Une Jeanne d'Arc désarticulée

Lettre ouverte à « France Culture » (à la France tout entière, à vrai dire...)

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Tribune libre

Bonjour la France...


Objet - Commentaires personnels d’une auditrice à propos de : Jeanne d’Arc retrouvée (récente série de 5 émissions autour de la nommée Pucelle, dans le cadre des « Grandes Traversées » à l’antenne de France Culture).


Projet plutôt bric-à-brac. Et notamment des invité(e)s de qualité très inégale.


Illustrations -. Ce jeune homme (qui fait dans la bande dessinée) qui mesure le monde avec conviction à l’aune de son ignorance et de son vocabulaire d’adolescent, et pour qui Jeanne est - ouvrez bien vos oreilles - une «nana fanatique». Quel extraordinaire N’importe quoi !! Ainsi que ces deux demoiselles qui fantasment avec les odeurs... Persuadées de l'authenticité de leurs certitudes personnelles à six cents ans d'écart ! Ou encore, en particulier, certain(e)s participant(e)s du 5e «épisode». 


Bref. Ça tourne trop souvent, précisément, au n'importe quoi. 


Et ce, en dépit de certain(e)s collaborateurs qui apportent une lumière autrement plus solide au sujet. 


Ça ne fait pas très sérieux un documentaire aussi ébouriffé. Pour ne pas dire franchement confus. 


Aussi me vois-je très étonnée que France Culture puisse s’autoriser de la sorte à diffuser des créations à ce point bancales. Et si mal ficelées. 


En dépit, il est vrai, des «bonnes intentions» du producteur de cette Jeanne d’Arc retrouvée


Dommage. Vraiment dommage. Je m’attendais à mieux - beaucoup mieux - de ces neuf heures de réalisation. En conséquence, France Culture m'aura littéralement fait perdre mon temps. Pour une large part. 


On ne saurait réclamer une oreille fidèle et patiente avec des documents d’une qualité aussi discutable. C’est à la limite injurieux. Et profondément irrespectueux de l’auditoire. 


Compétence et professionnalisme, absolument et en tout temps, il me semble que c’est le moins que l’on puisse attendre d’une Institution comme France Culture.






Autre chose, pendant que j’y suis.  


Et dimension certainement pas moins lourde d’effets dévastateurs. Et tous azimuts.  


À savoir -. L’«anglaisement» en profondeur - ou «Englissement», dira un auteur d’ici - de France Culture (à l’image de la France, de manière générale) rend cette antenne, autrefois magnifique et de haut niveau, de moins en moins supportable. Par exemple, la majorité absolue des indices musicaux de la totalité des émissions promeut des créations états-uniennes. Comme si l’univers musical français (populaire de qualité ou classique) ne constituait pas, à lui seul, un univers à nul autre pareil. À l’échelle mondiale. Même dans cette Jeanne d’Arc dont je vous entretiens ici - ô symbole - une part très massive des pièces musicales retenues sont anglaises… On croit rêver. 


Et puis ce vocabulaire envahissant, et combien pénible : Podcast, Playlist, Mail, Fail… Ça n’en finit pas. Jamais. Et ne parlons pas du nombre croissant de participants qui, à l’évidence, ont l’impression de tenir un propos plus intelligent en mettant le plus souvent possible la langue de Victor Hugo et de Pasteur dans le broyeur de... l’intelligence. 


Bref. Même France Culture semble dirigée désormais par des adolescent(e)s qui ne connaissent rien d’autre que la Pop Culture américaine. J’appuie le trait, certes. Mais à peine… 


Et comme s’il n'était pas suffisant de se voir témoins d’une France «fière» de mépriser sa propre langue et sa propre culture, c’est France Culture «en personne» qui maintenant semble avoir honte de l’une des langues les plus riches, les plus raffinées et les plus concises de la Planète. 


Il n’est plus possible - mais vraiment plus - d’aimer cette France qui se déteste !


Comme si elle était, et rien moins, iconsolablement nostalgique de quelque Occupation… 


Ce serait uniquement comique si ce n’était pas si tragiquement ridicule. 


Or, tant qu’à fréquenter des pays anglophones - du Royaume-Uni à l’Australie, par les États-Unis, le Nigeria, la Nouvelle-Zélande et autres… Canada (pour qui le Québec français est une épine au pied qu’il rêve de voir disparaître) -, aussi bien se diriger vers les «authentiques» plutôt que leurs copies franchement burlesques. 


Mettre les pieds en France, désormais, me met hors de moi. Systématiquement. Tout le plaisir procuré naguère par ce pays à la langue et à la culture puissantes et profondes, et où j’ai vécu l’équivalent de cinq années au fil des décennies, a totalement disparu. 


Car dès le pied au sol, nous sommes dans un pays anglophone. Partout, tout le temps, dans la rue, à la radio, à la télé, dans les magazines, dans la littérature. Partout. Tout le temps. Vraiment. Et ce même jusqu’au fin-fond, à l’instar du territoire tout entier de la nation, d’une petite cité du Sud comme Carcassonne. Alors que dans les rues les commerces s’affichent essentiellement dans la langue de Donald Trump - raisons sociales au premier chef ! À l'image du pays tout entier


En France, c’est anglo partout. À tous les niveaux. Constamment. Et sans jamais désarmer !


La France ? Ou les United Departments of Frenchies People !


S’il avait su combien ses efforts - surhumains - ne produiraient rien d’autre, au final, que ce pays empressé à s’auto-inféoder à grande vitesse à la langue et la culture de Walt Disney et de Facebook, le grand Charles se serait certainement contenté d’aller rejoindre le Maréchal en juin ’40. Optant pour le 14 plutôt que le 18. Au moins pour la forme. De résistance… 


La France méritait mieux, infiniment mieux, que le Frenchie défraîchi de notre temps. 


À commencer par ses élites. Qui n’en sont plus. Mais plus du tout. 


J’ai l’impression que la France est morte en Novembre 1970.


Le quantième du 9, très précisément. 


Car, c’est on ne peut plus clair, La France n’en a plus rien à cirer. De la France. 


Avec tout l’impact désastreux, absolument désastreux, partout sur la Planète de la Francité. De la Belgique à la Tunisie, de la Suisse au Gabon, de Haïti… au Québec.


Comme si la France n’était plus traversée - ô Grande Traversée - que par un rêve unique : celui de devenir une Louisiane à l’échelle internationale. Celui, en fait, de devenir l’insignifiance même. Pourvu que ce soit in english


Cette France qui - absolu contraire à La Liberté guidant le Peuple - attend fébrilement sa Katrina pour en finir. Une bonne fois pour toutes.


La tragédie, l’invraisemblable tragédie, l’impensable tragédie, c’est que l’«ennemi» en l'occasion n’est pas ailleurs. Il n'est pas embusqué aux États-Unis, en Grande-Bretagne, et moins encore en Allemagne, en Russie ou en Chine. 


L’ennemi loge au coeur même de la France. Partout. Absolument partout. Dans toutes les strates de son existence nationale.


L’ennemi ? La perte - parfaitement insouciante - de toute Dignité. 


Cette perte qui semble être devenue sa plus grande fierté… 



Marie-Louise Morgane,


une amoureuse québécoise éconduite avec la plus grande violence par la mère-matrie de ses ancêtres


12 août 2018



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