17 mai 1642 fondation de Montréal

par Paul Chomedey, Sieur de Maisonneuve et un petit groupe de Français enthousiastes

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Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir

Les Relations des jésuites décrivant la vie en Nouvelle France étaient lues avec une grande attention en France par des personnes haut placées, et particulièrement à la cour du roi mais elles intéressaient énormément de gens partout en France car tous ces récits de l’autre côté des mers les passionnaient et les émouvaient. Cela était le but de ces prêtres, après bien entendu, celui initial de mettre au courant de l’avancée de leur apostolat leurs supérieurs en France.
Grâce à ces Relations, qui ont été une source d’information importante, publiées en effet pendant plus de quarante ans à Paris, par le journal le Provincial et l’éditeur Sébastien Cramoizy, un petit groupe de gentilshommes, particulièrement touchés en lisant la vie difficile et courageuse que menaient sur place cette poignée de Français, ( à grand peine quatre cents en 1641) et voulant contribuer à aider la petite colonie, s’étaient réunis pour fonder la "Société de Notre Dame de Montréal pour la conversion des Sauvages*de la Nouvelle France" et avaient acquis l’île de Montréal, malgré le danger de la situation géographique de cette île.
En effet elle était située du côté de l’entrée du territoire des Cinq Cantons Odinossonis, appelés communément Iroquois par les Français, la rivière Richelieu était leur passage préféré, pour débouler sur la petite colonie française...
L’île de Montréal se trouvait au carrefour de deux routes fluviales, s’enfonçant profondément dans les territoires des riches fourrures, le fleuve Saint Laurent et la rivière des Outaouais, mais il y avait évidemment et principalement à cet endroit, la trop grande proximité avec les territoires des Odinossonis.
Pour le dessein qu’ils avaient projeté, ces personnes recherchaient celui qui pourrait partir en leur nom, afin de participer au développement de la Nouvelle France.
Ils ne désiraient pas diriger leurs activités vers le commerce des fourrures, leur seule ambition était de prendre soin des malades, de convertir et éduquer si cela était possible, les enfants des Français comme ceux des Amérindiens.
Paul de Chomedey, Sieur de Maisonneuve était né en Champagne dans le manoir familial, près du fief de Maisonneuve. Après une carrière militaire somme toute classique, cet homme très pieux, avait rencontré le père Lalemant à un de ses retours de la Nouvelle France. Il était déjà très sensibilisé par les récits que lui avait faits ce père jésuite. C’est ainsi qu’il accepta que lui soit confié le projet de la Société de Notre Dame, et le 9 mai 1641 deux vaisseaux contenant vingt-cinq personnes ainsi qu’une infirmière Jeanne Mance, avaient quitté le port de la Rochelle.
Après être restés quelques mois à Québec à leur arrivée sur le sol de la Nouvelle France, Paul Chomedey et son petit groupe implanteront le petit établissement sur l’île de Montréal, dès l’année suivante le 17 mai 1642. Il fut baptisé Ville Marie par ces personnes pieuses, le mettant de ce fait sous les bons auspices et la protection de la Vierge.
Les travaux avancèrent relativement rapidement en ces temps troublés, malgré la crainte des Odinossonis (Iroquois) qui étaient une réelle et tangible menace, presque journalière ! Paul de Chomedey était particulièrement enthousiasmé, par cette implantation sur l’île de Montréal, il avait prononcé cette phrase enflammée, qui a traversé les siècles : " Même si tous les arbres de l’Isle étaient des Iroquois embusqués, rien ne m’empêcherait de poursuivre ce projet ! "
Une grande palissade pour la sécurité de la petite population fut tout de suite élevée, en prévision d’une bonne protection contre ces terribles ennemis, puis un fort solidement planté pour une défense efficace, mais aussi un petit hôpital pour les malades aux mains de Jeanne Mance, une grande et unique maison, plus facile à défendre que plusieurs disséminées, pouvant loger soixante et dix personnes, vivant-là en totale communauté, mais aussi, bien évidemment, une petite chapelle appelée Notre Dame, afin de confier à Dieu le projet d’implantation de cette petite colonie montréalaise.
Pourtant tout se passa au mieux jusqu’à l’été 1643, les Odinossonis ne s’étant pas encore rendus compte de ce nouvel établissement sur l’Isle. Mais brusquement ils fondent sur eux, les attaquent, en tuent et en capturent dans de nombreuses agressions aussi soudaines que destructrices. Une vie difficile pour les habitants commence, et cela va durer un bon quart de siècle ainsi !
Pourtant les habitants ripostent avec courage et vigueur, ils sont loin de se laisser impressionner.
Ainsi ce jour assez mémorable du 30 mars 1644, où Paul de Chomedey de Maisonneuve en personne anticipe les intentions funestes et déplorables des Odinossonis, en sortant seul à leur avance. Il les charge violemment et il tue dans un rapide premier mouvement le chef Annierronnon, les autres sont tellement stupéfaits devant cette attaque inouïe et totalement inattendue, qu’ils rebroussent chemin et rejoignent leur pays, sans demander leur reste ce jour-là !
Un autre grave danger a failli anéantir également leur petit établissement, lorsque les eaux du fleuve Saint Laurent se gonflèrent et dépassèrent une telle hauteur que la menace d’une terrible inondation était au dernier point, affolant toute la petite communauté. Paul de Chomedey promit que si les eaux se retiraient, si l’Isle était épargnée il escaladerait et grimperait jusqu’en haut du Mont Royal, en portant une croix sur ses épaules, il la planterait lui-même, afin qu’elle protège pour toujours les habitants installés-là.
Et il tint parole.
Une croix est depuis ce jour toujours en haut du Mont Royal, dominant et protégeant la ville.

Ce sera un an après la ville de Québec que les armées anglaises envahiront Montréal, l’ancienne Ville Marie, et le 8 septembre 1760, la ville capitulera.
En 1847 Montréal est choisie comme siège du gouvernement du Haut et Bas Canada, pourtant elle ne le restera pas très longtemps à cause du drame du 25 avril 1849. Ce jour-là, à l’hôtel du Parlement, le gouverneur général du Canada entérine une loi du Premier ministre du Bas-Canada, Louis-Hippolyte La Fontaine.
Cette loi permettait enfin, d’indemniser les victimes de la répression des rébellions des patriotes ayant eu lieu douze ans plus tôt, dans les provinces francophones. Les commerçants anglophones de la ville ne l’acceptent pas, ils se soulèvent aussitôt. Ils brûlent la résidence du Premier ministre, l’hôtel du Parlement mais aussi l’importante bibliothèque.
C’est ainsi qu’en 1857, craignant que de tels troubles se répètent à Montréal, la reine Victoria va choisir Ottawa pour être la capitale du Canada-Uni.
Le drapeau de la ville de Montréal veut être le reflet de sa population cosmopolite, depuis le mois de mai 1939 les symboles héraldiques présentent sur " gueule à fond blanc de quatre quartiers" : la Fleur de Lys rappelant la maison royale française, la Rose la maison des Lancastre rappelant l’Angleterre, le Chardon pour la population d’origine écossaise et le Trèfle pour celle venant d’Irlande.
En 1833 à la place de la Fleur de Lys on pouvait trouver le castor des Canadiens français.
Aujourd’hui la population de la grande région de Montréal continue de croître et a dépassé le cap des quatre millions d’habitants à large majorité encore de langue maternelle française, c'est une ville vivante et active possédant de nombreux atouts avec quatre universités, un musée des Beaux-Arts, quant à l’Exposition Universelle de 1969 qui avait eu lieu sur l’île du Saint Laurent, c’est devenue aujourd’hui un grand parc d’attractions, et le site des jeux Olympiques de1976 a vu se développer un magnifique jardin botanique.
Toutes ces avancées technologiques, ce mondialisme de notre époque, ne laissent pas une grande place, pour nous laisser repartir dans les siècles passés, et plus particulièrement en ce 17 mai 2017 pour faire revivre un instant ce petit groupe de Français arrivés tout exprès de France pour créer Montréal, Paul Chomedey de Maisonneuve et les courageux pionniers Français qui l’entouraient.
* le mot "Sauvage" n’était pas un mot péjoratif, il venait du latin : Salvacus, voulant dire "homme vivant parmi les bois" plus tard il pourra signifier : " quelqu’un qui ne peut se civiliser" et peu à peu cela dérivera jusqu’au sens péjoratif que nous connaissons aujourd’hui.

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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