Louise Harel sera candidate à la mairie de Montréal. L'ancienne ministre péquiste responsable de la naissance sous forceps de la nouvelle Montréal issue de la fusion avec ses banlieues sera-t-elle le maire qu'il faut à cette ville? La réponse est à venir. D'emblée, son entrée dans la course annonce une campagne électorale animée au terme de laquelle les Montréalais pourront exercer un véritable choix.
Cette candidature de Louise Harel n'est pas aussi spontanée que les apparences peuvent le laisser croire. Elle se préparait depuis déjà quelque temps sous les appels de nombreux Montréalais désespérés du vide politique existant dans la métropole. Un vide que ne semblait pas pouvoir combler l'opposition actuelle, faute d'un leadership fort.
De la même manière, le retrait de la candidature de Benoît Labonté pour faire place à celle de madame Harel sous la bannière de Vision Montréal était aussi un sujet de discussion. Au sein même de son parti, celui-ci était l'objet de critiques et de pressions. En lui cédant sa place, il fait preuve à la fois de réalisme et d'une abnégation qui le grandissent. Il sera plus à sa place comme numéro deux, et il pourra prétendre au rôle de président du comité exécutif au lendemain d'une victoire.
Ce ralliement de Vision Montréal est-il l'annonce d'un mouvement plus large? Il le faudra, car pour l'emporter le tandem Harel-Labonté devra coaliser toutes les forces d'opposition qui attendront de la nouvelle candidate à la mairie un discours plus rassembleur que celui qu'elle a tenu ces dernières semaines en réfléchissant à voix haute. Les problèmes de Montréal ne se résument pas à une question de structure. S'il est vrai que le partage actuel des pouvoirs entre la ville centre et les arrondissements est cause de léthargie et parfois de paralysie, Montréal est minée d'abord par l'absence d'une vision commune de ses citoyens de leur ville. Il lui faudra en proposer une et y rallier aussi bien l'ouest que l'est de la ville. Si comme ministre des Affaires municipales elle pouvait imposer d'autorité sa vision du développement de Montréal, il lui faudra dans son nouveau rôle obtenir l'adhésion de ses concitoyens, ce qui est une tout autre affaire.
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Pour le maire, Gérald Tremblay, le pacte conclu hier entre Louise Harel et Benoît Labonté pourra s'avérer salutaire pour peu qu'il réalise que la donne vient de changer. Les enquêtes en cours sur plusieurs affaires qui ont marqué son administration ces derniers mois ont altéré la confiance des Montréalais. Son honnêteté personnelle n'est pas mise en doute, loin de là, mais son incapacité à réagir fermement, par exemple, devant le comportement de son ancien président du comité exécutif, Frank Zampino, dans le dossier des compteurs d'eau a créé un doute quant à sa capacité à exercer avec autorité ses responsabilités.
Pour l'instant, Gérald Tremblay prépare l'élection comme si la victoire était acquise. Aucun changement majeur à son équipe n'est prévu. Pour un Michel Labrecque qu'il promeut candidat à la mairie du Plateau-Mont-Royal, il laisse un Marcel Parent postuler un troisième mandat à la mairie de Montréal-Nord. Ce n'est pas que celui-ci soit incompétent, mais après l'affaire Villanueva, cet arrondissement a besoin d'avoir un nouveau chef capable de réparer une fracture sociale qui demeure toujours aussi vive. On est loin du solide coup de barre qu'attendent les Montréalais de leur maire.
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