces investigations « présentent des problèmes de santé mentale » et qu’« on a utilisé Internet pour faire des menaces », dans le même pourcentage.

Cela jette un éclairage neuf sur la question de l’existence du risque de terrorisme ici et sur la question de la santé mentale comme ultime explication, selon plusieurs, des attentats à St-Jean et à Ottawa.

La santé mentale

Après les attentats de St-Jean et d’Ottawa, on se souvient, le débat portait sur deux causes possibles qui semblaient se contredire, soit la santé mentale, ou le terrorisme. Dans un souci de contrer une possible stigmatisation des musulmans étant donné que les attentats montraient des liens évidents avec l’Islam (dans leur cas, radical), on pointait la santé mentale comme l’ultime explication.

Si on tient pour acquis que le SPVM est sérieux, ce que certains conspirationnistes n’arriveront pas à admettre, le 40% avancé par Marc Parent coupe la poire en deux et élimine du coup les positions extrémistes dans le débat, ce que j’applaudis. Toute cette question est beaucoup trop complexe pour trouver une seule explication dans la problématique de la santé mentale. Surtout quand cela a pour seul but de rejeter du débat la problématique de l’Islam radical.

En tout cas, si le SPVM s’« amuse » à chasser des terroristes, il s’occupe aussi du risque de certaines personnes avec des problèmes de santé mentale. Y’aura au moins ça de gagné…

Existence du risque de terrorisme

Sinon, toujours dans l’optique que le SPVM est sérieux, cette nouvelle ajoute une couche de scepticisme à mon opinion sur le récent reportage de l’émission Enquête, qui arrivait à la conclusion qu’il n’y a pas de problème sérieux ici avec le terrorisme et l’Islam radical.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la vision journalistique de Johanne Faucher (qui a réalisé ledit reportage) est fortement confrontée à celle du SPVM, qui fait un travail de terrain. Et tandis que j’y suis, il faudrait aussi lui pointer l’article du journaliste Vincent Larouche de La Presse, qui écrivait ceci hier :

Pendant des années, le groupe islamiste Hamas a joui à Montréal d’une infrastructure très active de financement du terrorisme qui sollicitait les particuliers et les organisations islamiques sous couvert d’activités charitables, affirme la GRC dans des documents obtenus par La Presse.

Mais bon, peut-être que la GRC s’« amuse » tout autant que le SPVM, que le Hamas n’est qu’une gentille organisation qui ne se bat que pour les civils palestiniens (sans aucun lien avec l’Islam radical) et que les victimes du terrorisme l’ont bien cherché, tant qu’à y être… (S’il faut que je le spécifie, la phrase précédente est à prendre avec une puissante dose d’ironie.)

La peur du terrorisme

Mon but ici n’est pas de nourrir la peur du terrorisme ni de jouer le jeu des « catastrophistes ». Je constate que le problème est encore ici bien minime, comparé à ce qui peut se passer par exemple en Europe, mais qu’il ne faut pas non plus faire comme s’il n’existait pas. Se fermer les yeux n’a jamais réglé aucun problème.

Donc, je suis bien content par la présente de voir que les corps policiers travaillent là-dessus et que le facteur web est pris en compte. C’est beaucoup plus concret et ça donnera assurément plus de résultats qu’une mission internationale de frappes contre un ennemi immensément flou, l’État islamique, qui tire en plus profit d’avoir l’air d’un martyr.

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Êtes-vous surpris de savoir que le SPVM met autant de moyens et d’effectifs dans la lutte au terrorisme? Ça serait beaucoup plus payant de se contenter de donner plus de contraventions…