Haroun Bouazzi et Amir Khadir
16 novembre 2024
Si Bouazzi changeait de sexe, il se couperait la barbe, la bite et se voilerait. SLB
« Jeanne du Barry » ou le fond du baril
L’ennemi de l’intérieur aux États-Unis
Plus dangereux que les ennemis extérieurs (Chine, Russie et autres)
La Loi sur la laïcité de l’État
Si la Cour suprême renverse la décision de la Cour d’appel du Québec du 29 février
La Cour suprême des États-Unis retarde la tenue du procès
Une loi visant l’expulsion des migrants entrés illégalement
Quelle sera la prochaine étape ?
Le film en entier sur le téléphone ?
Il y a Pierre Poilievre et Boris Johnson
Le référendum sectoriel sur l’immigration
Blu-ray et DVD, exclusivement
Et les salles de cinéma ?
145 millions de Russes assiègent l'Estonie
350 millions d’anglophones assiègent le Québec
À la présidentielle du 5 novembre
Trump jouera la carte « anti-wokiste »
Profiter de la situation pour obtenir plus de pouvoir
16 novembre 2024
Si Bouazzi changeait de sexe, il se couperait la barbe, la bite et se voilerait. SLB
24 octobre 2024
L’auteur habite dans Lanaudière.
Les adversaires du Bloc québécois aiment le dépeindre comme un parti inutile parce que n’aspirant pas au pouvoir et ne pouvant pas, selon eux, provoquer de véritable changement dans la vie des Canadiens. Ils aiment aussi répéter qu’à l’origine, le Bloc a été fondé par Lucien Bouchard et cinq députés des Communes pour faciliter l’indépendance du Québec, et que, comme l’a déclaré à l’époque son fondateur, le succès du Bloc serait inversement proportionnel à sa durée de vie, mettant l’accent sur le côté volontairement éphémère de ce parti doté d’un dispositif d’autodestruction : la fin de nos liens avec le Parlement d’Ottawa.
Si l’on résumait la légitimité d’un parti à sa capacité de gouverner, il y a longtemps que le Nouveau Parti démocratique, Québec solidaire, les partis verts et les autres partis encore plus marginaux auraient cessé d’exister. Aucun de ces partis n’a eu dans son histoire une chance véritable d’atteindre le pouvoir.
Et si l’on s’en tient à l’autre facette du pouvoir politique qu’implique l’existence d’un parti, soit transformer l’environnement de façon significative et agir sur les politiques publiques de manière efficace, aucun autre parti aux Communes n’en propose davantage que ce que le Bloc préconise : créer un nouveau pays. Que dire de plus…
Il serait néanmoins injuste de réduire l’utilité du Bloc à son rôle de phare de l’indépendance à Ottawa puisqu’il tire parfaitement son épingle du jeu en Chambre.
Outre le projet de loi sur les pensions de vieillesse des 65 à 74 ans et celui sur la gestion de l’offre en agriculture, le Bloc a déposé, cette année seulement, un nouveau projet de loi sur l’aide médicale à mourir, en plus de contribuer à l’adoption d’une loi visant à protéger les fonctionnaires lanceurs d’alerte. En fait, ce sont des dizaines et des dizaines de projets de loi que le Bloc a permis de faire adopter depuis sa fondation, en 1991, pour améliorer la vie des citoyens du Québec et du Canada.
Mais la vraie tasse de thé du Bloc demeure la défense des intérêts du Québec, et il n’est pas inintéressant de faire ici un petit exercice de politique-fiction pour s’en convaincre. Imaginons qu’un Bloc québécois soit à l’oeuvre à Ottawa au début des années 1980, au moment où Pierre Elliott Trudeau s’apprête à rapatrier la Constitution canadienne contre la volonté du Québec et sans consulter la population. Plutôt que de s’appuyer sur ses 74 députés québécois (sur une possibilité de 75) pour s’inventer une fausse légitimité, Trudeau doit composer avec quelques dizaines de députés souverainistes farouchement opposés à son projet qui le talonnent en Chambre. Le « coup d’État légalisé » qu’il s’apprête à faire au détriment du Québec aura certainement du plomb dans l’aile…
C’est du moins ce que laisse croire la résistance exercée par le Bloc québécois, celle-là bien réelle, 20 ans plus tard lorsqu’il fit éclater l’un des pires scandales de corruption de l’histoire du pays, le scandale des commandites. La formation, alors menée par Gilles Duceppe, posa non moins de 400 questions en Chambre sur ce scandale et força ultimement la mise sur pied de la commission Gomery, dont les juteuses révélations causèrent la perte du gouvernement libéral. Inutile, le Bloc ?
Quant à la longévité du parti souverainiste, que n’avaient certes pas prévue (et désirée) ses fondateurs, elle l’oblige à adopter la proverbiale patience du jardinier et à « recommencer en se retroussant les manches », comme l’avait proclamé Jacques Parizeau le soir du 30 octobre 1995. Pourquoi l’idée d’indépendance devrait-elle être soluble dans le temps, alors que les projets de partis qui nous font tourner en rond depuis des décennies perdurent bien au-delà de la décence ?
En réalité, la seule échéance qui aura raison du Bloc et du projet souverainiste est d’ordre démographique — et met en péril non seulement leur existence, mais celle d’un Québec culturellement distinct du reste de l’Amérique du Nord. C’est pourquoi le rôle du parti souverainiste n’a jamais été aussi important que maintenant.
S’il advenait, comme le laissent entrevoir les derniers sondages, que le Bloc québécois forme après les prochaines élections l’opposition officielle aux Communes pour la deuxième fois de son histoire, il aurait comme jamais l’occasion de démontrer son utilité. En défendant les intérêts du Québec, mais surtout en mettant la table pour la prise du pouvoir par le Parti québécois en 2026 et la tenue d’un référendum. La pire erreur que le Bloc pourrait alors commettre serait de le faire à la manière des oppositions officielles traditionnelles, celles que j’appelle les « oppositions de Sa Majesté ». Autrement dit, de jouer le jeu parlementaire pour lui-même et de se faire avaler par la machine fédérale.
Le Bloc québécois ne doit jamais perdre de vue sa raison d’être. Autrement, il disparaîtra de la pire manière : en devenant insignifiant.
21 octobre 2024
M. Alain Zouvi,
J'ai voulu laisser ma réplique (lisible plus haut) sur votre blogue : https://alainzouvi.ca/2024/10/18/ca-suffit-m-leblanc/, mais vous l'avez effacée. Je constate que la liberté d'expression vous tient à cœur.
Portez-vous bien.
Sylvio Le Blanc
9 octobre 2024
Il faut regarder dans le dico M. Danton.
8 octobre 2024
Vigile.Quebec ne devrait pas publier de telles opinions réactionnaires.
4 octobre 2024
Mme Mourani aurait intérêt à lire cette libre opinion parue dans « Le Devoir » du 4 octobre 2024 :
L’auteur est conférencier, chroniqueur et conseiller en diplomatie publique. Issu d’une famille chrétienne libanaise, il s’est installé en Israël en 2001.
En tant que Libanais, je considère la mort du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, comme un des jours les plus heureux de l’histoire de mon pays. En tant qu’habitant du Moyen-Orient et être humain qui a la paix à coeur, j’y vois un jour transformateur.
Depuis un moment, j’observe que plusieurs voix au Québec cherchent à blâmer Israël pour l’assassinat de Nasrallah et la décapitation de l’équipe dirigeante du Hezbollah. J’aime le Québec pour l’avoir visité et y avoir donné des conférences à de multiples reprises. Je souhaite néanmoins remettre les pendules à l’heure : Nasrallah et son organisation terrorisent le peuple libanais depuis les années 1980. Ils ont été les responsables de l’effondrement continu de mon pays ainsi que de l’oppression de mon peuple.
Ma famille en a fait les frais. Chrétienne du Sud-Liban, ma famille s’est positionnée contre l’emprise du Hezbollah en travaillant avec Israël pour obtenir la paix entre les deux pays, comme cela a failli se produire le 17 mai 1983, avant que l’accord ne soit annulé par le gouvernement libanais en mars 1984.
C’est Nasrallah lui-même qui, sur le podium, quelques jours avant le retrait de l’armée israélienne du sud du Liban, en mai 2000, a déclaré que quiconque coopérait avec Israël serait persécuté. Trois options se présentaient à nous.
La première était de « nous rendre aux autorités libanaises » pour ensuite connaître un sort funeste entre les mains du Hezbollah. La seconde était de fuir vers Israël. La troisième était, pour reprendre les mots de Nasrallah, de finir « assassinés en serrant [notre] mère dans [nos] bras ». Nous avons choisi la seconde.
La vie au Sud-Liban et au Liban dans son ensemble a changé en un clin d’oeil. Les membres du Hezbollah ont opprimé l’opposition et imposé un mode de vie. Et ils ne se sont pas limités au sud du pays.
Nasrallah est également responsable du massacre d’enfants, de femmes et d’hommes ailleurs au Moyen-Orient. Il faut rappeler qu’en plus d’être l’instrument du régime des mollahs iraniens, le Hezbollah est un allié clé du régime de Bachar al-Assad, en Syrie, depuis le début de la guerre civile en 2011. Le groupe soutenu par l’Iran a aidé les forces d’al-Assad à reprendre le contrôle de plusieurs provinces syriennes cruciales, dont Alep, et a aidé ce dernier à maintenir son emprise sur le pouvoir malgré l’opposition interne.
Nasrallah, c’est aussi la tragédie de Madaya. Beaucoup trop de Syriens se souviennent des crimes de son organisation. Par respect pour toutes ces victimes, évitons de le présenter sous une lumière faussement neutre pour maquiller sa barbarie.
Le Hezbollah a dégradé la situation au Liban jusqu’à la rendre encore pire que celle qui prévalait pendant la guerre civile des années 1970. La mort de Nasrallah est une libération pour tous les Libanais qui veulent voir leur patrie prospérer, libérée du contrôle de son organisation et de ses maîtres à Téhéran.
Je comprends qu’il soit normal de vouloir que les attaques israéliennes cessent. Mais comment ne pas souhaiter, en tant que Libanais, que son assassinat permette un réel changement dans l’équilibre des pouvoirs au pays ?
La situation au Liban après l’élimination de Nasrallah pourrait radicalement changer. On craint un soulèvement des partisans du Hezbollah contre les secteurs qui se sont publiquement opposés à leur organisation ces dernières années. L’armée libanaise n’est toujours pas en mesure d’exercer un contrôle total du pays et ses capacités militaires sont inférieures à celles du Hezbollah, même aujourd’hui alors qu’il contrôle la région du sud du Liban, la plaine de la Bekaa et certaines zones de Beyrouth.
Alors qu’Israël vient d’entamer une opération limitée dans le sud du pays, le vide laissé par Nasrallah sera bientôt comblé. Mais par qui ?
Il est certain qu’il ne doit pas l’être par les successeurs de Nasrallah ou d’autres groupes qui auraient intérêt à entretenir une flambée bientôt incontrôlable. Ce vide, il doit être comblé par ceux qui ont à coeur le Liban et la force de sa nation.
Le pays du cèdre mérite au minimum cela.
22 septembre 2024
Les hommes lisent-ils davantage que les femmes ?
Les photos d’hommes sont très nombreuses dans la section du D Magazine du Devoir des samedi 21 et dimanche 22 septembre 2024 dédiée à la rentrée littéraire d’automne :
Homme (pp. 2-3) : https://www.ledevoir.com/lire/820234/dix-romans-theme-parcours-initiatique-surveiller-cet-automne
Homme (pp. 4-5) : https://www.ledevoir.com/lire/820233/fiction-quebecoise-dix-temps-forts
Femme (pp. 6-7) : https://www.ledevoir.com/lire/820237/dix-fictions-francaises-devorer
Homme (p. 8) : https://www.ledevoir.com/lire/820239/tour-monde-litteraire-dix-titres
Homme (p. 10) : https://www.ledevoir.com/lire/820242/poesie-ici-quelques-recueils
Homme (p. 11) : https://www.ledevoir.com/lire/820243/cinq-polars-mediter
Homme (pp. 12-13) : https://www.ledevoir.com/lire/820246/cinq-essais-etrangers-alimenter-reflexions
Homme (p. 14) : https://www.ledevoir.com/lire/820245/dix-essais-ici-refaire-monde
Enfants des deux sexes (p. 16) : https://www.ledevoir.com/lire/820247/rentree-litteraire-cinq-livres-lire-aube-age-adulte
Femme dans le journal papier (p. 17) et adolescente dans la version numérique : https://www.ledevoir.com/lire/820248/cinq-bandes-dessinees-egayer-automne
Comme si les hommes étaient plus nombreux que les femmes à lire. Un meilleur équilibre aurait été bienvenu. Si les photographes du Devoir manquent d’amies femmes, il reste toujours iStockphoto (les deux dernières photos en sortent).
Sylvio Le Blanc
15 septembre 2024
Cet extrait d'une critique du film écrite par le journaliste du Devoir Olivier Du Ruisseau en dit long sur son auteur : « Saluons également la décision de la réalisatrice d’éviter d’alourdir le récit avec une romance trop appuyée entre le chef et la douanière. Ce sont les femmes (fortes) du film qui retiennent l’attention. Et l’avant-dernière scène, où le personnage d’Édouard Baer (accusé en mai de harcèlement et d’agression sexuelle par six femmes) doit leur demander pardon pour une raison qu’on évitera de divulgâcher, revêt aujourd’hui une douce ironie que l’on se plaît à savourer. »
https://www.ledevoir.com/culture/cinema/819759/tous-toques-savoureuse-comedie
« Douze ans après LIVERPOOL, fable sociale ambitieuse, Manon Briand revient avec TOUS TOQUÉS, un film familial beaucoup plus accessible. Peut-être aussi moins personnel. Car on ne reconnaît pas vraiment l'ambition formelle de la réalisatrice de LA TURBULENCE DES FLUIDES dans la mise en scène compétente mais sage de ce récit de rédemption gentil et consensuel. Celui-ci célèbre avec insistance la richesse du terroir québécois et le sens de la solidarité des ruraux, tandis que ses thèmes plus graves, tels que l'intimidation scolaire et la peur du rejet, sont effleurés et servent uniquement de leviers narratifs commodes. Du reste, le conflit père-fille générique vécu par le chef (Édouard Baer, très investi) alourdit le film et provoque au dernier droit un suspense plutôt fabriqué. Le jeu de Julie Le Breton, dans le rôle de la douanière, manque pour sa part de tonus, tandis qu'au second plan, des acteurs de qualité font de la quasi-figuration. » Louis-Paul Rioux
https://mediafilm.ca/films/2024/le-chef-et-la-douaniere
15 septembre 2024
L'excellent Henri Marineau écrit : " Et de surcroît, nonobstant que son propre colistier J.D. Vance a dû admettre que la rumeur était fausse, sur le plateau du débat, Trump a persisté et signé. "
N'y a-t-il pas erreur ? J'ai lu tout récemment que J.D. Vance en remettait sur le sujet : " Le colistier de Donald Trump, J.D. Vance, a continué d’alimenter dimanche des rumeurs racistes contre les immigrés haïtiens vivant dans l’Ohio, État dont il est sénateur, malgré les fermes dénégations du gouverneur lui aussi républicain. La ville de Springfield est depuis des jours au coeur de l’actualité de la campagne présidentielle entre le républicain Donald Trump et la démocrate Kamala Harris, avec ces rumeurs infondées selon lesquelles les immigrés haïtiens de la ville y mangeraient les chats, les chiens et autres animaux de compagnie. Interrogé sur CBS au sujet de ces rumeurs nées sur les réseaux sociaux, M. Vance y a donné encore du crédit : « J’ai entendu une dizaine de choses de mes administrés à Springfield, dans l’Ohio, dont dix peuvent être vérifiées et confirmées. Pour une partie d’entre elles, ce sont des témoignages directs de première main, comme par exemple des migrants s’emparant d’oies dans un parc pour les massacrer et les manger », a ajouté le candidat à la vice-présidence des États-Unis.
https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/819897/j-vance-persiste-rhetorique-antimigrants-malgre-tensions
1 septembre 2024
Deux lettre publiées dans Le Devoir en 2003 et en 2012 :
1. Le Devoir, lundi 30 juin 2003, p. A6
Et l'homosexualité de Pierre Bourgault?
Dans Le Devoir des samedi 21 et dimanche 22 juin 2003, j'ai été surpris de constater que personne n'avait abordé le sujet de l'homosexualité de Pierre Bourgault dans les treize lettres et les neuf articles portant sur lui. Même pas Bazzo. Curieux. On ne me fera pas accroire que l'orientation sexuelle de Bourgault a passé comme lettre à la poste dans sa vie, lui, l'homme moderne, le libertaire, l'humaniste, le social-démocrate, qui a grandi dans une famille et un Québec religieux et conservateurs. Je connais des homosexuels beaucoup plus jeunes que Bourgault, ayant grandi dans un Québec beaucoup plus conciliant, et pour qui néanmoins l'orientation sexuelle aura constitué un grand combat, souvent dramatique, voire tragique. Bourgault n'ayant pas vécu aux Pays-Bas, il me semble qu'on aurait pu en parler.
Sylvio Le Blanc
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/30863/lettres-et-l-homosexualite-de-pierre-bourgault
2. Le Devoir, Lettres, lundi 31 décembre 2012, p. A6
Un Vatican III n'est pas pour demain
Vatican II fête ses cinquante ans. Plusieurs se demandent avec raison comment l'Église catholique peut encore aujourd'hui refuser le mariage des prêtres, l'ordination des femmes, la contraception et les homosexuels. C'est parce que la majorité des pratiquants catholiques de par le monde le veulent ainsi. Le Vatican sait aussi que la progression de son empire en Occident est plafonnée, mais pas dans les pays plus pauvres ou « vierges », où ses idées rétrogrades sont bien reçues. Cette Église est hypocrite. Des siècles durant, des homosexuels s'y sont réfugiés pour ne pas se marier. Quand on pense à tous ces cas de pédophilie révélés depuis quelques années dans le monde, le cœur nous lève. Ça devait être la même chose avant, mais l'absence de démocratie et l'aura de l'Église auront suffi à tout étouffer. Non, décidément, Vatican III n'est pas pour demain, et l'obscurantisme a un avenir radieux devant lui.
Sylvio Le Blanc
https://www.ledevoir.com/opinion/lettres/367403/un-vatican-iii-n-est-pas-pour-demain
1 septembre 2024
Lettre envoyé au Devoir le 24 juillet 2016, mais non publiée :
« Shakespeare dénaturé
Je n’irai pas voir la dernière mise en scène de Serge Denoncourt au Théâtre du Nouveau Monde, Roméo et Juliette, d’après William Shakespeare. Pourquoi ? Parce qu’elle a peu à voir avec l’œuvre du grand barde anglais.
Pour cette adaptation, Denoncourt, conquis par la pièce à l’âge de 12 ans [1], s’est inspiré notamment de Pier Paolo Pasolini, Luchino Visconti et Franco Zeffirelli, des homosexuels notoires. Pourquoi un tel intérêt de leur part pour cette pièce ? Pour la richesse du texte, certes, mais aussi parce que le grand amour entre les deux hétérosexuels que sont Roméo et Juliette est détruit.
M. Denoncourt a déclaré dans une interview : « Dans la pièce, il y a deux histoires d’amour: celle de Mercutio et Roméo; et celle de Roméo et Juliette. Mercutio est un homosexuel vieillissant qui se tient avec des petits gars, qui boit, qui est amoureux de la beauté de Roméo. À l’adolescence, les garçons italiens couchent ensemble même s’ils ne sont pas gais. Dans ma mise en scène, on comprend que Mercutio joue à touche-pipi avec les garçons et qu’eux, ça ne les dérange pas. (…) » Claude Jutra aurait sûrement apprécié, mais, dans l’œuvre originale de Shakespeare, personne ne joue à touche-pipi. Mercutio n’a rien d’un homosexuel vieillissant : il est jeune et un ami de Roméo. Et il n’y a pas deux histoires d’amour, mais une seule : celle que l’on sait. [2]
M. Denoncourt a aussi déclaré : « Le texte de Normand Chaurette me laisse beaucoup de place; je peux alors décider du sens que je veux donner aux mots. (…) » [3] Ma foi, quelle présomption ! Si les mots de Shakespeare perdent leur sens originel une fois traduits, peut-on encore parler d’une œuvre shakespearienne ? Une œuvre « denoncourtienne », plutôt.
De nos adaptateurs et metteurs en scène ont de tels ego et de tels besoins qu’ils dénaturent les textes classiques. Pouvons-nous permettre aux Québécois de découvrir les grands auteurs quand ils sont au programme ? »
Sylvio Le Blanc
1 septembre 2024
Lettre envoyée au Devoir le 12 juillet 2020, mais non publiée :
« J’en disconviens, madame Wysocka
Natalia Wysocka écrit notamment dans son article [publié dans Le Devoir] Les nécessaires nuances de cancellation : « Il y a une mer de nuances de gris entre les appels à “cancel R. Kelly” après que des dizaines de femmes ont dénoncé les abus et les violences de l’ex-roi du R & B et les publications vilipendant l’actrice Scarlett Johansson pour avoir déclaré, bêtement convenons-en, qu’elle devrait “avoir le droit de jouer n’importe quelle personne, animal ou arbre” en réponse aux critiques l’accusant de personnifier un homme trans ou une femme asiatique. » [1]
Son « bêtement convenons-en » est de trop. Il n’y a rien de bête dans les propos de l’excellente Scarlett Johansson.
Philippe Noiret, un hétérosexuel, a joué un homosexuel dans Les lunettes d’or [2]. Idem pour Michel Serrault dans La cage aux folles, qui lui a valu le César du meilleur acteur [3]. Rupert Everett, un acteur qui affiche publiquement son homosexualité [4], a joué un séducteur de femmes dans Un mari idéal [5]. Il a aussi joué une transgenre dans deux films d’Oliver Parker [6]. Dans Ceux qui m’aiment prendront le train, réalisé par Patrice Chéreau, un homo [7], Vincent Perez, un hétéro [8], joue une transgenre en cours de transition [9]. Melvil Poupaud, un hétéro [10], joue aussi une transgenre dans Laurence Anyways, réalisé par Xavier Dolan, un homo, ce qui a valu à Poupaud le Prix Écrans canadiens du meilleur acteur [11]. Dans Les aventures de Priscilla, folle du désert [12], un film devenu culte auprès de la communauté gay, trois acteurs hétérosexuels (Guy Pearce [13], Terence Stamp [14] et Hugo Weaving [15]) interprètent des drag-queens.
Les Chinoises Gong Li et Zhang Ziyi, ainsi que la Malaisienne Michelle Yeoh, ont joué des Japonaises dans Geisha [16]. Dustin Hoffman a joué un autiste dans Rain Man [17], ce qui lui a valu l’Oscar du meilleur acteur. Orson Welles a joué un Noir dans son film Othello [18]. Taika Waititi, à moitié juif par sa mère, a joué Adolf Hitler dans son film Jojo Rabbit [19]. Des hommes ont joué des singes dans le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001, l’Odyssée de l’espace [20]. Charlie Chaplin a personnifié un arbre dans Charlot soldat [21] et une fleur dans Les feux de la rampe [22].
Croyez-moi Mme Wysocka, Mme Johansson a raison, les bons acteurs et les bonnes actrices peuvent tout jouer. Ne mettons pas des barrières là où ce n’est pas nécessaire.
Sylvio Le Blanc