Les Belges se sont entendus pour signer le traité de libre échange Canada-Union européenne sans en changer un iota mais en y introduisant un préambule déclaratoire qui forcerait les États à respecter certaines conditions dans sa mise en œuvre. À défaut, ceux-ci pourraient ne pas le ratifier ultimement.
Essentiellement, le parlement Wallon s’opposait à la signature parce qu’il n’avait pas les garanties de protection suffisantes en regard des normes sociales, des normes environnementales, de ses services publics et de son agriculture. En sus, il s’oppose à un processus d’arbitrage des différends qui serait d’ordre privé, souhaitant plutôt s’en tenir aux tribunaux civils des nations signataires.
Les Wallons, avec leur président Paul Magnette en tête, ont subi d’effroyables pressions tout au cours de la semaine pour procéder à la signature. La ministre du Commerce international canadienne Chrystia Freeland avait quasi claqué la porte des discussions en partant et en proclamant que le Canada avait tout fait et qu’il restait aux Européens et plus particulièrement aux Belges à s’entendre entre eux. Notre ministre des Affaires extérieurs Stéphane Dion en remettait en disant déplorer les réticences wallonnes à l’égard d’un pays progressiste comme le Canada avec lequel il peut être agréable de commercer. Pourtant, c’est la position soutenue par le président Paul Magnette qui était à l’évidence la plus progressiste.
La Wallonie refusait de céder sa souveraineté aux multinationales et de voir charcuter son modèle social et économique aux seules fins de profitabilité de ces dernières. Nous aurions pu nous attendre à ce que ce soit le souci de notre propre pays ou de plusieurs autres au sein de la communauté européenne, malheureusement ce ne fut pas le cas. Nos médias instillent que nous sommes plutôt favorables à ces traités, mais en réalité, nous faisons preuve d’une grande indifférence car il se négocie secrètement avec des textes de plus en plus complexes et en tenant la population dans l’ignorance. D’ailleurs, il n’existe pas de véritables bilans des avantages ou inconvénients subis avec les traités de libre-échange convenus par le Canada avec d’autres nations.
Il reste à espérer que l’action du parlement de Wallonie se matérialisera vraiment dans les textes finaux et les mécanismes de mise en œuvre et que le préambule déclaratoire ne se dissipera pas au gré du temps. Si les compromis relevaient d’une stratégie pour gagner du temps et faire éventuellement avaler la pilule aux Walllons en les compromettant maintenant, il y a des risques énormes que les unions économiques en soient fortement secouées.
Cette brèche dans l’oligarchie financière qui domine le monde, constitue une véritable bouffée d’air frais et redonne tout son sens à l’État. Les Wallons ont rendu un fier service à l’Europe et à la communauté internationale en faisant primer l’intérêt commun sur les intérêts privés. J’ose croire que messieurs Dion et Trudeau sont en phase de découvrir le véritable sens du progressisme politique.
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